Sauvons Le Climat (13 juin 2014)
Le GIEC comporte trois groupes :
· le GRI décrit Les éléments scientifiques concernant l’évolution du climat.
· Le GRII évalue les Impacts, adaptation, vulnérabilités de cette évolution.
· Le GR III étudie les stratégies permettant l’atténuation du changement climatique.
Le Groupe III a publié son rapport en Avril 2014. Ce rapport est important puisqu’il influera sur les états lorsqu’il s’agira de définir leur politique énergétique, aussi bien en ce qui concerne l’efficacité énergétique que la définition d’un mix électrique. En ce qui concerne ce dernier, il existe actuellement des différences de stratégies importantes entre pays, selon qu’ils envisagent ou non de sortir du nucléaire en recourant plus longtemps à l’usage de combustibles fossiles pour la production d’électricité. Les deux stratégies sont illustrées par celles de la France et de l’Allemagne. On pouvait donc espérer que les deux choix possibles seraient exprimés de façon équitable au sein du GRIII.
Il y a 3 co-présidents dans le GR3, un Cubain, un Allemand (Ottmar Edenhofer), un malien. Parmi les 6 vice-présidents il y a un Britannique, un Italien mais aucun Français.
Le rapport du GRIII contient évidemment la liste des auteurs. On peut alors juger du « rapport des forces ». Et la surprise est amère. Pour les 16 chapitres du rapport on compte 8 auteurs travaillant dans des institutions ou universités françaises à comparer à 73 auteurs allemands ! Si on limite le décompte aux auteurs principaux on trouve 5 français travaillant dans des institutions ou universités françaises à comparer à 27 allemands. La contribution allemande n’est dépassée que par celle des USA avec 49 auteurs. Le Royaume Uni en compte 14, les Pays Bas et l’Italie 9 chacun.
Certains chapitres sont particulièrement importants.
Le chapitre 6 traite de l’évaluation des trajectoires de transformation (Assesment of Transformation Pathways). Pour 1 français (Jean Charles Hourcade), on compte 13 allemands.
Le chapitre 7 traite des systèmes énergétiques : aucun français (où est passé EDF ?) , 8 allemands.
Le chapitre 16 traite des questions de coûts d’investissement et de finances : aucun français, 3 allemands.
L’annexe 3 traite des coûts spécifiques des technologies et des performances : pas de français, 5 allemands.
Parmi les rédacteurs du résumé pour décideurs (SPM) on compte un français travaillant pour l’OCDE et un autre travaillant à l’université de Princeton, pour 16 allemands. Aucun français travaillant dans une institution française.
Pour le Groupe I les auteurs français du résumé pour décideurs étaient au nombre de 4 pour 6 allemands.
La faible représentation de la France dans le Groupe III était-elle délibérée ? Ou bien résulte-t-elle d’un dysfonctionnement du Ministère de l’Ecologie (en 2008-2009) chargé de fournir une liste d’auteurs possibles au GIEC ?
Quoiqu’il en soit, cette faiblesse de la contribution française est un scandale et exige que la lumière soit faite pour comprendre comment elle a pu être possible.
Compte tenu de la composition du GR3 il ne faut pas s’étonner d’une tonalité anti-nucléaire du résumé pour décideur (SPM) avec l’évaluation suivante[1] :
L’énergie nucléaire est une méthode mature de production d’électricité de base et à faible émission de CO2, mais sa part dans la production mondiale d’électricité décline depuis 1993. Elle pourrait fournir une contribution bas carbone croissante à la production, mais plusieurs barrières et risques s’opposent à son développement (évidence robuste, haut niveau d’accord).
Sont inclus les risques opérationnels et les préoccupations associées, les risques de l’extraction minière de l’uranium, les risques financiers et réglementaires, les problèmes non résolus de la gestion des déchets, la prolifération des armements nucléaires et une opinion publique hostile (évidence robuste, haut niveau d’accord)
De nouvelles technologies pour le cycle des combustibles et les réacteurs qui permettraient de surmonter ces obstacles sont l’objet de recherches développement et des progrès ont été faits concernant la sûreté et le stockage des déchets.
Cette phrase contredit la politique du gouvernement français qui propose de garder un haut niveau (50%) de nucléaire dans le mix électrique français. Même en passant de 75 à 50%, la France restera le pays le plus "nucléarisé" du monde et, par voie de conséquence, un de ceux dont le secteur électrique est le moins émetteur de CO2..
Dans le SPM, seul le nucléaire voit égrener ses défauts.
Par ailleurs, cette façon de présenter le nucléaire est outrageusement partiale :
· Comment peut-on dénoncer les risques des mines d’uranium et ne pas dire un mot sur ceux des mines de charbon ?
· Comment parler de risques opérationnels du nucléaire sans dire un mot de ceux des industries du gaz, des barrages hydroélectriques, de l’exploitation de la biomasse etc.
· Pourquoi taire que jamais un programme militaire n’a été la conséquence d’un programme civil préexistant.
· Les déchets nucléaires sont contrôlés et confinés contrairement aux gaz, poussières et déchets solides produits par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz.
Le tableau ci-dessous établie par le magazine Forbes (http://www.forbes.com/sites/jamesconca/2012/06/10/energys-deathprint-a-price-always-paid/) montre à quel point il est malintentionné de ne citer que les risques liés au nucléaire.
Technique |
Décès pour 1000 TWh |
Charbon (monde) |
170000 |
Charbon (USA) |
15000 |
Pétrole |
36000 |
Gaz naturel |
4000 |
Biomasse |
24000 |
Photovoltaïque |
440 |
Eolien |
150 |
Hydroelectricité |
1400 |
Nucléaire |
90 |
Nombre de décès par 1000 TWh d’énergie finale pour différentes techniques.
La table tient compte des victimes de Tchernobyl and Fukushima.
Les représentants des gouvernements, réunis à Berlin du 7 au 12 avril 2014 ont approuvé le Résumé pour Décideurs du Group III (AR5) et accepté ses évaluations scientifiques et techniques.
Comment se fait-il que le Gouvernement Français ait accepté un tel résumé contraire à sa politique de maintien d’un haut niveau de contribution du nucléaire à sa production d’électricité ?
[1] Nuclear energy is a mature low-GHG emission source of baseload power, but its share of global electricity generation has been declining (since 1993). Nuclear energy could make an increasing contribution to low carbon energy supply, but a variety of barriers and risks exist (robust evidence, high agreement).
Those include:
operational risks, and the associated concerns, uranium mining risks, financial and regulatory risks, unresolved waste management issues, nuclear weapon proliferation concerns, and adverse public opinion (robust evidence, high agreement). New fuel cycles and reactor technologies addressing some of these issues are being investigated and progress in research and development has been made concerning safety and waste disposal.
Le groupe III du GIEC est à l'image des deux autres ; aucune confiance ne peut être accordée à ce Groupe intergouvernemental constitué de gens piégés et condamnés à ne jamais sortir de la gageure impossible devant laquelle on veut placer les gouvernements de tous les pays du monde!
Rédigé par : Dulieu Hubert | 13 juin 2014 à 10h57
Le GIEC en tant qu'institution est problématique à plusieurs titres.
Tout d'abord, ce n'est pas, dans sa conception globale, une véritable institution d'expertise scientifique et technique. Le Groupe I correspond au standard de l'expertise scientifique. Le caractère hybride de l'institution GIEC, typiquement du Groupe III, de façon moindre du Groupe II, est pointé par de nombreux observateurs. Les communications de certains porte-parole du GIEC ont contribué à générer cette impression de mélange des genres - jusqu'à y compris les candidatures politiques de Jouzel et Masson-Delmotte aux dernières européennes sur une liste écologiste -. Je ne suis pas étonné de ce que SLC montre aujourd'hui pour le GR III. J'enrage contre les dommages collatéraux que cela va générer en jetant le discrédit sur le travail du GR I.
Le second point point que met en lumière votre communiqué c'est le caractère néfaste de l'aspiration à une gouvernance planétaire même si je vous trouve bien gentils avec le gouvernement français (je suis totalement opposé à cet objectif de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production de l'électricité : cela n'a aucun sens quelque soit la façon dont on le prenne : maîtrise des émissions de gaz à effet de serre, maîtrise des coûts, indépendance nationale, maîtrise des réseaux,..., jusqu'à y compris le bilan sanitaire que vous évoquez - sauf à se mettre dans la perspective de la décroissance et du suicide national -).
Rédigé par : Rafael | 13 juin 2014 à 12h52
Cette comparativement très faible représentation de la France dans le Groupe III est réellement infligeant. Evidemment, cette absence est due au manque de "motivation" des autorités concernées et peut-être aussi due à la barrière de la langue: anglaise, utilisée exclusivement dans ces forums.
Rédigé par : M. Asghar | 13 juin 2014 à 12h57
Intéressant commentaire sur la diminution de l'influence de notre pays, malheureusement contredit par les fautes hénaurmes de langue qu'il contient. Doit-on vraiment rappeler que l'on écrit "un Français" et "le gouvernement français", que "quoi qu'il en soit" ne s'écrit pas "quoiqu'il en soit", etc. etc. Si les Français ne respectent pas (ou n'apprennent même pas) leur propre langue, comment s'étonner que l'importance de notre culture dans le monde s'évanouisse inexorablement? Jean-Pierre Dupuy, professeur à l'université Stanford, Californie.
Rédigé par : Jean-Pierre DUPUY | 13 juin 2014 à 15h49
à Hubert Dulieu
Je connais personnellement plusieurs auteurs du dernier rapport du groupe I du GIEC. Difficile de trouver des personnes plus intègres, et ils ne se laissent pas piéger.
Rédigé par : Jean Poitou | 13 juin 2014 à 16h34
Au Professeur Dupuis
Heresemant ke vou ete la pourre sauvé notre povre france. Suremant les américains ne fon pas de fotes d'ortograf et cé pour sa kils domine le Monde
Rédigé par : Nifenecker | 13 juin 2014 à 18h59
Jean-Pierre DUPUY
Une langue qui est une entité vivante, ne peut pas être plus efficace et créative pour la culture que son dynamisme général dans le monde. Et continuer de clamer simplement "à la française" matin au soir ne porte pas grande chose.
Rédigé par : M. Asghar | 17 juin 2014 à 20h54