« Sauvons le Climat » souhaite bien du plaisir à cette personnalité pour son étude des conditions économique et sociétale d’un arrêt anticipé de la centrale.
Sur le plan économique, l'arrêt de production de la centrale de Fessenheim diminuera la production d'électricité de 12 millions de Mégawatt-heures par an, valorisés à 400 millions d'euros. Les lourds investissements auxquels s’est engagée EDF dans la centrale (environ 1 milliard d’euros) ne pourront être rentabilisés que si la durée de vie de la centrale est étendue à 50 ans, alors qu'on veut la diminuer en dessous de 40 ans (37 ans pour Fessenheim 1 et 34 ans pour Fessenheim 2). Finalement une décision d'arrêt en 2016 conduirait à une perte d'exploitation de 5,8 milliards d'euros à laquelle devrait s'ajouter le milliard d'euros investi pour rien, soit une perte totale de 6,8 milliards d'euros.
Par ailleurs, il faudra bien remplacer la production, particulièrement vitale dans une région qui est une plaque tournante du marché européen de l’électricité. Il faudra soit construire des centrales à gaz soit importer du courant de Suisse et d'Allemagne. Le courant importé au prix du marché coûterait au minimum 850 millions d'euros chaque année, soit 12,4 milliards d'euros sur la période pendant laquelle Fessenheim aurait continué à produire dans le cas d'une extension de sa durée de vie à 50 ans. Dans le cas de la construction (qui devra être rapide) de centrales à gaz, il faudra compter un investissement de l'ordre de 1 milliard d'euros et des dépenses de gaz importé de l'ordre de 600 millions chaque année (en supposant que le prix du gaz ne grimpe pas), soit un total pour la période de 8,7 milliards d'euros. A ces sommes déjà rondelettes, il faudra ajouter le dédommagement des partenaires suisses et allemands qui ont participé au financement de la centrale.
Le déficit de la balance commerciale française se creusera donc de 600 à 850 millions d'euros par an. Dans l'état actuel de notre commerce extérieur, a-t-on vraiment besoin de cela pour faire plaisir au Président de la République ou à ses « alliés politiques »? Est-ce cela le redressement industriel tant promis?
Par quel tour de passe-passe pourra-t-on faire croire que les conditions d'arrêt de Fessenheim seront économiquement responsables?
Sur le plan sociétal, faire miroiter aux ingénieurs et techniciens de la centrale qu’ils pourront être réemployés par une industrie du démantèlement est une plaisanterie de mauvais goût. Le nombre de personnes nécessaires au démantèlement est à peine 10% de celui nécessaire au fonctionnement de la centrale. Par ailleurs, on a davantage besoin d’opérateurs de marteaux-piqueurs et d’engins de chantier que d’ingénieurs et techniciens de haut niveau. Il faudra bien reconvertir l’ensemble des employés de la centrale et, aussi, l’ensemble des sous-traitants habituels. Il faudra compenser l’impact négatif des emplois perdus et donc des foyers déplacés sur l’économie locale. Il faudra indemniser sérieusement tous ceux qui seront lésés, d’une manière ou d’une autre, par l’arrêt de la centrale. Trouver une façon « responsable » de gérer cette casse sociale relève de la magie ou de l’escroquerie.
Sauvons le Climat espère encore que le Président de la République renoncera à définir une politique énergétique au nom du fait du prince ou de celui de ses alliés Verts et que ses décisions seront, dans le futur, précédées d’études technico-économiques sérieuses.
Résumé des conséquences économiques de l’arrêt de Fessenheim :
Pertes d’exploitation (hypothèse d’arrêt normal après 50 ans de production) : 6,7 milliards d’euros
Coût de l’électricité de remplacement par centrales à gaz : 8,7 milliards d’euros
Augmentation du déficit commercial : 500 à 850 millions par an
Indemnisations et dédommagements divers : plusieurs milliards.
Et, pour couronner le tout, la compensation du manque à produire se traduira par l’émission supplémentaire de quelque 4,8 millions de tonnes de CO2 par an !
J'espère que ce sera un mal nécessaire. La population va comprendre les implications pratiques de la fermeture d'une centrale nucléaire. C'est une occasion pour les mouvements émergents de sauvegarde du climat de donner de la voix et de focaliser l'attention sur le développement du gaz et du CO2 associé. Je vois cette décision comme étant la manifestation de la "méthode hollande". Plutôt que de dire "c'est débile de baisser le prix de l'essence", il le baisse temporairement juste assez pour que tout le monde voit que c'est débile...
Rédigé par : Cucufa | 19 octobre 2012 à 10h52
Bonjour,
Effectivement, cela fait beaucoup d'argent et de CO2, mais, en dehors du fait du prince, vous ne nous rappelez pas les raisons de cet arrêt prématuré.
Par ailleurs, manquent la description et et le chiffrage des mesures à prendre pour rendre parfaitement sûre ou presque cette centrale, à moins que, de ce coté là aussi, les frais soient importants.
Pour ma part, je reste sur l'inquiétude que me procure l'extrême improbabilité des incidents et/ou accidents, mais leur gravité incommensurable et donc, imprévisible.
Cependant, considérant que l'on n'a rien sans risque, je pencherais pour une démarche transparente et impartiale nous permettant de réfléchir en connaissance de cause. Salutations cordiales. Jacques Brillot Bougival
Rédigé par : Jacques Brillot | 19 octobre 2012 à 18h36
Idéologie, quand tu nous tiens ! Nous avons vécu la même situation avec l'arrêt politique de Super Phénix, qui nous place désormais derrière la Russie et l'Inde, alors que nous étions leaders mondiaux des Rapides ! Les arguments développés par SLC sont justes : il n'y a aucune urgence à arrêter un réacteur qui répond aux exigences de l'Autorité de sûreté, car sa production est économiquement très rentable (voir le Rapport de la Cour des Comptes de janvier 2012). Démanteler un réacteur requiert avant tout d'avoir établi les filières d'évacuation des déchets, c'est le point bloquant aujourd'hui pour Brennilis et les UNGG. Seule raison valable évoquée pour réduire la part du nucléaire : le niveau d'exposition que constitue un tel pourcentage (75%) de source d'électricité dans le cas où il faudrait l'abandonner brutalement suite à une catastrophe comme au Japon.
Mais, comme l'écrit l'OPECST (15/12/2011): "il serait irresponsable d'estropier notre pays en le lançant dans le vide pour s'éviter d'attendre les 2 ou 3 décennies indispensables à la mise au point d'innovations suffisamment robustes". Par ailleurs, on ne pourra pas démanteler et remplacer les réacteurs au même rythme qu'on les a construits dans les années 80 : tous n'auront donc pas la même durée de vie. Plutôt que de pointer spécifiquement (pour des raisons politiques) la centrale de Fessenheim, c'est un plan de mise à l'arrêt raisonné et sans hâte qu'il faudrait élaborer pour l'ensemble du parc nucléaire, en visant de l'ordre de 50% d'électricité nucléaire à l'horizon 2050, en fonction du développement des énergies alternatives.
Rédigé par : Patrick MICHAILLE - ARCEA/GASN | 20 octobre 2012 à 00h41
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Eh OUI les décisions Fessenheim , RT2012 (même si celle ci est depuis longtemps dans les tuyaux) utilisent FUKUSHIMA.
Et toujours RIEN sur cette centrale émanant de SLC
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Rédigé par : c10a | 20 octobre 2012 à 18h11
"c'est un plan de mise à l'arrêt raisonné et sans hâte qu'il faudrait élaborer pour l'ensemble du parc nucléaire, en visant de l'ordre de 50% d'électricité nucléaire à l'horizon 2050, en fonction du développement des énergies alternatives." (extrait d'un commentaire précédent)
Serait-ce une épiphanie? L'éventualité d'envisager un remplacement meme partiel du parc nucléaire francais par des énergies renouvelables aurait-elle réellement germé dans l'esprit d'un ancien du CEA? Ou ne serait-ce encore qu'un procédé rhétorique de mise sous condition d'une solution pour le stockage de l'énergie et d'adaptation du réseau électrique? (qui cela dit en passant ne se fera jamais simplement en comptant sur le bon vouloir de l'exploitant des centrales nucléaires).
Si on avait attendu de voir émerger une solution pour le démentelement d'une centrale nucléaire et la gestion des déchets à long terme, l'énergie nucléaire ne serait aujourd'hui pas encore sortie de ses limbes...
Rédigé par : JB Bouche | 21 octobre 2012 à 10h53
Rédigé par : Sauvons le Climat | 21 octobre 2012 à 15h27
Je suis en complet accord avec "Sauvons Le Climat" et Jacques Brillot. Des problèmes aussi complexes ne peuvent se traiter sous le coup de l'émotion suscitée par un accident du type Fukuchima , quelque compréhensible qu'elle puisse être. Ils appellent une approche sereine s'appuyant sur une analyse sur le fond des diverses solutions possibles à partir des technologies existantes, des recherches en cours sur de nouvelles technologies ou filières et, s'agissant de mettre au point une politique énergétique à long terme, prenant en compte l'épuisement d'une part des ressources d'énergie primaire et d'autre part la nécessaire protection de l'environnement. Personne aujourd'hui ne pouvant dire ce que seront les technologies dans un siècle il est impératif de ne pas commettre d'erreur dans l'attente de leur apparition.
Rédigé par : Marc Leygonie | 22 octobre 2012 à 12h09
De toute façon ça fait longtemps que les recherches sur une nouvelle source d'énergie produite sans vent et sans ensoleillement (géothermie dans les stations de ski par exemple) auraient dues être réalisées. Seulement ça rentrerait directement en concurrence avec les industries pseudo-vertes allemandes.
Alors continuez à voter pour les lèches bottes d'allemands (Sarkozy, Hollande : bref les phallocrates incapables de moraliser le milieu politique) comme ça vous vivrez dans le CO2...
Rédigé par : Jérôme MARTIN | 26 octobre 2012 à 05h48
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Rapport GALLOIS sorti ce jour:
L’évolution du parc nucléaire doit tenir compte de l’énorme capital investi et du fait qu’il
est largement amorti, même si des travaux de maintenance importants sont prévus. Le coût
du kilowatt-heure qu’il procure est un véritable avantage comparatif.
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Rédigé par : c10a | 05 novembre 2012 à 19h46
Je viens d'écrire à A Montebourg pour lui signaler ce gâchis (emploi, énorme investissement français suisse et allemand, fourniture et exportation d'électricité, impots payés à l'état et aux collectivités locales) et lui suggérer de crier haut et fort que la France n'a pas les moyens de fermer Fessenheim
Rédigé par : GIRARD Jean Michel | 08 novembre 2012 à 18h25