22/05/14
Communiqué SLC
L’objet de ce communiqué est d’apporter quelques éléments de réflexion à la veille de la publication d’un projet de loi sur la transition énergétique qui, nous dit la Ministre compétente, devrait donner « un nouvel élan au développement des énergies renouvelables » tout en limitant la hausse des factures d’électricité. Il traite des externalités des EnRs intermittentes.
Les externalités négatives.
- Déstabilisation des marchés de l’électricité. Les prix observés sur le marché cessent d’être un « signal » indiquant une évolution de la marge du système et donc un besoin en investissement. Tout milite aujourd’hui en faveur d’une aggravation du phénomène.
- Ce qui conduit à la détérioration de la courbe de charge des centrales classiques (thermique à flamme et nucléaire) et, partant, de leur bilan économique et pousse hors marché un nombre croissant de centrales à gaz [1], pourtant nécessaires en absence de vent et de soleil.
- D’où la tendance de certains Etats à intervenir directement pour maintenir la puissance garantie à un certain niveau de défaillance. C’est le « back up ». Et l’on voit se développer au niveau des Etats membres des schémas de paiements de capacité qui pourraient bien conduire à une sorte de renationalisation insidieuse des politiques nationales.
- Création de nouvelles contraintes pour l’ajustement en temps réel offre-demande. L’intermittence introduit une dimension supplémentaire à la problématique dans la mesure où elle accroit considérablement la variabilité de l’offre.
- Renforcement des réseaux au-delà du simple raccordement des réseaux, en réponse à de nouveaux besoins de transport. .
Cette logique qui se déroule sous nos yeux a bien sûr un coût, mais ce coût est difficile aujourd’hui à quantifier dans sa totalité. Il va très au-delà du coût direct, c'est-à-dire de celui de la portion de la CSPE[2] consacrée au soutien des renouvelables.
Aussi, une autre façon d’aborder la question – indirecte celle-là - est de regarder ce qui se passe chez nos voisins allemands.
- Un prix de l’électricité vendue aux ménages allemands, au secteur tertiaire et aux entreprises (exception faite des énergivores exportateurs) qui est de l’ordre du double de celui payé par les ménages français.
- Un soutien aux EnRs en constante augmentation et qui aura atteint en 2013 quelque 24 milliards d’€ (contre 3,19 en France pour ces trois filières que sont l’éolien, le solaire et la biomasse).
- Une facture pour l’acheminement de nouveaux besoins de puissance (transport et distribution) de 74 milliards d’€ contre 41 en France (en 2012).
Les externalités positives
Elles dépendent, comme les précédentes, de la structure du système électrique. La structure du parc français n’est pas favorable à la valorisation des atouts des sources intermittentes. En effet :
- Les EnRs et la décarbonation : en France, pays dont l’électricité est déjà largement décarbonée, l’apport des EnRs est nul.
- Les EnRs et la sécurité d’approvisionnement. En France, le combustible majoritaire - l’Uranium - se stocke facilement ; il ne représente d’ailleurs qu’une fraction très faible du coût total de production.
- Les EnRs et la balance des paiements. Celle-ci dépend de la balance commerciale spécifique au secteur, notamment des importations en équipements
- Les EnRs et l’emploi. L’effet sur l’emploi nécessiterait des études approfondies. Il dépend de la balance entre emplois créés et emplois détruits. Il dépend également de l‘importance respective des importations et des exportations.
Conclusion
Il y a donc urgence à ce que cette question soit étudiée. En attendant, la plus grande prudence s’impose surtout si, comme le souhaite la Ministre le développement des EnRs ne doit pas se faire aux dépens de la facture des ménages
*
Ces différents points sont développés dans l’étude consacrée à ce même thème que l’on trouvera sur le site de SLC (www.sauvonsleclimat.org). On trouvera également sur ce site de nombreuses études sur la politique européenne de l’électricité.
[1] E.On vient d’annoncer la fermeture anticipée de la centrale nucléaire de Grafenrheinfeld (1345 MW) en Bavière.
[2] Le montant total mis à la charge des consommateurs est plafonné par le gouvernement, la différence figurant dans les comptes de EDF dans un poste « créance ». Les renouvelables bénéficient également à des titres divers d’avantages tels prêts à taux zéro, garanties etc qui sont autant d’aides d’Etat.
Il est claire que l'on ne peut pas éviter le développement de ces ENRs intermittentes - même en France bien irriguée par l'énergie nucléaire. Donc, on sera obligé d'avoir des autonomes "back up" systèmes pour les périodes creuses dont le plus économe pourrait être le stockage de surplus d'énergie produite par ces ENRs pendant les périodes fastes.
Rédigé par : M. Asghar | 24 mai 2014 à 14h50
M. Asghar > Il est claire que l'on ne peut pas éviter le développement de ces ENRs intermittente
Pas sûr. Avec une économie sans croissance et des autorités bruxelloises qui imposent une politique de déflation, il va y avoir de moins de moins d'argent à gaspiller.
Rédigé par : Vincent | 27 mai 2014 à 02h09