Les conditions dans lesquelles s'est fait le développement des énergies renouvelables en Europe sont une illustration des raisons profondes de la perte de compétitivité de notre pays.
Une étude de « Sauvons le Climat » intitulée « L’Europe de l’énergie sera-t-elle allemande ?» expose de façon inédite les dessous d’une invention « géniale », totalement en contradiction avec le crédo libéral de l’Europe et bien souvent des intérêts français : l’obligation d’achat.
Selon cette étude l’accident de Three Misle Island et la poussée des « Grünen » mirent un terme au programme nucléaire allemand. Les industriels d’outre Rhin comprirent alors tout l’intérêt qu’ils pouvaient tirer de l’éolien associé à une invention « géniale » qui avait déjà cours au Danemark : le système d’obligation d’achat. Avec de solides soutiens politiques il créèrent un puissant lobby qui entreprit très vite la conquête de l’Europe.
Peu importaient les inconvénients de l’éolien liés à son intermittence, à son coût élevé pour les consommateurs et la nécessité de renforcer les réseaux de transports, l’important était d’obtenir des tarifs rémunérateurs.
La Commission européenne, assiégée par le lobby éolien, fit du développement de cette technologie un de ses objectifs majeurs et réussit à convaincre une grande majorité des dirigeants européens que l’obtention d’un brevet d’écologisme passait nécessairement par la construction d’éoliennes.
Ne s’arrêtant pas en si bonne voie les industriels allemands lancèrent l’opération photovoltaïque. Après avoir obtenu des tarifs d’achat incroyablement avantageux de la part du gouvernement allemand ils partirent à la conquête de la Commission Européenne qu’ils n’eurent à nouveau pas grand mal à convaincre. Les autres pays européens suivirent béatement le mouvement et achetèrent des cellules allemandes (jusqu’à ce qu’elles soient remplacées par des chinoises).
Les industriels allemands ne sont cependant pas les seuls bénéficiaires de cette saga de l’électricité renouvelable en Europe. Les autres gagnants sont, entre autres, les producteurs de gaz, et, tout particulièrement Gazprom. En effet les caractéristiques des centrales à gaz en font les compléments idéaux des productions intermittentes. On passa rapidement sur le fait que la combustion du méthane produit du CO2. Il devint déplacé de le rappeler. En ajoutant l’adjectif « naturel » à «gaz » on transforma celui-ci en énergie verte et, comme par hasard, les Verts européens qui s’opposent au gaz de schiste et au nucléaire ne se sont pas opposé à la réalisation de gazoducs entre la Russie et l’Allemagne…
L’étude mentionne ensuite deux importants développements induits par la politique énergétique de l’Europe : la réalisation d’un immense renforcement des réseaux haute tension et, ce qui est moins connu, le développement de « l’économie d’hydrogène »[1].
Elle se termine en considérant qu’il peut y avoir deux modèles énergétiques européens et qu’il est temps que la France assume sans complexe ses choix énergétiques. Il devient urgent qu’elle ose dire « chiche » à « l’Energiewende » allemand ou à Bruxelles en développant sa propre transition énergétique.
[1] Il est en effet très séduisant de contrebalancer l’irrégularité de production des énergies renouvelables électriques en associant ces productions à celle d’hydrogène produite par hydrolyse. Il est cependant probable que l’essentiel de l’hydrogène sera produit par reformage du gaz et que la petite partie produite par électrolyse servira d’alibi écologique au mépris des émissions de CO2..
Lorsque l'on regarde ce qui se passe dans le monde où les énergies renouvelables et intermittentes ont la vent en poupe: plus de 100 GW installés pour le PV fin 2012 et plus de 300 GW pour l'énergie éolinenne et la capacité de ces energies augmente plus de 35% par an. Ce n'est pas due à la faute Allemende ou Chinoise car le monde est bien plus grand que cette Europe.
Cependant cela n'exclue aucunement l'importance de l'énergie nucléaire comme une source primare et dense, mais cette énergie, par sa nature, n'est pas et ne sera pas accessible à tout le monde. De plus, l'aventure épique de l'EPR en France et Finlande n'est pas brillante jusque présent.
Rédigé par : M. Asghar | 02 mars 2013 à 12h43
Cette info n'est pas très nouvelle, et par ailleurs je ne suis pas convaincu que ce soit particulièrement lié à l'Allemagne, qui a la particularité de surtout pousser son charbon, avec des nouvelles capacité comme BoA capable de faire varier la production très vite, et d'être utilisé en complément des énergie renouvelable.
Ce qui est plus intéressant est d'entendre quelqu'un faire une déclaration publique reconnaissant noir sur blanc cette stratégie, comme Robert F Kennedy Jr essayant ici de convaincre une assemblé de professionnels du gaz que les énergie renouvelables leurs sont profitables :
http://www.youtube.com/watch?v=qcm1gmPL50s
"Solar Thermal and Utility Scale Wind are Gas Plants"
Robert F Kennedy Jr (le fils de Robert Kennedy) n'est pas très connu en France, il a fondé l'association environnementale Riverkeepers Alliance, est l'avocat du National Resources Defense Council, directeur dans le groupe d'énergie renouvelable CBD Energy, et partenaire dans le fond d'investissement dans les énergies renouvelables VantagePoint, comme l'indique son interview ici : http://cleantechnica.com/2013/02/06/interview-with-robert-f-kennedy-jr-on-environmental-activism-democratization-of-energy-more/
Rédigé par : jmdesp | 08 mai 2013 à 23h13