Le « paquet énergie climat » adopté fin 2008 par l’Union Européenne (sous présidence française) fixe comme objectif de ramener les émissions de CO2 des voitures neuves de 160 g/km en 2006 à 120 g/km en 2015 et 95 g/km en 2020. Globalement, les émissions de CO2 liées aux transports devraient baisser de près de 10 % entre 2013 et 2020 alors qu’elles ont augmenté de près de 30 % entre 1990 et 2006. Ces objectifs ont été précisés dans une directive européenne en 2009. La question qui fait débat aujourd’hui est de savoir combien de grammes de CO2 sont produits par litre de carburant consommé, notamment quand ce carburant est issu de pétrole non conventionnel.
L’extraction des pétroles non conventionnels en provenance des schistes et des sables bitumineux consomme des quantités très importantes d’énergie. Dans le cas des sables bitumineux de l’Alberta, celle-ci est fournie en grande partie par la combustion de gaz naturel. Dans les faits, chaque fois que l’on consomme une tonne de ce pétrole, les rejets de CO2 dus à son extraction majorent de plus de 20 % les rejets dus à sa combustion. Sans parler des effets indirects, tels que l’augmentation du CO2 atmosphérique provoquée par la déforestation des vastes espaces mis en exploitation. Autrement dit, faut-il tenir compte de ces facteurs dans la comptabilisation du CO2 émis par km ?
Cette situation n’est pas unique : quand on consomme en France du gaz naturel amené sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) ou transporté depuis la Russie par gazoduc sur des milliers de km, l’énergie consommée pour le transport se traduit par des rejets de CO2 qui peuvent représenter 10 à 20 % des rejets liés à l’utilisation du gaz. De même, le transport ferroviaire du charbon sur de grandes distances, en Chine, aux Etats-Unis ou en Afrique du Sud, consomme de l’énergie et augmente les rejets de CO2. Sans compter, dans le cas du charbon, les rejets de méthane (le grisou) qui accompagnent le plus souvent son extraction. Ou encore, lorsqu’un pays exporte de l’électricité produite à partie de combustibles fossiles, le CO2 émis doit-il être comptabilisé chez le producteur ou chez le consommateur[1] ?
L’usage courant est de comptabiliser le CO2 à deux niveaux :
· Le CO2 émis par unité d’énergie primaire produite
· Le CO2 émis par unité d’énergie finale consommée
Ceci permet de fixer clairement les responsabilités de chacun, le producteur et le consommateur. Les pétroliers, par exemple, sont incités à éviter de rejeter le méthane produit lors de l’extraction du pétrole, soit en le brûlant, soit en le récupérant. Ils ne manquent pas de présenter de telles actions comme « vertueuses ». Dans cette logique, les rejets de CO2 liés à l’exploitation des pétroles non conventionnels devraient être comptabilisés dans les pays de production, à charge pour eux de répercuter les coûts correspondants[2] sur le prix de leur pétrole.
C’est ce que le Canada refuse de faire, de même qu’il est très loin de respecter les engagements qu’il a pris en ratifiant le protocole de Kyoto, et qu’il refuse de prolonger celui-ci au delà de cette année. En clair, il refuse de prendre en compte les rejets de CO2 liés à l’exploitation des sables bitumineux.
Face à cette situation, la Commission européenne a proposé aux gouvernements de l’Union de majorer de près de 20 % le «contenu en CO2 » du pétrole non conventionnel canadien. Aucune majorité qualifiée ne s’est dégagée, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne s’étant abstenues et l’Italie ayant voté contre.
Le résultat net de toutes ces palabres est qu’une fraction importante des rejets de CO2 liés aux énergies fossiles risque d’échapper à toute comptabilisation. Or ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on fait baisser la fièvre !
Sauvons le Climat appelle le gouvernement français à mettre tout son poids dans la balance pour que les rejets de gaz à effet de serre soient correctement pris en compte, en particulier dans tous les échanges internationaux.
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[1] Lorsque la France importe de l’électricité de pointe produite dans des centrales à charbon très émettrices de CO2, ces rejets sont imputés au producteur, et celui-ci doit gérer ses quotas d’émission. On peut débattre de à qui imputer ces rejets (producteur ou consommateur), mais l’important est qu’ils soient bien comptabilisés quelque part.
[2] Correspondant par exemple à l’achat de quotas de CO2
. Un Dimanche sans CO2
Supposons une Allemagne insensible à l' "Atomkraft Nein Danke" et à tout quolibet du même genre.
Elle poursuit les efforts engagés après le choc pétrolier de 1974 et dispose ainsi en 2012 d'une puissance nucléaire de 20 + 12 = 32 GW.
En parallèle car il n'y a pas incompatibilité elle s'équipe en renouvelable.
Et, question électricité, ce Dimanche 25 Mars elle ne produit quasiment pas de CO2.
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Rédigé par : c10a | 26 mars 2012 à 00h11