L’actualité a projeté dans le domaine des anathèmes et des positions électoralistes un débat souhaitable, sur l’exploration en France de gisements de gaz de schistes.
Sauvons le Climat n’est pas a priori favorable à un tel combustible fossile, émetteur de gaz à effet de serre, dont l’exploitation, en cours aux Etats-Unis, a mis en évidence des répercussions très négatives sur l’environnement. MaisSauvons le Climat est conscient que les besoins actuels et futurs en énergie conduisent à admettre le recours à toutes les sources d’énergie, dans la mesure où elles s’avèrent efficaces, économiques et maîtrisables quant à leur impact environnemental et sanitaire. Tout en réaffirmant sa priorité pour le développement et l’usage des technologies préservant le climat (énergies renouvelables, énergie nucléaire ),Sauvons le Climat estime nécessaire d’apprécier sans préjugé l’apport potentiel de toute source nouvelle d’énergie.
A la différence des gisements conventionnels dans lesquels le gaz se trouve concentré dans des roches poreuses et perméables, les gaz de schistes se trouvent diffus dans des roches mères argileuses, non poreuses et imperméables. Leur extraction requiert des techniques particulières : puits nombreux et rapprochés avec forages horizontaux, fracturation de la roche par injection d’eau sous pression accompagnée de sables et d’adjuvants chimiques. Les conséquences sur l’environnement et potentiellement sur la santé publique sont de plusieurs ordres : l’emprise au sol (1 à 2 hectares pour une grappe de 15 à 20 forages horizontaux, la nuisance la plus importante se situant pendant la phase de forage), la consommation de ressources en eau (15 000 m3 par puits pour le forage et la fracturation, dont 20 à 30 % sont récupérés et retraités), la pollution par les produits chimiques injectés entraînés par les eaux non récupérées et susceptibles de migrer vers les nappes phréatiques puis vers les circuits de distribution d’eau potable.
Les Etats-Unis offrent aujourd’hui l’expérience la plus significative d’exploitation de gisements de gaz de schistes. Plusieurs raisons l’expliquent : des sites géologiques encourageants, le dynamisme de petits exploitants pétroliers ou gaziers, la disponibilité de techniques adaptées efficaces, une législation favorable… En 2010, la production a atteint 570 milliards de m3, près de 30 % de la production nationale. Simultanément des problèmes environnementaux et des menaces pour la santé publique ont été identifiés, notamment la difficulté de prédire les voies de transit des eaux rejetées y compris jusqu’aux aquifères, sources éventuelles d’eau potable ; des associations se sont créées localement pour la défense de l’environnement voire pour demander l’arrêt de telles exploitations. En avril 2011, un rapport parlementaire a attiré l’attention sur la dangerosité de nombreux produits chimiques utilisés dont certains sont reconnus cancérigènes ; il note que la présence de produits toxiques dans des sources d’eau potable a été mesurée ; il souligne, enfin, le défaut d’information sur la nature de plusieurs produits utilisés classés « propriété industrielle » par l’exploitant ou par son fournisseur. Parallèlement, les lois de protection de l’air et de protection de l’eau potable évoluent pour prendre en compte ces nouvelles pollutions.
En France, des permis d’exploration ont été accordés dans le sud-est du pays. Devant les protestations de plusieurs associations, le gouvernement les a annulés. Un rapport vient d’être remis au gouvernement, proposant de conserver la possibilité d’explorer le potentiel énergétique national en gaz de schistes.
Sauvons le Climatconsidère indispensable d’en venir à un débat serein, dépassionné et de l’alimenter avec des éléments concrets. Il semble à la fois parfaitement justifié d’estimer les ressources énergétiques qui gisent sous nos pieds et tout aussi nécessaire de le faire dans des conditions préservant au mieux l’environnement et assurant l’absence de dommages sanitaires. L’exploration n’est pas l’exploitation ; peut-on la réaliser avec des technologies moins perturbantes ? Comment déterminer les limitations à imposer aux intervenants sur le site d’une exploration ? On doit répondre à ces questions tout en définissant un processus associant les responsables locaux à la délivrance d’un permis d’exploration.
Au-delà, si les résultats sont positifs, il faudra cerner les contraintes encadrant l’exploitation et susciter l’évolution nécessaire des techniques sur lesquelles elle repose. L’absence de dogmatisme et un dialogue raisonné sont les conditions d’un consensus souhaitable.
Retrouvez cet article et beaucoup d'autres sur des sujets connnexes sur le site de Sauvons Le Climat : http://www.sauvonsleclimat.org/
N'oubliez pas que les opposants frénétiques à l'utilisation de cette ressource sont les mêmes que ceux qui s'opposent au nucléaire, avec les mêmes raisonnements biaisés et idéologiques.
Le texte que vous publiez sur ce sujet fait très "langue de bois". C'est dommage.
Les gaz de schistes ne sont pas un concurrent du nucléaire. Il serait absude de les brûler pour satisfaire aux besoins électriques de base. Les deux techniques, et d'autres (OGM, nanatechnologies...) ont un ennemi commun, les marchands de peur.
Rédigé par : Gunther | 28 avril 2011 à 23h57
Parmi les problèmes soulevés par l'exploitation des gaz de schiste, il est important de souligner qu'elle entraine par nature des fuites de méthane, puissant gaz à effet de serre. Un article récent ("Methane and the greenhouse-gas footprint of natural gas from shale formations"; Robert W. Howarth · Renee Santoro Anthony Ingraffea; Climatic Change) classe les gaz de schiste comme plus émetteurs que le charbon à cause de ces fuites.
Pour que le bilan environnemental des gaz de schiste soit acceptable, il faudrait donc arriver à fracturer sans trop générer de fuites de méthane dans l'atmosphère, ni bien sûr polluer les nappes phréatiques, les paysages... A première vue, ça ne va pas être très facile et il n'est pas évident que le jeu en vaille la chandelle.
Rédigé par : Elax | 29 avril 2011 à 08h03
Bonjour,
Avez-vous entendu parler du documentaire Gasland? si non je vous invite a regarder cette vidéo:
http://www.dailymotion.com/video/xg7g0q_danger-gaz-de-schiste-1-7-doc-choc_webcam
Seriez-vous près à accepter un site de forage à coté de votre maison?
Rédigé par : JB | 29 avril 2011 à 14h47
Je ne comprends pas cette analyse.
Si "sauvons le climat" est prêt à admettre l'utilisation future de gaz fossiles (avec fuites éventuelles de méthane durant l'exploitation des gisements), je crains que cette association ne se déconsidère de façon définitive!
En effet ne pas réfuter l'étude de faisabilité s'accompagne nécessairement de l’acceptation implicite d’une exploitation dans l’avenir.
Une sérieuse mise au point s’impose d’urgence pour lever l’ambiguïté de cette prise de position aux allures de « langue de bois » !
cm
Rédigé par : claude moulineau | 29 avril 2011 à 15h30
Il est toujours plus facile d'être "contre" que d'être "pour" un choix, une orientation, une technologie.
Les agitateurs de grands satans n'ont rien d'autre à proposer que des "c'est possible" en s'affranchissant largement des détails techniques et des coûts desdites prétendues possibilités.
Un avenir énergétique avec seulement des éoliennes et des panneaux photovoltaïques, des chaudières à bois et du compostage d'ordures, c'est séduisant sur le papier... sauf que personne ne voudra payer le surcoût de ces choix, que personne ne veut de ferme éolienne ou solaire près de chez soi, que les défenseurs des forêts se mobilisent contre l'abattage des arbres, repaires de la biodiversité, et que les stations de tri-compostage sont toujours mieux chez les autres.
Un minimum de cohérence ne ferait pas de mal dans ce genre de réflexion sur l'avenir offert à nos enfants.
Ils auront besoin d'un monde sans déchets et sans pollution, mais aussi d'un minimum d'énergie...
Gouverner c'est prévoir, et cela commande de connaître nos ressources potentielles, même si c'est pour les laisser encore des décennies sous terre.
Et utiliser un jour de telles réserves pour se chauffer ou se déplacer serait de la dernière des stupidités, alors que pétrole et gaz sont difficilement remplaçables pour la chimie et l'industrie.
Alors évaluons sérieusement les incidences des techniques actuelles, et si l'impact environnemental est acceptable, explorons !
Rédigé par : R.Borderie | 29 avril 2011 à 18h27
Rebonjour,
La partie du reportage ci-dessus (Gasland, en plusieurs épisodes) qui vous interessera le plus est certainement l'interview d'une scientifique experte en environnement et santé, ancienne membre de l'EPA (Environment Protection Agency):
http://www.dailymotion.com/video/xg7h5z_danger-gaz-de-schiste-5-7-doc-choc_webcam
Voici l'état de l'art de la technique actuelle employée chez Halliburton et cie: un coctail de quelques 596 espèces chimiques polluantes, toxiques voire hautement nocives à la santé.
Pour plus de détails vous serez bien informés par ce reportage sans équivoque.
Rédigé par : JB | 29 avril 2011 à 19h31
SLC souhaite que l'usage des énergies carbonées soit réduit au strict minimum. Mais, ceci de façon réaliste.
Les pays de l'OCDE doivent diviser par 4 leur impact carbone. Disons par 3 pour la France car notre pays pris une large avance grâce à son programme nucléaire (<6t CO2/hab/an vs presque 10 pour chaque allemand et chaque danois).
SLC, pragmatique, sait bien que la France, même très vertueuse aura, longtemps encore besoin de carburants liquides. Ceux-ci pourront être fabriqués à partir de gaz (GTL: gas to liquid). Et l'augmentation durable et inéluctable du prix du pétrole donnera de plus en plus de valeur aux ressources éventuelles de gaz de schiste de notre sous-sol. Recherchons les, explorons les. Ne les exploitons pas, en tout cas pas maintenant. Laissons ceux qui veulent les exploiter dès maintenant (e.g. USA) développer les techniques les plus efficaces et les moins polluantes.
Que l'Etat français ne délivre pas aujourd'hui de permis d'exploitation me semble raisonnable. Mais pourquoi interdirait-il l'exploration?
Rédigé par : Jacques Frot | 30 avril 2011 à 17h49
Il semble que certains interlocuteurs ne tiennent pas compte de ce que propose "Sauvons le climat" qui est pourtant clair: il ne s'agit pas de rester dans la langue de bois mais au contraire de dépassionner le débat afin d'analyser le problème sur le fond. Le document vidéo de "Gazland" fait le constat de ce qui se passe aux Etats Unis et qui met en lumière deux faiblesses de leur système:
-l'insuffisance des textes réglementant l'exploitation des gaz de schistes signalée par la personne ayant travaillé dans un organisme officiel. Il est totalement inadmissible qu'au prétexte de la protection du secret industriel il ne soit pas possible aux autorités fédérales d'avoir accès aux produits adjuvants utilisés dans le processus de fragmentation au risque de mettre en danger la sécurité publique.
-la quasi absence de contrôles sur les sites d'exploitation, l'autorisation-au nom sans doute de la sacro sainte liberté d'entreprendre- donnée à n'importe quelle petite entreprise d'exploiter sans s'assurer qu'elle en a les compétences alors que les opérations de fragmentation exigeraient au contraire la plus grande maîtrise d'un processus complexe afin d'éviter toute migration de gaz et d'eaux polluées vers les nappes phréatiques.
Ce que propose "Sauvons le climat" est le contraire de ce laxisme de contrôle inacceptable et irresponsable.Il propose d'approfondir tous les aspects du problème avant de décider d'exploiter ou non.
Un autre des éléments à prendre en considération ,et non des moindres, tient aux caractéristiques géologiques des zones de gisements.Habitant le Languedoc Roussillon je me suis préoccupé du problème posé par les sites d'exploration prévus dans la région. Ils se situent dans un massif karstique du contrefort sud du massif central, formation géologique à base de roches calcaires qui, de plus, constituent le château d'eau d'une grande partie de la région.
Ces formations comme le notent dans leur rapport les géologues et hydrologues consultés sont le siège de fissures naturelles servant de plus à la circulation des eaux souterraines issues du plateau du Larzac.
Sans être un spécialiste des forages on imagine les risques qu'il y aurai à tenter des processus de fragmentation dans semblables conditions...
Mais cela ne rend pas inutile une approche de fond telle que la propose "Sauvons le climat", procédure que j'approuve pleinement pour l'avoir déjà défendue auprès de mes amis d'une association locale.
Rédigé par : Marcley | 30 avril 2011 à 18h27
En plus de technologies polluantes et des risques de destruction des sources d'eau Potable , l'exploitatiOn immédiate des gaz de schistes présente un énorme inconvénient: nous n'en avons pas besoin. Le plus sage serait un moratoire de dix ans : ce débat sur l'exploration me semble bien prématuré, alors que nous devons faire face à des échéances plus importantes (par ordre de priorité croissant):
1. Sécurisation et renouvellement du parc Nucleaire
2. Structuration et développement des enr et du stockage de l'électricité
3. Remplacement des combustibles et carburants fossiles par des sources moins polluantes
4. Économies d'énergie
Rédigé par : Stephan | 30 avril 2011 à 19h29
Soyons clairs dans nos analyses :
débattre n'est pas lancer des travaux.
Pourquoi le débat serait-il prématuré alors que les opposants se déchaînent ? c'est justement maintenant qu'il faut rassembler toutes les parties intéressées et écouter tous les points de vue.
Le citoyen lambda a le droit de se forger une opinion à partir d'avis divergents, et pas seulement de réquisitoires uniquement à charge tels que la vidéo gasland.
Cela n'a rien à voir avec la priorité d'action à donner à d'autres thèmes comme la sécurisation des centrales nucléaires ou le stockage d'énergie à grande échelle.
Et s'agissant seulement d'exploration, il n'est peut être pas utile d'utiliser "un cocktail de 596 produits chimiques toxiques, polluants, ou hautements nocifs" pour révéler les teneurs en gaz...
(personnellement, je pensais benoîtement que le souci de profitabilité des pétroliers les conduisait toujours à minimiser les investissements en matériel, en consommables, en hommes...le prix de revient du cocktail risque de rendre l'opération déficitaire avant le premier puits !)
Alors qu'un Grenelle de l'énergie se profile et que le mix énergétique va être un thème phare de la campagne présidentielle, pourquoi faudrait-il rendre cette question taboue ?
Et puis il faut en finir avec l'angélisme qui consiste à considérer qu'on pourra toujours trouver ailleurs l'énergie qui nous fera défaut (le smart grid, les liaisons HVCC avec les centrales sahariennes...)
Les considérations géopolitiques vont largement prendre le pas sur les notions de ressources prouvées ou estimées au niveau mondial.
La Russie ferme ses oléoducs du jour au lendemain pour servir son marché intérieur, le printemps des pays arabes ne garantit pas des situations stabilisées avant longtemps, la Lybie ou l'Algérie pourront demain baisser l'interrupteur... les niveaux records des cours du brut reflètent ce manque total de visibilité.
Sans un minimum d'indépendance énergétique, que nous assure actuellement le nucléaire, et la connaissance des ressources fossiles disponibles, qui présente une importance stratégique, il faut s'attendre à des aléas d'approvisionnements et des prix durablement élevés.
Rédigé par : Roger | 30 avril 2011 à 20h22