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Dans la force de l'âge.
Les plus anciens réacteurs REP français (par exemple les réacteurs de Fessenheim 1 et 2, Bugey 2) viennent de dépasser 30 ans de fonctionnement. A cette occasion, des anciens d'EDF, membres de "Sauvons le Climat", ont attiré notre attention sur un débat, crucial, celui de l'espérance de vie des réacteurs actuellement en fonctionnement. En effet, nul n'ignore le souhait de certains de mettre hors service la plus ancienne de nos centrales, celle de Fessenheim, sous prétexte qu'elle serait trop vieille .
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Leur contribution , (1)basée sur un état des lieux des réacteurs en fonctionnement dans le monde d'une part, une description des méthodes de maintien du parc nucléaire français en conditions opérationnelles d'autre part, révèle que "30 ans, c'est la pleine force de l'âge". Et c'est bien ce que considère implicitement la quasi-totalité des exploitants de par le monde tant il est patent que :
120 réacteurs sont d'ores et déjà trentenaires;
parmi eux, la moitié des 104 réacteurs américains, dont Beaver Valley, la centrale de référence de ... Fessenheim;
mais aussi des réacteurs allemands(5), belges, espagnol, finlandais, néerlandais, suédois et suisses (3, sur l'Aar, non loin de ... Bâle), tous pays réputés pour leur souci de protection de l'environnement.
Mieux, certains de ces pays, loin de concrétiser leur décision de sortir du nucléaire, ont parfois augmenté la capacité de production de leurs installations (les 5 réacteurs suisses, Ringhals, Borssele, notamment). Enfin, plusieurs pays ont d'ores et déjà autorisé des réacteurs à aller jusqu'à 60 ans : c'est le cas de la Finlande (Olkiluoto), de la Hollande (Borssele) ... mais, surtout, de 48 réacteurs américains. Tout montre que la plupart des réacteurs actuellement opérationnels seront ... sexagénaires !
La politique française de surveillance des installations nucléaires est très spécifique. Contrairement à la Nuclear Regulatory Commission américaine, qui délivre des autorisations globales (aux Etats Unis, 12 réacteurs ont d'ores et déjà une "assurance" de vie au-delà de ... 2040), notre Autorité de Sûreté Nucléaire procède, tous les dix ans, à un examen de sûreté auquel est asservie la délivrance d'une autorisation du réacteur concerné pour la décennie suivante. Comme on le voit, il s'agit d'une autorisation temporaire et sous condition, d'autant que des aménagements sont exigibles de l'exploitant EDF au cours de chaque "visite décennale" (tous les composants électro-mécaniques sont échangeables, hormi la cuve elle-même et l'enceinte d'étanchéité). Même si le pouvoir discrétionnaire de l'ASN est énorme (la mise ou le maintien à l'arrêt d'un réacteur est une mesure envisageable, et l'ASN ne se prive pas de le faire savoir), cette démarche nous apparaît comme une garantie essentielle pour la population (et le personnel de ces centrales).
Aussi n'y a-t-il, à nos yeux, aucune raison d'ériger un critère d'âge-limite pour des tranches nucléaires dont l'aptitude à fonctionner est en permanence sous contrôle d'une autorité indépendante d'EDF. Seul doit compter l'état réel du réacteur.
(1) http://sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/Duree_de_vie.pdf
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