Rapport Poignant Sido
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Serge-POIGNANT-et-Bruno-SIDO.html
Jeudi 1er avril, une grande réunion a clos les travaux du groupe de travail sur la maîtrise de la pointe de consommation électrique organisée dans le cadre de la DGEC par le député Poignant et le sénateur Sido.
« Sauvons le Climat » a activement participé à l’ensemble des ateliers et reconnaît qu’un grand nombre de propositions constructives ont été reprises dans le rapport final (efficacité énergétique, valorisation des effacements grâce aux «compteurs intelligents » et à des incitations tarifaires, obligations de capacités portant sur les fournisseurs par exemple).
Cependant il nous apparaît que ce rapport risque de n’être qu’un catalogue de propositions sans hiérarchisation car n’ont pas été posées en préalable un certain nombre de notions fondamentales que nous rappelons ci-dessous.
- Si un signal prix doit permettre aux consommateurs de moduler leur consommation électrique en fonction des besoins des producteurs et du réseau, il ne doit pas constituer une pénalité. Il doit être conçu comme une opportunité de faire des économies en même temps qu’un geste citoyen. De façon générale, il faut cesser de conjuguer l’écologie sur un mode négatif, punitif où il n’est question que de taxes, de pollution de décroissance et d’interdictions ! Une sélection basée sur les performances économiques comparées des solutions proposées est indispensable avant tout soutien public à des déploiements industriels de grande ampleur.
- Un second critère essentiel de choix des solutions proposées est l’impact de leur application sur les émissions de gaz à effet de serre : elles doivent effectivement contribuer à une diminution des rejets de CO2. De ce point de vue l’objectif défendu par l’ADEME et certaines associations (généralement anti-nucléaires) d’interdire l’usage du chauffage électrique dans les nouveaux bâtiments et de subventionner l’abandon de celui-ci au bénéfice du chauffage gaz dans les constructions anciennes est une hérésie. C’est oublier que les performances « émissions de CO2 » de la France sont largement dues à son électricité peu carbonée et à l’usage de celle-ci pour le chauffage : le secteur de l’électricité ne contribue que pour 8% aux émissions de CO2 alors qu’il est de 30 à 40% dans de nombreux pays développés. C’est également oublier l’intérêt des pompes à chaleur.
- L’effacement de consommations, volontaire ou sur un signal émis par le gestionnaire de réseau, est un moyen intéressant de limitation des pointes quotidiennes de production d’électricité. En analysant les courbes fournies par RTE on note que les amplitudes quotidiennes de variation de la consommation électrique ne sont pas dues au chauffage électrique mais essentiellement aux autres usages domestiques et professionnels. De ce fait, contrairement à ce que d’aucuns cherchent à démontrer, le chauffage électrique combiné avec les compteurs « intelligents » de type Linky (qui sauront valoriser l’inertie thermique des bâtiments) peut réaliser une forme de stockage d’énergie à même d’aider à moduler la pointe de consommation. Ceci est d’autant plus vrai que la règlementation thermique imposée depuis 30 ans aux bâtiments bénéficiant du chauffage électrique est nettement plus sévère et qu’en conséquence leurs occupants ressentiront peu des interruptions de chauffage brèves provoquées par des ordres d’effacement. Le renforcement programmé des performances énergétiques des nouvelles constructions par le Grenelle de l’environnement ne pourra qu’amplifier ces possibilités d’effacement.
- Les excès ou les déficits de production que va immanquablement provoquer le recours massif aux énergies renouvelables intermittentes prévues par le Grenelle de l’environnement (éolien en particulier) n’ont pas été prises en compte. Ce recours aura pour effet d’augmenter significativement l’amplitude des écarts entre production et consommation ainsi que la cinétique de variation de ces écarts puisque les évolutions de la puissance éolienne sont souvent extrêmement rapides. Il en résultera un recours systématique à des turbines à gaz en secours. Certaines décisions du Grenelle engendrent donc de nouvelles « pointes » alors même que ce rapport recherche des façons de maîtriser celles qui existent déjà.
- Dans le cas français, la réglementation européenne (« paquet climat ») peut si elle est mal transposée s’avérer contre-productrice. Il faudra la mettre en place avec d’autant plus d’attention que les capacités de transfert d’énergie électrique entre les pays membres de l’UE sont et resteront encore longtemps très limitées.
En conclusion « Sauvons le Climat » tient à faire remarquer que la compétitivité de notre pays, et par voie de conséquence le niveau de vie de ses ressortissants, est lié au coût de l’énergie pour les particuliers et pour l’industrie. Il est donc fondamental que toute décision soit jaugée en fonction de son efficacité économique, de son impact social et du coût des émissions de carbone évitées. Ces notions nous ont semblé dangereusement absentes du rapport.
La position de l'ADEME est évidemment ahurissante en faveur du gaz. De façon plus générale celà pose la question d'une autre agence dont le role pourrait être en partie (mais pas seulement) d'examiner les calculs et les positions a priori dont fait preuve l'ADEME.
Je m' étonne que SLC et d'autres semblent ignorer ce qui existe depuis bien longtemps, sans doute moins élaboré que les compteurs intelligents mais qui à le mérite de fonctionner partout avec le réseau tel qu'il est actuellement : les "délesteurs".
Je me suis moi même posé la question il y a 15 ans en achetant une maison tout-électrique construite 12 ans auparavant. Le compteur (abonnement souscrit) était de 12 KW en triphasé (époque de l'équilibrage de phase des installations particulières lors de la construction). On l'a ramené à 9 KW en monophasé (motif : l'abonnement était moins cher).
Je ne savais pas trop si la puissance souscrite serait suffisante par grand froid d'hiver et envisageais l'installation d'un "délesteur" en cas de problème; sur une expérience de 15 ans, le problème ne s'est effectivement jamais posé dans notre cas. Ceci étant, je connais personnellement des voisins qui ont installé un "délesteur" à leur grande satisfaction :
celà permet de souscrire un abonnement moins cher (juste la puissance normalement nécessaire en temps ordinaire) sans gène véritable en période de vraiment grand froid (là ça déleste des radiateurs). Le principe de l'équipement est d'une simplicité biblique : lorsque l'appel de puissance de l'installation domestique est supérieure à la puissance souscrite au compteur, le "délesteur" coupe l'alimentation des équipements que l'on a choisi à l'installation. Pendant une période hivernale très froide mes voisins me disaient que le "délesteur" ne cessait effectivement de couper assez fréquemment sans apparemment perte de confort.
C'est clair qu'il y a là une incitation tarifaire (abonnement moins cher) à auto-limiter l'appel de puissance domestique !
Le tout électrique c'est aussi le tarif heures-creuses ("tarif de nuit") et le chauffage à accumulation est à développer (de façon courante, celà ne sert qu'au ballon d'eau chaude ou aux machines à laver, encore que pour les dites machines, l'usage est délicat en immeuble à cause du bruit la nuit pour les voisins). Je n'ai pas connaissance d'encouragement à ce développement (ne serait-ce que financier) pour mettre au point des équipements convenables.
Rédigé par : Le Palmec Jean | 09 avril 2010 à 18h02
Le chauffage électrique à accumulation, avec tarif "heures creuses" est une excellente solution, il faut cependant laisser un peu d'espace libre autour du poêle, qui tient une place non complètement négligeable dans un petit appartement.
Rédigé par : F. Spite | 10 avril 2010 à 17h10