Le 20 Août, le magistrat en charge du dossier a
classé « sans suite » une procédure engagée contre une organisation
antinucléaire pour divulgation d’un document classé « confidentiel
défense », document provenant d’EDF et concernant le réacteur EPR.
Je ne commenterai pas la clémence de la justice en
cette affaire, mais il est vrai que beaucoup de citoyens de bonne foi se posent
la question : « Pourquoi une industrie nucléaire, qui se
proclame et se veut transparente, garde-t-elle des secrets auxquels le public n’a
pas accès ? » D’autant plus qu’une loi française, loi 2006-686, dite
TSN, du 13 juin 2006, légifère justement sur la transparence et la sécurité en
matière nucléaire.
Dans l’Article 1 de la loi TSN, il est dit :
« La
sécurité nucléaire comprend la sûreté
nucléaire, la radioprotection, la prévention et la lutte contre les actes de
malveillance, ainsi que les actions de sécurité civile en cas d'accident.
« La
sûreté nucléaire est l'ensemble des
dispositions techniques et des mesures d'organisation relatives à la
conception, à la construction, au fonctionnement, à l'arrêt et au démantèlement
des installations nucléaires de base, ainsi qu'au transport des substances
radioactives, prises en vue de prévenir les accidents ou d'en limiter les
effets.
« La
transparence en matière nucléaire est
l'ensemble des dispositions prises pour garantir le droit du public à une
information fiable et accessible en matière de sécurité nucléaire.
En matière de sûreté, la règle de base est la
transparence, et les documents qui la concernent sont accessibles à tout
citoyen désireux de se faire sa propre opinion et assez courageux pour absorber
d’épais dossiers très techniques et souvent arides. Il y a bien sûr des
détails, de fabrication de certains composants par exemple, qui sont couverts
par le secret industriel banal. Cet
accès ne met pas en cause la sûreté : décrire les systèmes de secours
prévus pour refroidir le cœur d’un réacteur en cas de défaillance du système
normal n’affectera en rien la fiabilité et le fonctionnement de ces
systèmes !
Mais la sécurité comporte aussi la protection et la lutte contre la
malveillance et le terrorisme, et là, c’est une autre paire de manches. La
divulgation des caractéristiques des systèmes de protection mis en place, et
donc, le cas échéant de leurs points sensibles, risque de faciliter les actions
malveillantes et donc de diminuer la sécurité : la transparence serait
alors nuisible ! C’est un peu comme
si, par souci de transparence, on exigeait des banques qu’elles rendent
publiques la combinaison de la salle des coffres et l’emplacement de leurs clés
ainsi que celui des caméras de surveillance…
Il est non seulement normal mais
essentiel que ce genre de dispositifs et de dispositions restent confidentiels,
de même que les mesures de protection des matières nucléaires dont on veut prévenir
le détournement.
Divulguer un document de cette
nature est criminel, comme sont
criminelles les menaces de mort dont ont été victimes cet été des élus locaux
qui avaient démocratiquement porté leur commune volontaire pour accueillir un
stockage de déchets nucléaires de faible activité et longue durée de vie… mais
ceci est une autre histoire.
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