Hubert Flocard (Association "Sauvons Le Climat)
« Il y a toujours du vent quelque part ». Depuis quelques années, cette expression, imprécise et de ce fait sans utilité, a pourtant été élevée au rang de concept par des organismes officiels nationaux (par exemple, en France, l’ADEME) ou internationaux. On introduit alors l’expression « foisonnement éolien », notion à laquelle ces mêmes organismes attribuent la vertu de lisser considérablement la production éolienne totale d’un pays ou d’un continent et ce faisant d’atténuer une faiblesse majeure de l’éolien : son caractère aléatoire conduisant à une production intermittente, médiocrement prévisible et de ce fait mal gérable dès qu’elle dépasse un certain niveau. Selon la « théorie » du foisonnement, la contribution éolienne erratique d’une région donnée se trouverait le plus souvent compensée par celle tout aussi erratique d’une autre région mais variant plus ou moins en sens inverse donnant ainsi à la somme des productions un comportement plus régulier que celui de chaque région.
Comme ce concept de foisonnement fait partie de l’argumentaire visant à conforter auprès du public une image positive de l’éolien à terre et en mer, mais surtout à justifier d’ambitieux et onéreux plans d’extension du réseau de lignes haute tension, soit à travers notre pays, soit entre les états européens, il apparait utile d’en vérifier la validité. Or, les organismes officiels qui invoquent le foisonnement pour soutenir de lourds projets d’extension du réseau électrique n’ont pas à ce jour publié d’analyse de son ampleur ni de son efficacité à remédier aux faiblesses spécifiques de la production éolienne.
En s’appuyant sur les données éoliennes mesurées sur une année pour six pays de l’ouest européen, cette étude analyse donc les limites du foisonnement associé à la somme de productions qui peuvent être distantes de plusieurs milliers de km. Elle montre ensuite que ces données et le foisonnement associé sont bien reproduits par une simple application des lois du hasard.
Les observations sur une longue période permettent de vérifier que le foisonnement n’a que peu des vertus que certains organismes aiment à lui attribuer. Il n’aide guère à lisser les fluctuations de la puissance éolienne de sorte que les lois du hasard et leur incertitude intrinsèque continuent à déterminer les caractéristiques dominantes de la production éolienne européenne globale. En conséquence, la construction envisagée et soutenue financièrement par l’Europe d’un nouveau réseau transfrontalier de lignes à haute tension ne contribuera que faiblement à remédier aux difficultés que cette production, dès aujourd’hui, engendre pour la gestion des réseaux électriques nationaux et européen.
Téléchargez l'étude complète de Hubert Flocard sur le site de Sauvons Le Climat : http://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/etudes/131120_Flocard_FoisonnementEolienTexte.pdf
Les énergies renouvelables éolienne et PV sont évidemment intermittentes, disponibles moyennement 22-25% et 30-35% du temps. De plus, il y a le besoin de les intégrer dans les sources énergétiques stables fossile décarbonnée et nucléaire déchetisée. Cependant, pour les raisons évidentes, l'installation de ces sources d'énergie augmentent plus de 35% par an dans le monde avec plus de 300GW déjà en fonctionnement pour les éoliens et plus de 100 GW pour le PV. Peut-être, Il est possible que l'Europe pourrait vivre sans ces renouvelables, mais il faut comprendre que l'Europe n'est pas le monde et où ce type de raisonnement n'a pas de sens.
Rédigé par : M. Asghar | 26 novembre 2013 à 20h47