émission du 21 mai 2013 à 20h50, rediffusée le 25 mai à 12h30
Sauvons Le Climat - 30 mai 2013
La chaîne Arte est connue pour sa sensibilité anti-nucléaire, ce qui n’est pas étonnant compte tenu de son caractère germano-français. Mais si on peut comprendre qu’une chaîne publique ait telle ou telle sensibilité, il n’est pas admissible que, au nom de l’information et du débat, elle diffuse un document de pure propagande au service d’une tendance idéologique.
Quelle information peut-on retirer du film introductif de Bernard Nicolas ?
Première surprise il ne discute guère que de la façon dont les Allemands tentent ou ont tenté de régler le problème les commentaires laissant entendre qu’il est bien mieux pris en compte du côté allemand... la qualité allemande, si bien connue !
Dommage de ne pas avoir passé suffisamment de temps sur l’expérience française qui est bien plus avancée que celle de nos cousins. La France dispose de sites de stockage de faibles et très faibles activités à Soulaines et Moronvilliers. Car le démantèlement produit, précisément, essentiellement des déchets de ce type. C’est ainsi que le démantèlement des installations nucléaires du Centre d’études nucléaires de Grenoble (3 réacteurs de recherche, un laboratoire de Moyenne activité où étaient examinés des combustibles irradiés et une station de traitement des fluides contaminés) a été mené à bien avec succès et que tous les déchets ont pu être évacués vers leur destination finale(voir les détails en annexe). Le démantèlement du réacteur de Chooz est, lui, bien avancé. A noter qu’Arte, pourtant avertie, n’a pas fait mention des raisons purement administratives et non techniques des retards dans le démantèlement de la centrale de Brennilis.
Le mélange entre la faisabilité du démantèlement et la gestion des déchets de haute activité est entretenu avec une parfaite mauvaise foi par l’émission d’Arte. Au moins le film de Bernard Nicolas montre-t-il que des hommes et des femmes peuvent travailler au démantèlement sans mourir comme des mouches.
Arte a donné amplement la parole à Madame Lepage et à Michel Guéritte, farouche opposant au centre de stockage CIGEO de Bure. La seule justification de ce choix est l'engagement antinucléaire de ces intervenants. Il eût été quand même intéressant et juste de donner aussi la parole à des membres de la Commission Nationale d’Evaluation (Créée par loi du 30 décembre 1991), qui a pour mission d’évaluer l’état d’avancement des recherches et des études sur la gestion des matières et déchets radioactifs), dont les membres, scientifiques reconnus, sont indépendants des opérateurs du nucléaire. Enfin un regard porté aux Etats-Unis (annexe 2) aurait permis de se convaincre que le démantèlemnt n’est ni impossible ni hors de prix.
Annexe 1: Au sujet du démantèlement à Grenoble :
Ceux qui sont intéressés par une information véritable plus que par de
la propagande trouveront le détail de l’opération de démantèlement du
Centre d'Etudes Nucléaires de Grenoble à l'adresse http://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/cr_cli/CENG-Denuclearisation-27022013.pdf. L'existence de cette opération avait été signalée à Arte avant l'émission. Arte n'en a pas fait mention.
L'opération a duré une douzaine d'années. 24200 tonnes ont été évacuées
vers les sites de stockage FA et TFA de l'ANDRA. Seuls 800 tonnes sont
en stockage provisoire à Saclay et Cadarache en attendant leur envoi
vers le centre de stockage géologique de CIGEO, s'il est décidé. On voit
que le démantèlement ne produit que de faibles quantités de déchets de
Haute Activité. La plus grande partie de ceux-ci provient du
fonctionnement des réacteurs et non de leur démantèlement et leur
stockage est assuré pendant le temps nécessaire à leur décroissance (300
ans). L'ambigüité entre démantèlement et stockage des Hautes Activités a
sans doute été maintenue par Arte qui tenait absolument à justifier le
titre de l'émission.
La comparaison entre le démantèlement des
réacteurs de recherche et des réacteurs de puissance n'est pas évidente.
La puissance des réacteurs de recherche est, certes, beaucoup plus
faible que celle des réacteurs de puissance (un facteur 50) mais les
réacteurs de recherche servent à produire des faisceaux de neutrons
sortant de l'enceinte primaire du réacteur et activant les murs et
équipements hors de cette enceinte. De plus, des expériences ont été
menées avec des équipements qui avaient été irradiés en pile et
examinés, par exemple dans le Laboratoire de Moyenne Activité. En
définitive, les coûts de démantèlement sont essentiellement déterminés
par le volume des déchets FA et TFA.
Le coût de l'opération du
CENG a été d'environ 300 millions d'euros. Il ne paraît pas en
contradiction avec les estimations d'EDF prévoyant un coût du
démantèlement égal à 15% du coût du réacteur, soit environ 500 à 600
millions par réacteur de puissance.
De plus, il faut rappeler que ces sommes doivent être provisionnées dès maintenant et qu'elles donnent lieu à rémunération. En l'occurrence, on peut faire plus confiance aux ingénieurs d'EDF qu'à Corinne Lepage. Un conseil à cette dernière : il faut rapporter le coût du démantèlement au prix de l'électricité produite par un réacteur pendant 40 ou 60 ans. Un réacteur de 1 GW produit, chaque année, environ 7 millions de MWh payés (selon la loi NOME) 42 €/MWh, soit 300 millions par an. Les 600 millions pour le démantèlement représentent 2 ans de fonctionnement soit entre 5 et 3 % de ce qu'aura rapporté le réacteur. Pour notre je-sais-tout le nucléaire ne représente que des coûts et pas de production ; mais les ENR ne représentent que des emplois créés et pas de coûts. Allez comprendre. Il faudrait prendre (ou reprendre) des cours d'économie.
Annexe 2 : Le démantèlement, faisable et maîtrisé
Les Etats-Unis possèdent d’ores et déjà l’expérience d’un démantèlement mené à bien sur plusieurs réacteurs électronucléaires de grande puissance. Très proche des réacteurs d’EDF, le réacteur américain de Maine Yankee, REP de 860 MWe, offre la démonstration d’une opération réussie de démantèlement « en vraie grandeur ». Menés de 1997 à 2005, les travaux de démantèlement propremen dits, hors construction de l’installation de stockage de combustible, ont coûté moins de 500 millions de dollars, soit 380 milions d’€ ; là encore, on retrouve donc un ordre de grandeur de coût confirmant les valeurs retenues par EDF (18,4 Md€ pour les 58 réacteurs du parc). Arte n’en a rien dit, ni de la faisabilité du démantèlement ni de son coût constaté.
Dans la filière nucléaire, le côut réel de dementèlement d'un réacteur qui semble se varifier, en pratique, à 15 % environs du prix d'installation de ceci, va bien aider de clarifier l'horizon de l'avenir de cette énergie.
Rédigé par : M. Asghar | 30 mai 2013 à 15h24
Chers responsables de Sauvons Le Climat,
Ce message s'adresse à vous et je tâcherai de vous l'envoyer par email également. Voyez-vous, je n'ai même pas regardé le film ni l'émission à tel point je sais par avance à quoi m'attendre en pareille circonstance, et il est inutile de se faire des nerfs pour rien. 70 % de la population française ignore à quel point sa presse est moscovite, manipulatrice, endoctriante, partisane, médiocre et dénuée de toute dignité dans le rejet de toute objectivité qu'elle se bat pour entretenir. Elle nous dicte sa bienpensance sur tous les sujets de la société, nous privant de toute liberté de pensée. Mais comme je le répète à l'envi à toutes les organisations au sein desquelles je milite, il est inutile de chercher à convaincre des convaincus. Mon point de vue est que vous devez tout faire pour chercher à médiatiser le vôtre ( en ne perdant jamais de vue que vous affrontez des adversaires sans principes, comme vous l'avez montré plus haut ). D'après moi, vous devez trouver les moyens de vous manifester dans la rue pour faire entendre le discours de votre combat. Il est juste, il n'y a pas à en avoir honte ( pour moi, plus juste encore serait de promouvoir le développement d'une filière thorium ) mais nous ne pouvons pas rester dans l'entre-soi.
Rédigé par : Hervé Bérard | 30 mai 2013 à 16h27
ARTE, toujours égal à elle-même. Mais ce n'est pas parce qu'elle est à moitié allemande, mais parce que c'est un repaire de saltimbanques. Elle traite dans le même esprit des sujets non nucléaires.
L'auteur du commentaire précédent a largement raison. Toutefois Le Figaro" est objectif dans le traitement des inconvénients imaginaires des techniques. Dommage qu'il soit sectaire en matière de pure politique. Dommage que son Président préféré, correct sur le nucléaire, a interdit, par pure démagogie, OGM et gaz de schistes.
Rédigé par : Gunther | 30 mai 2013 à 16h51
.
Je ne vois pas ce que les OGM ont à faire avec le réchauffement climatique;
quant au gaz de schiste SLC a toujours été réservé sur l'utilisation des combustibles fossiles.
Enfin EDF - il y a maintenant 10 ans - avait un programme de démantèlement ambitieux ; freiné non par des autorisations mais par les dépenses au moment où allait s'ouvrir le capital.
Pourtant c'est ce genre de travaux qui démontre la faisabilité , bien mieux que des débats d'expert.
Un gouvernement qui gouverne aurait d'ailleurs dû lier les autorisations EPR à une masse (à discuter) d'opérations de démantèlement.
Rédigé par : c10a | 30 mai 2013 à 20h35
OGM, gaz de schistes, nucléaire, et quelques autres sujets ont un point commun : leurs dangers supposés émanent de gens qui manipulent la peut pour acquérir du pouvoir, en attaquant systématiquement toute innovation technique. A mon avis on ne peut défendre le nucléaire sans défendre aussi les gaz de schistes et les OGM, car l'adversaire est le même et utilise les mêmes méthodes de mensonge et de désinformation.
Rédigé par : Gunther | 30 mai 2013 à 23h07
on ne peut défendre le nucléaire sans défendre aussi les gaz de schistes et les OGM
! ! !
Cela va limiter furieusement la défense du nucléaire
! ! !
Rédigé par : Jacques- | 31 mai 2013 à 20h20
L'influence OGM sur le climat ne me semblent pas établie. Pour le gaz de schiste ce peut être un choix d'indépendance nationale qui ne recouvre pas l'objet de SLC. SLC n'est ps plus l'AFIS que l'AFIS n'est SLC.
Rédigé par : Nifenecker | 31 mai 2013 à 20h30
les OGM et le climat sont 2 choses disjointes. Les OGM n'influencent pas le climat comme le nucléaire n'influence pas le climat. Le nucléaire, parce qu'il ne produit pas de CO2, est bénéfique quand il évite des émissions. Si des OGM permettent de limiter les apports d'azote et par là les émissions de N2O, ils sont bénéfiques pour le climat. Mais ni l'OGM, ni le nucléaire, ne sont intrinsèquement favorables au climat. C'est le choix de les utiliser plutôt qu'autre chose qui peut être bénéfique.
Rédigé par : Jean Poitou | 31 mai 2013 à 20h48
Bonjour, je découvre votre site. Je n'ai vu qu'une partie de l'émission de Arte. Intrigué par votre véhémence sur la mauvaise qualité de cette émission, j'ai un peu creusé par moi même histoire de me faire une idée si c'est possible.
N'étant pas ingénieur en nucléaire j'ai donc adopté une démarche plus "globale".
Le royaume uni a démantelé un réacteur expérimental et en a tiré une expérience suffisante pour évaluer le coût du démantèlement de toutes ses centrales (19 sites dont 16 réacteurs et des sites de stockage liés). Le chiffrage me paraît astronomique : 101 milliards d'euros. Re intrigué j'ai été vérifier : effectivement, Tony Blair lui même ainsi que le NDA britannique ont posé un coût de 100 milliards environ prenant tout en compte : le démantèlement mais aussi le coût du stockage dans la durée. Bon ...
dans votre site vous parlez d'un demi milliard d'euro par centrale française. soit 8 milliards d'euros pour 16 centrales UK
reste 92 milliards. OK, nous ne comptons pas en France le stockage des déchets. MAis si c'est pour en fait nous les faire payer plus tard sous une autre étiquette, c'est carrément nous prendre français pour des ... pommes.
Bref soit les british ne savent pas compter, soit nous ne savons pas compter mais il y a un sacré écart pour évaluer le coût d'un démantèlement !
bref aussi bien le reportage de Arte que vos publications me semblent sujets à caution.
Gilles
Rédigé par : Gilles | 13 juin 2013 à 20h59
Il y a une grande différence, c'est que les réacteurs anglais sont de type graphite gaz qui sont caractérisés par une calandre en graphite de grande dimension qui contient deux isotopes particulièrement gênants, le C14 et le Cl36. L'existence de ces isotopes font que ce graphite doit être considéré comme un déchets de moyenne activité à vie longue. Il n'existe pas actuellement de site de stockage définitif de ce graphite radioactif.
De même le réacteur de Brennilis qui était un réacteur à eau lourde gaz n'est pas vraiment représentatif des REP.
ce point a été souligné dans le rapport de la Cour des Comptes http://www.comptes.fr/fr/CC/documents/Synthèses/SynthèseNucléaire.pdf
Rédigé par : Nifenecker | 13 juin 2013 à 22h33