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04 août 2010

Commentaires

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Que le nucléaire soit une poule aux oeufs d'or par l'économie de devises et de CO2 pour la France, c'est un fait. Mais EdF ? Il faut se souvenir que de 1973 à 1985 env, l'État a forcé les consommateurs à financer les centrales nucléaires d'EdF: il était alors interdit de s'équiper en chauffage autrement qu'électrique. H. Nifenecker, F. Poizat, J. Treiner l'oublient opportunément dans cet artice et celui du Monde (21/8/10).

De ce fait, EdF a en France un quasi monopole dans l'électricité nucléaire. Mais elle a un énorme besoin de capitaux pour le renouvellement des centrales et ce ne pourra être que par ses propres capacités de financement. Ce qui justifie sa demande pressante d'augmentation des tarifs, puisqu'il n'est heureusement plus question de forcer le consommateur.
L'encadrement des prix maintient en France la compétitivité de l'électricité dans le chauffage domestique et ceci subsistera à court/moyen terme. mais cet encadrement ne peut être allegé significativement pour des raisons électorales, tandis qu'il s'oppose aux besoins légitimes d'EdF.

Les oeufs d'or sont donc en fait les centrales amorties qu'il faudra un jour ou l'autre remplacer. La poule n'était pas EdF, mais le consommateur forcé. Ces temps sont révolus.

Dés lors, pourquoi faudrait il qu'EdF soit le seul opérateur français dans le nucléaire ? Dans d'autres pays (USA, Japon, Suède, etc.), diverses sociétés sont à l'oeuvre sans que cela pose problème. Alors qu'EdF est empêtré dans un contexte social extrêmement rigide (pour rester mesuré) qui l'a contraint cette année à importer de l'électricité ?

La croissance du nucléaire est d'abord limitée par le coût des investissements. Laisser cela aux mains d'une seule société serait une faute lourde pour l'avenir.

Avez vous le référence d'une loi ou d'un décret interdisant de se chauffer autrement qu'électrique entre 1973 et 1985?

Pas besoin de décret. En 1974, le gouvernement Messmer décide le passage massif au nucléaire pour la production d'électricité, grâce à EdF, monopole d'État pour sa production. De 77 à 85, la part d'électricité (nucléaire + combustibles fossiles) dans le mix énergétique passe de 25 à 38% environ et la part du nucléaire dans cette électricité de 10% à 68% env.
Selon F. Guillaumat-Tailliet (revue de l'OFCE), "une simple logique de marché n'aurait certainement pas conduit à un développement aussi précoce, rapide et unilatéral des applications nucléaires...les risques technologiques, économiques et sociaux ont été assumés par l'État".

Il fallait bien que le consommateur achète plus d'électricité. A cette époque, il était devenu (par quel mécanisme ?) très difficile sinon impossible de construire sans chauffage électrique, sauf pour des maisons individuelles. Avec l'interdiction de publicité sur l'énergie, les concurrents d'EdF ne pouvaient se défendre. Le moindre investissement de départ était loin de compenser le surcout en électricité puisque de 74 à 06, le prix TTC du chauffage électrique restait toujours plus de deux fois plus élevé que celui du fioul ou du gaz (PCI).

C'est donc bien le consommateur qui a été en même temps la poule aux oeufs d'or, quoique vache à lait serait plus approprié.

Nous en bénéficions depuis que le parc nucléaire est amorti et c’est devenu un avantage majeur pour la lutte contre les GES.

Mais maintenant que l'on prend conscience de l'énorme effort d'investissement nécessaire pour le renouveler (sans compter les développements de génération 4 et la suite), il serait catastrophique de miser sur une seule société. Les acteurs doivent être diversifiés, sauf à risquer une crise majeure dans ce domaine. On en a d'ailleurs un petit avant goût dans le domaine technologique avec les déboires de l'EPR, auquel je souhaite un démarrage rapide.

Je constate que l'obligation est devenue un choix encouragé par la puissance publique. On progresse...
A l'époque encourager l'utilisation du chauffage électrique avait une double justification: 1) réduire la dépendance aux combustibles fossiles après le choc pétrolier, 2) essayer de régulariser la consommation en développant la con sommation pendant les heures creuses de nuit.
De là des tarifs différents (jour-nuit, EJP, tempo). Il faut aussi ajouter que l'investissement nécessaire pour un chauffage électrique est beaucoup plus faible que pour une chauffage au gaz ou au fioul.
Plus important vous oubliez que EDF avait une politique d'incitation aux économies d'énergie pour compenser la différence de prix du kWh électrique ou fioul ou gaz.
Cet incitation se traduit par le fait que, à confort égal, le chauffage électrique est notoirement moins gourmand en énergie que le chauffage au gaz.
Ainsi, dans l’étude faite en 2004 par l’Observatoire de l’Energie sur « 20 ans de chauffage dans les résidences principales en France de 1982 à 2002. » on trouve que l’électricité représente 11% de la consommation de chauffage, mais qu’elle permet de chauffer 31% des logements pour 33% pour le gaz. En d’autres termes, le chauffage électrique est près de trois fois plus efficace que le chauffage au gaz ! La confirmation de la meilleure efficacité énergétique des logements chauffés à l’électricité est donnée par une étude du CEREN qui montre que les maisons chauffées électriquement dépensaient, dès la mise en œuvre de la réglementation de 1989, 51 kWh/m2/an alors que celles chauffées au gaz dépensaient 136 kWh/M2/an. On pourrait penser que cette différence est uniquement due à une meilleure isolation thermique des logements chauffés à l’électricité. L’étude du CEREN montre toutefois que l’isolation n’explique que le quart de la différence. Près de la moitié de celle-ci provient de facteurs « techniques » reliés à la plus grande souplesse d’utilisation du chauffage électrique (programmation individuelle de chaque radiateur, très faible inertie thermique)

"encouragé par la puissance publique" (!) A l'époque, je n'avais pas le choix, comme des millions de français, sauf à investir en maison individuelle. Sans cet "encouragement", les français auraient investi dans l'isolation en gardant le fioul.

Économies d'énergie: cela valait pour toutes les énergies. S'il avait fallu comparer l'investissement électricité + isolation avec gaz ou fuel sans isolation, ces derniers étaient gagnants (mais il n'était plus question de ne pas isoler). A puissance thermique égale, l'électricité est bien deux fois plus chère (http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Repere.pdf p32).

Dépenser 125% de plus en énergie gaz qu'en électricité à cause de facteurs "techniques" me parait farfelu. Mais peut être EdF pèse beaucoup au CEREN. J'ai constaté que GdF-Suez n'est pas de cet avis...

Encore une fois, je suis un partisan de l'énergie nucléaire où EdF a un rôle important à jouer. Mais tout miser sur elle est extrêmement dangereux, compte tenu des capitaux à mobiliser et de ses graves pesanteurs sociales. Dans aucun domaine, même le nucléaire, le monopole n'est une bonne chose. La concurrence fera beaucoup de bien à EdF et ses clients.

JRB a écrit le 22 août 2010 à 15h27 :
+++La croissance du nucléaire est d'abord limitée par le coût des investissements. Laisser cela aux mains d'une seule société serait une faute lourde pour l'avenir.+++

Le développement du nucléaire en France n'est-il pas surtout et avant tout le résultat d'une décision, d'une "vision" politique ? A ce titre, l'Etat n'est-il pas plus crédibles que le "Marché" et ses soi-disantes "lois économiques". La faute lourde n'est-elle pas le démantèlement en cours, en production, réseau et distribution.
Quant à l'investissement je vous invite à consulter (je ne vois pas de lien pour inclure une image dans ce texte) le graphique de la page 37 du document mis en ligne à cette adresse : http://www.espci.fr/esp/slc/percebois.pdf en accompagnement de la vidéo de la conférence de Jacques Percebois (Directeur du CREDEN, professeur à l'Université de Montpellier)
"La libéralisation de l'électricité en Europe : quels enjeux économiques et industriels? 17/06/2010 18h00-20h00, ESPCI" http://www.espci.fr/esp/slc/

On retrouve la courbe d'investissement ici : http://img44.xooimage.com/files/b/3/6/clipboard-1fdc6e4.jpg
Que l'on puisse encore trouver des gens qui croient honnêtement que la "Loi du Marché" fasse baisser les prix dans des domaines où la concurrence effective est un leurre est tout à l'honneur de ce blog !

L'État plus crédible que le marché ?? Vraiment ? Alors je rappelle que la France était en crise avant la crise, qu'elle bat les records de prélèvements, de transferts sociaux et de dépenses publiques. Qu'elle est incapable de se réformer, sa seule solution étant de monter encore les prélèvements. Qu'elle est incapable de réformer des régimes spéciaux de retraite qui pèsent de manière exorbitante sur notre société.
Je rappelle que le marché se réforme rapidement lorsqu'il est en crise. Que sans lui, l'État grec continuerait ses malversations. Et enfin que lorsque l'État américain force le marché (les banques) à prêter à des insolvables pour tenir ses promesses électorales, cela donne la crise des subprimes.
L'époque où les monopoles d'état français pouvaient forcer le citoyen consommateur est heureusement révolue.
Merci pour le pdf qui contient des données intéressantes. La courbe d'investissement montre clairement qu'EdF devra bien monter ses tarifs et s'adapter au marché en France comme elle le fait déja à l'étranger.

Bonjour

sur ce site de la CGT des Mines et de l’énergie
http://www.poursavoir.fr/accueil.php
de multiples infos et analyses à décortiquer . . .

Lettre de la Commission européenne :
Réponse du 1er ministre à la Commission européenne
Le projet de Loi Nome
Projet de Loi Nome : exposé des motifs
Histoire d'un hold-up programmé
Nos écrits 4 pages - "politique énergétique"
Mission Roussely sur la filière nucléaire française : contribution de la CGT

La presse en parle :
Bakchich Hebdo du 29/05/10
Le Monde du 15/05/10
Médiapart du 03/05/10
Le Monde du 14/04/10
L'Expansion du 14/04/10
Challenges du 14/04/10
Le Nouvel Observateur du 04/03/10
L'Humanité du 22/01/10
Europ'Energies du 5/10/09

Compte-rendu des séances de l'assemblée nationale
Compte-rendu du mardi 15 juin 2010
Compte-rendu du mercredi 09 juin 2010
Compte-rendu du mardi 08 juin 2010

Dossier d'actu de la FNME-CGT :
Politique énergétique

Dossier d'Energies Syndicales, le journal de la FNME-CGT :
Loi NOME : Mobilisons-nous

Communiqués de presse de la FNME-CGT :
Communiqué de Presse du 6 juillet 2010 LOI NOME : Les lobbyistes du capital à la manœuvre
Lettre ouverte au journal «Le canard Enchainé»
Déclaration des fédérations syndicales CFTC-CMTE, CFE-CGC, FNME-CGT lors de leur audition sur la loi Nome loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché Electrique)
Loi NOME : Hold up annoncé

en réponse à JRB | 06 septembre 2010 à 12h27
je vous invite à ouvrir la page http://sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/Pinte.pdf
le rôle de l'Etat y est fort bien décrit

en avant goût, un extrait du document :

Un peu d’histoire.
C’est en 1888 qu’apparaît l’industrialisation de l’énergie électrique, en 1906 est promulguée la loi sur les distributions électriques. Une autre loi est votée en 1919, elle concerne alors les forces hydrauliques. En 1938 est lancé le programme d’équipement dit des 3 milliards et en 1939 est inauguré le premier dispatching central à Paris, véritable noeud d’interconnexion des réseaux de production et de distribution.
L’idée de Nationalisation des Services Publics était ancienne. On pourrait sans aucun doute en trouver trace dès 1917 pendant la première guerre mondiale et même sans doute auparavant avec Jules Guesde. Les pouvoirs publics municipaux ou nationaux ont hésité durant le XIXe siècle entre les différentes formes possibles de gestion des services publics. A la Libération, un large consensus politique, du Général De Gaulle à Marcel Paul, aboutit à la nationalisation du secteur électrique et gazier de par la loi du 8 avril 1946. Cette nationalisation regroupe alors 200 producteurs privés, 1150 sociétés de distribution, 100 sociétés de transport d’énergie, 20000 concessions et 250 régies. Contrairement à la plupart des entreprises, EDF, dès sa naissance est une entreprise de taille adulte, fruit des intenses discussions qui durèrent près de 18 mois. Une nationalisation qui verra en 1947, le début de la construction des grands ouvrages hydrauliques puis en 1950 la fin du rationnement de l’électricité et 7 ans plus tard, le lancement du programme de construction des centrales au charbon.
Dans les années d’après guerre, les électriciens comme beaucoup de français ne compte pas leurs heures de travail. Tous sont animés de cette volonté de reconstruction du pays. EDF alors modèle d’entreprise publique va agir selon une grande cohérence technique avec le souci de rentabiliser les installations pour le plus grand profit du pays.
Il convenait alors de normaliser les tensions en les portant à 220 volts. En 1953, 130000 abonnés utilisent encore le courant continu et en 1969, les équipes de « changement de tension » étaient encore à pied d’oeuvre dans certaines grandes villes comme Paris, Lyon…
Le années 1970 seront celles du lancement du plus ambitieux programme de construction d’unités de production avec l’arrivée des centrales nucléaires.
Durant les années qui ont suivi, l’entreprise n’a cessé de croître, mais son statut d’entreprise publique handicapait sérieusement les ardeurs des financiers. Durant les cinquante années qui ont suivi la Nationalisation, il me semble important de souligner que les actionnaires originaux, ceux dont les entreprises avaient été regroupées au sein d’EDF ses sont partagés une rente non négligeable dont le montant correspondait à 1% du chiffre d’affaire d’EDF. Ce même 1% attribué aux organismes sociaux d’EDF, la Caisse d’Action Sociale d’EDF GDF dont bénéficient les salariés et les retraités des deux entreprises, le seul 1% tant décrié et attaqué depuis de nombreuses années.
Le début de la casse freiné par la tempête!
En 1996, comme le prévoyait la loi de nationalisation, ces actionnaires ancestraux ne sont plus indemnisés et si on y regarde de près, c’est depuis cette période que l’Entreprise est sujette à de nombreuses attaques.

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