Le but de la taxe carbone n’est pas de lever des fonds pour répondre à un besoin, mais plutôt d’induire un changement des comportements. Certes, par conviction, certaines personnes sont susceptibles de limiter volontairement leurs émissions de gaz à effet de serre pour éviter de bouleverser le climat de notre unique planète. Il n’en reste pas moins qu’un signal prix significatif conduira un plus grand nombre de citoyens à adopter une démarche de ce type. Pour que ce signal soit perçu, il convient qu’il soit assez fort.
Cependant, le changement de comportement ne peut être instantané, ne serait-ce que parce que les solutions de rechange ne sont pas toujours disponibles. Il est donc judicieux d’envisager une croissance progressive et continue de la taxe de façon à donner des perspectives à long terme permettant de planifier les investissements, en toute connaissance des conditions de leur amortissement. On peut même éviter ainsi les chocs économiques liés aux variations du prix du baril de pétrole, en faisant varier le montant de la taxe de façon à ce que le prix de vente au consommateur du litre d’essence varie de façon connue à l’avance.
Le terme ultime est d’ailleurs un rendement nul de cette taxe pour l’état, plus aucun dispositif du commerce ne faisant appel à des combustibles fossiles. Toutes ces considérations s’appliquent à l’échelle de l’économie mondiale, mais si la taxe n’est appliquée que dans certains pays, il faudra prendre des mesures complémentaires pour éviter qu’une taxe mal conçue se traduise par un déplacement des émissions et non par une réduction de leur valeur mondiale qui constitue le but à atteindre.
La fiscalité n’est pas pour autant le seul moyen de diminuer les agressions contre l’environnement. La réglementation relative à l’isolation des bâtiments, la consommation des automobiles, la limitation de leur vitesse peuvent conduire à des gains substantiels. Les progrès technologiques peuvent eux aussi contribuer à la satisfaction de nos besoins, tout en diminuant les dommages écologiques.
Le soleil envoie sur notre Terre une énergie qui représente 10 000 fois l’énergie commercialisée. A elle seule, cette source renouvelable est donc potentiellement apte à répondre à tous nos besoins, lorsque nous aurons appris en récupérer une petite fraction à notre profit.
Le développement des technologies de l’information et de la communication conduit à une économie de plus en plus fondée sur la vente de services plutôt que de produits. Or, le traitement de l’information peut parfaitement se faire à distance et plutôt que de passer chaque jour plusieurs heures sur le trajet domicile travail, on peut raisonnablement penser que le travail à domicile ou dans un établissement tout proche de son domicile va se substituer aux pratiques de travail en atelier héritées du XIXème siècle et que l’énergie dépensée dans les va-et-vient domicile-entreprise va diminuer, sans que la qualité de vie en souffre, bien au contraire.
Enfin, il n’est pas interdit d’espérer que les Hommes prendront conscience que certains comportements sont déraisonnables et les corrigeront d’eux-mêmes : prendre sa voiture pour aller à la boulangerie voisine avant d’aller faire un footing pour prendre un peu d’exercice physique ou se laisser convaincre d’acheter une voiture tout terrain, inutilement grosse et puissante, difficile à garer et chère à utiliser, alors qu’on ne circule qu’en ville, sauf rarissime exception.
Michel Petit
C'est hallucinant de voir que nos dirigeants, qui sont par ailleurs les Maîtres de la Com , se tirent une balle dans le pied en qualifiant ce système de taxe.
- d'abord il y a redistribution (au moins dans le principe mais c'est déjà ça)
- ensuite on peut s'y soustraire (au moins partiellement et c'est pas négligeable).
A l'inverse de tous les systèmes qui n'ont jamais eu cette appellation et qui ont fait "banquer" sans vergogne. Ainsi de la législation sur les ascenseurs lancée par un Ministre de l'Equipement fin 2002 qu'on n'a pas appelé "taxe DE ROBIEN" ni même "taxe en faveur des ascensoristes"
Rédigé par : CA | 04 octobre 2009 à 21h13
Qu'on l'appelle taxe ou pas, ce que le grand public ne comprend pas, c'est comment échapper à cette taxe en "décarbonant" sa consommation.
Où sont les offres alternatives qui permettraient de modifier son mode de consommation? Et même si une offre était disponible, où trouver la trésorerie pour faire face au surcoût? La redistribution ne résout pas le problème, puisque l'on paie la taxe avant d'être remboursé. Si la taxe était importante, et que son produit était versé avant son paiement, alors l'offre alternative aurait une chance de se développer!
Rédigé par : Ste | 08 octobre 2009 à 21h45
J'évite de parler à la place des autres ; il s'agit ici d'un ressenti personnel conforté il est vrai par les réactions de proches.
-1 Le prix du carburant a sur moi une influence indéniable dans ma vie de tous les jours ; ceci dit je ne vais pas sortir ma voiture exprès à la suite d'une baisse significative des prix ; de même je continuerai à faire certains trajet même si le carburant augmente. Mais globalement ma consommation va s'en ressentir, offres alternatives ou non!
-2 L'évolution des prix est une incitation à plus long terme ; en disant les choses honnêtement, je serais assez déprimé, après un investissement significatif dans le sens des économies d'énergie, de voir le carburant baisser! C'est là que les dispositions sur le carbone doivent jouer leur rôle en s'affirmant évolutives. C'est la montée des prix , ressentie au printemps 2008 comme inéluctable, qui a fait changer quelques comportements.
Rédigé par : CA | 10 octobre 2009 à 07h55
Il est assez extraordinaire de voir autant de gens prétendre qu'il n'y a aucune possibilité de diminuer sa consommation d'énergie,et en particulier de carburants, pour faire face à la "taxe carbone". Or il suffit de modérer sa vitesse sur son trajet habituel pour récupérer cette taxe, et bien au-delà: 10% de diminution de vitesse sur ses trajets habituels entraîne une diminution de consommation de 20%!En somme, pour la plupart des conducteurs, le simple respect des limites de vitesse serait amplement suffisant pour absorber les effets de la taxe pendant les 5 ans à venir.La pratique de l'écoconduite, c'est encore 5 à 10 %. Tout cela ne nécessite aucun investissement! Mais si l'on évoque ce problème dans une réunion, on voit tous les visages se fermer!D'autre part,l'offre des constructeurs en voitures à faible consommation commence à être bien étoffée. La taxe aidera sans doute les conducteurs à choisir de préférence des voitures moins gourmandes quand ils auront à changer de véhicule.Une diminution de la consommation de carburants pèsera également à la baisse sur la consommation de pétrole, et donc sur son prix. Si tout le monde s'y met en Europe, qui consomme plus de pétrole que les Etats-Unis l'effet sera très significatif et cela laissera du temps pour la mise en place de substituts.
La situation est par contre difficile dans le domaine du bâtiment,quand celui-ci est mal isolé, ce qui est le cas général en France. C'est pourquoi, plutôt que dépenser des sommes de plus en plus folles dans l'éolien et le solaire, il serait bon d'aider les gens à mieux isoler leur maison.
Rédigé par : B.Durand | 18 octobre 2009 à 08h33
@ B.Durand
"si l'on évoque ce problème , on voit tous les visages se fermer!"
Je pense que ça change ; je constate assez souvent sur Autoroute une file à ~110-115 et une autre à ~125-130 ; si l'on se reporte 10 ans en arrière...
Les néo-ruraux ont parfois des 4x4 mais bcp ont profité des bonus sur les petites voitures économiques.
Rédigé par : CA | 19 octobre 2009 à 12h13
@ B.Durand et CA
j'essaie de suivre vos arguments, sans parler des témoignages des autres au nom desquels je me suis déjà exprimé: on pourrait donc échapper à 5 % de la taxe carbone, peut-être 10%? C'est fantastique!
Je persiste et je signe:
- je prends souvent l'avion pour des déplacements indispensables et non électrifiables;
==> solution pour décarboner = convertir les turboréacteurs aux bio-esters (transformation facile et déjà disponible pour les modèles les plus courants, mais la production et la distribution de carburant ne suivent pas).
- nous sommes 7 à devoir nous déplacer plusieurs fois par jour en voiture à des horaires différents faute de transport en communs. Hors, nous n'habitons qu'à 6 km du centre ville!
==> solution pour décarboner = véhicule électrique + production électrique sans CO2, mais où sont ces véhicules et comment se débarrasser des centrales au fuel, au gaz et au charbon?
C'était juste deux points pour montrer que la solution n'est pas à la portée du particulier et qu'il ne peut pas échapper à la taxe carbone actuellement. Il y en a des centaines d'autres.
Stephan
Rédigé par : Stephan | 21 octobre 2009 à 02h29
Digression: oublions un instant l'éolien, le nucléaire, le solaire et tutti quanti pour nous arrêter sur l'idée aussi simple que peu glorieuse de la couette, des chaussettes de laine et du gros pull-over: se couvrir chaudement à la maison permet de vivre agréablement à 16°c et d'économiser de 25 à 30% sur les dépenses de chauffage qui assureraient 20°c. Après tout, lorsqu'il fait froid, les pouvoirs publics ne nous chauffent pas les rues! Il y fait pourtant bien moins que 16°c.
Cette solution a le double mérite de n'impliquer ni investissements, ni subventions et d'être opérationnelle immédiatement.
J'ai 77 ans et m'accommode fort bien de 16°c, voire 15, même dans mon bureau où je ne m'agite guère. C'est une question d'habitude: elle se prend vite, progressivement dès le début des frimas.
Le seul vrai problème se pose lorsque nous recevons, impromptu, des visiteurs.
Quand on interroge des gens qui ont connu, de 1940 à 1945, l'occupation allemande, ils disent avoir eu faim, avoir eu peur, avoir déploré moult morts violentes, l'absence du mari prisonnier, les pires détresses; il est très rare qu'ils se plaignent d'avoir eu froid. Et pourtant il fit froid, bien froid.
"Ah mais on n'est pas en guerre!!" diront certains. Eh bien si, justement, nous sommes en guerre: une guerre économique, une lutte pour la protection de l'environnement et, très immédiatement, celle du climat. Comme à la guerre militaire il faut agir vite avec tout l'arsenal disponible. Rien n'est disponible plus rapidement que le gros chandail.
La plaquette de SLC, que j'ai découverte avec beaucoup d'intérêt (www.sauvonsleclimat.org), évoque cette idée en sa page 26: elle y est traitée très brièvement, un peu comme si les auteurs en avait honte alors que c'est peut-être la meilleure idée (sur le plan de l'efficacité des ressources financières) de cet excellent document.
JF
Rédigé par : Jacques Frot | 22 octobre 2009 à 14h00
..
Je comprends tout à fait cette intervention à ceci près qu'on est quand même dans une guerre très particulière qui exige beaucoup de souplesse.
On ne peut, notamment, instaurer une discipline rigide.
Ce qui est positif c'est qu'on sente que chacun cherche à faire un effort même si par ailleurs il n'est pas exemplaire partout . Et le mieux c'est encore de le savoir et d'en avoir bien conscience.
Dernièrement Nicolas Hulot est intervenu sur une chaîne à forte écoute. Et dans la conversation il sort quelque chose comme "bien sûr que j'éteins la lumière en sortant d'une pièce, c'est quand même la moindre des choses" Cette remarque m'a fait un peu tiquer.
Le lendemain, sur le Web , c'était un vrai déchaînement : "NH a déjà oublié qu'il lui fallait 3 hélico pour le moindre Ushuaï ; ou bien "calcule t il sa consommation de kérosène quand il fait un petit tour en avion de chasse ?" etc etc
Rédigé par : CA | 24 octobre 2009 à 21h37