Hervé Nifenecker
Je viens d'entendre un débat entre Allègre et Yannick Jadot sur France Inter. Allègre commence par des propositions tout à fait raisonnables (diminuer la consommation des combustibles fossiles, développer les voitures électriques, avancer la Génération 4 etc.). Sur ce point Jadot était plutôt sur la défensive. Puis on en est venu aux questions scientifiques et Allègre a complètement perdu son sang froid, considérant que les climatologues ne sont pas des scientifiques, que Jouzel est un simple géochimiste (à l'origine, avec Claude Lorius, de l'analyse des carottes polaires, médaille d'or du CNRS, quand même). Sa défense de sa falsification de la courbe de Grud était minable: "c'est pas moi, c'est mon éditeur". Il nie le concept même de température moyenne mais s'appuie sur ce concept en utilisant une mesure locale en Suède pour affirmer péremptoirement qu'il faisait plus chaud en l'an mille que maintenant (il aurait dû au moins préciser "en Suède"; de plus quelle importance, compte tenu des erreurs importantes sur la reconstruction des températures qu'il ait fait plus ou moins chaud en l'an mille? La seule chose qu'on puisse dire c'est que l'argumentation simpliste affirmant que la terre n'a jamais été aussi chaude depuis 1000, 10000 ou 100000 ans ne démontre rien). Celui qui paraissait raisonnable était Jadot.
Dès qu'on parle de climatologues Allègre voit rouge. Est-ce que cela cache le fait que, comme directeur de l'IPGP, il a laissé passer le coche?
Voilà ce que je reproche à Allègre: par son discours pseudo scientifique délirant il démonétise le discours raisonnable du citoyen que nous voulons tenir. Allègre ne sort ni grandi ni renforcé de son affrontement avec Jadot qui , lui, apparaît comme un homme raisonnable et posé. Nous n'avons vraiment pas besoin du bouffon Allègre pour défendre nos propositions!
Je reconnais que Cl Allègre aurait pu s'exprimer avec moins d'animosité. A son tour, Y Jadot ne s'est pas gêné pour lui couper la parole...
Au-delà de la polémique, ne perdons pas de vue le plus grave: Y Jadot, député européen, Europe Ecol, fait partie de ces anti-nucléaires dogmatiques qui font rêver avec la "croissance verte" ou la "sobriété heureuse" , qui prônent la sortie du nucléaire et contribuent à la désinformation du public sur ce sujet. Cl Allègre, lui, a pris depuis longtemps position en faveur du développement du nucléaire, particulièrement la génération 4, réactiver le programme de surgénérateurs sans tarder
(peu de monde l'a fait, Cl Allègre et H Nifenecker ont fort justement argumenté dans ce sens).
D'un côté, SLC semble donner le beau rôle à un anti-nucléaire notoire, d'un autre SLC dénonce justement les mensonges proférés par le mouvement SDN (votre bon argumentaire du 11 mars dernier),
quelque chose m'échappe...
Je comprends l'agacement de Mr H Nifenecker devant certains propos ou attitudes de Cl Allègre.
Mais, au fond, sur l'essentiel, Cl Allègre n'est pas si éloigné de SLC...
Après le débat de ce matin, on dirait que les journalistes prennent un malin plaisir à organiser ds confrontations qui tournent vite à l'affrontement spectaculaire, c'est bon pour l'audience mais pas pour la réflexion de fond. Dommage, cela nuit à la bonne compréhension du public sur un sujet complexe. A la limite, le piège était gros, on pourrait reprocher à Cl Allègre d'être tombé dedans.
Rédigé par : Philipe Hélaine | 31 mars 2010 à 16h53
Je sais très bien qui est Yannick Jadot, ancien directeur de Greenpeace France et ne partage absolument pas son approche, hostile au nucléaire, au captage stockage du CO2, au grand hydraulique et se faisant des illusions (mais sont-ce des illusions?) sur l'éolien et le solaire, ce qui nous envoie droit dans le mur du réchauffement. Je regrette donc de voir les idées saines que nous partageons avec Claude Allègre concernant les techniques à mettre en oeuvre se trouver en difficulté du fait du comportement de ce dernier.
Rédigé par : hervé | 31 mars 2010 à 17h57
Je suis entièrement d'accord avec Hervé Nifenecker. Cl Allègre s'est montré maladroit, voilà l'exemple des erreurs à éviter dans la "forme d'expression" pour faire progresser nos idées et démontrer que nos contradicteurs "écologistes" se trompent lourdement. Il faut poser le débat et non jeter de l'huile sur le feu.
Rédigé par : Philipe Hélaine | 31 mars 2010 à 19h01
Je n'ai pas vu cette confrontation ; mais une autre et Claude ALLEGRE faisait vraiment penser aux négationnistes du 11 SEPTEMBRE avec un comportement très très limite !
Rédigé par : CA | 31 mars 2010 à 21h42
J'ajoute un exemple des incohérences de Allègre. Il affirme que l'augmentation du CO2 n'a pas d'influence sur la température (les climatologues se trompent et ne sont d'ailleurs pas de vrais scientifiques, et puis, ils manient la peur). Et pourtant Allègre dit aussi qu'il faut diminuer les émissions à cause de l'acidification de l'océan. J'en déduit qu'il croit ce que disent les océanographes (alors que ceux-ci sont aussi partie prenantes dans le GIEC). Qu'est ce qui l'amène à croire plutôt les océanographes que les climatologues? Peut être parce que dans climatologue il y a la racine logos (parole en grec) et dans océanographe la racine graphein (écrire en grec)? Les uns parleraient et les autres écriraient, ce qui est plus sérieux....Allègre montre qu'on peut dire des bêtises aussi bien en parlant qu'en écrivant, même lorsqu'on est académicien des sciences et titulaire de nombreuses médailles.
Et puis, si on n'a pas peur du réchauffement climatique pourquoi avoir peur de l'acidification? C'est à n'y plus rien comprendre!
Le résultat c'est que, de plus en plus nombreux, sont ceux qui ne voient plus pourquoi il faudrait diminuer les émissions de CO2 et ceux qui ne croient plus au discours des scientifiques. Dans ces conditions pourquoi ne pas revenir au bon vieux charbon pour produire de l'électricité et, même, des carburants liquides. Et pourquoi se soucier de la capture du CO2?
Rédigé par : nifenecker | 31 mars 2010 à 23h33
Avec Philipe Hélaine, je trouve qu'Allègre a défendu (dans un autre contexte ? indépendance énergétique ?) la grande hydraulique, le nucléaire, la voiture électrique. De plus, il admet maintenant l'acidification des océans. Mais il veut croire que le réchauffement est un simple phénomène naturel, transitoire, ponctuel, comme il y en aurait eu dans le passé (Moyen âge et Vikings au Groenland), phénomène donc décorrélé par rapport au CO2 (pas d'excès de CO2 au moyen âge). Mais il ne donne aucun argument sérieux en faveur de cette hypothèse (alors que l'effet de serre est un fait connu, avéré, concret, vérifié).
Le vrai problème est qu'il donne des scientifiques (y compris lui-même !) une bien mauvaise image, ce sera malheureusement durable et très grave.
Rédigé par : F. Spite | 10 avril 2010 à 17h43