Quatre personnalités politiques éminentes, Messieurs Robert Badinter
1, Jean Pierre Chevènement
2, Alain Juppé
3 et Michel Rocard
4,
viennent de faire paraître dans le « Libération » du 15 octobre, un
appel (reproduit en annexe) s’élevant contre le sabotage du débat sur le
stockage des déchets nucléaires dans l’installation CIGEO et contre les
agressions verbales et écrites dont sont victimes de trop nombreux
scientifiques dont le discours ne passe pas sous les fourches caudines
de certains groupes qui n’acceptent qu’un seule vérité, la leur.
« Sauvons
Le Climat » salue le courage et la perspicacité de ces personnalités
qui ont bien perçu un mal qui ronge la société française, celui de la
méfiance vis-à-vis des chercheurs et inventeurs et du refus des
réalités qui ne se plient pas aux postures idéologiques.
Les
autorités publiques auront-elles le courage et la sagesse de ramener à
la raison les groupes minoritaires pour lesquels les seuls débats
acceptables sont ceux qui ne laissent la parole qu’à leurs amis.
S’opposer physiquement à la tenue de débats publics installés par la
loi est un délit et doit être traité comme tel. Laisser s’établir un
vrai débat vraiment démocratique sur des sujets « tabous » : nucléaire,
OGM, ondes électromagnétiques, nano technologies, éolien, solaire est
un devoir d’Etat. Inutile d’instaurer à grand frais des instances et des
mécanismes de débat démocratique si la moindre minorité peut s’arroger
le droit de les saboter.
« Sauvons
le Climat » dénonce les organisations de toute nature qui affirment
urbi et orbi le manque de débat démocratique et de transparence et
ferment les yeux sur les pratiques d’action directe de leurs amis,
visant à intimider leurs adversaires. Molière les aurait traités de
Tartuffe.
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1 Ancien Ministre, ancien Président du Conseil Constitutionnel
2 Ancien Ministre de la Recherche et de l’industrie, ancien Ministre de l’Education Nationale
3 Ancien Premier Ministre
4 Ancien Premier Ministre
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Annexe
La France a, plus que jamais, besoin de scientifiques et techniciens
Nous
assistons à une évolution inquiétante des relations entre la société
française et les sciences et techniques. Des minorités constituées
autour d'un rejet de celles-ci tentent d'imposer peu à peu leur loi et
d'interdire progressivement tout débat sérieux et toute expression
publique des scientifiques qui ne partagent pas leurs opinions.
L'impossibilité de tenir un débat public libre sur le site de stockage
des déchets de la CIGEO (Le site souterrain de stockage des déchets
hautement radioactifs proposé par l’ANDRA) est l'exemple le plus récent
de cette atmosphère et de ces pratiques d'intimidation, qui spéculent
sur la faiblesse des pouvoirs publics et des élus.
De
plus en plus de scientifiques sont pris à partie personnellement s’ils
osent aborder publiquement et de façon non idéologique, des questions
portant sur les OGM, les ondes électromagnétiques, les nanotechnologies,
le nucléaire, le gaz de schistes….Il devient difficile de recruter des
étudiants dans les disciplines concernées (physique, biologie, chimie,
géologie). Les organismes de recherche ont ainsi été conduits à donner
une forte priorité aux études portant sur les risques, même ténus, de
telle ou telle technique, mettant ainsi à mal leur potentiel de
compréhension et d'innovation. Or c'est bien la science et la
technologie qui, à travers la mise au point de nouveaux procédés et
dispositifs, sontde nature à améliorer les conditions de vie des hommes
et de protéger l’environnement.
La
France est dans une situation difficile du fait de sa perte de
compétitivité au niveau européen comme mondial. Comment imaginer que
nous puissions remonter la pente sans innover? Comment innover si la
liberté de créer est constamment remise en cause et si la méfiance
envers les chercheurs et les inventeurs est généralisée, alors que l’on
pourrait, au contraire, s’attendre à voir encourager nos champions ? Il
ne s'agit pas de donner le pouvoir aux scientifiques mais de donner aux
pouvoirs publics et à nos concitoyens les éléments nécessaires à la
prise de décision.
Nous appelons donc
solennellement les médias et les femmes et hommes politiques à exiger
que les débats publics vraiment ouverts et contradictoires puissent
avoir lieu sans être entravés par des minorités bruyantes et, parfois
provocantes, voire violentes. Il est indispensable que les scientifiques
et ingénieurs puissent s’exprimer et être écoutés dans leur rôle
d’expertise. L’existence même de la démocratie est menacée si elle n’est
plus capable d’entendre des expertises, même contraires à la pensée
dominante.
Robert Badinter, ancien Ministre, ancien Président du Conseil Constitutionnel
Jean Pierre Chevènement, ancien Ministre de la Recherche et de la
Technologie, ancien Ministre de la Recherche et de l'Industrie, ancien
Ministre de l'Education Nationale
Alain Juppé, ancien Premier Ministre
Michel Rocard, ancien Premier Ministre
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