Dans la ligne du « Grenelle de l'Environnement », trois mesures emblématiques pour développer le photovoltaïque ont été mises en place:
- Instauration de tarifs de rachat de l'électricité PV très avantageux, avec trois catégories :
les toits des maisons individuelles (Tarif 1),
les toits des hangars à vocation industrielle agricole, ou commerciale (Tarif 2)
les installations au sol (Tarif 3)
Ces mesures prévoient qu’EDF doit racheter toute l'électricité ainsi produite à ces tarifs. Ce rachat doit être remboursé à EDF par la facture d'électricité faite aux usagers. Cette surfacturation, appelée CSPE (Contribution au Service public d'électricité), était initialement destinée essentiellement à compenser les surcoûts entrainés pour EDF par la desserte des régions isolées.
- Création d'un crédit d'impôts, initialement fixé à 50% du coût de l'installation, visant à favoriser les installations sur les toits de maisons individuelles.
- Décision de mettre en œuvre une puissance minimale PV dans chaque région, afin de favoriser l'installation de centrales solaires de grandes dimensions.
Dans le même temps, confrontée au même problème avec un peu d'avance, l'Allemagne réduisait ses tarifs : avec leurs tarifs passés, garantis sur 20 ans, (3000 MW installés en 2009), ils devraient débourser 53 milliards d'Euros sur les 20 ans à venir pour le photovoltaïque et, en 2011, 16,7 pour l'ensemble des renouvelables.
Quant à l'Espagne, noyée par la montée du coût des renouvelables (6.79 milliards d'Euros en 2009, dont 2.5 pour le PV qui représente 2% de la production électrique elle a diminué considérablement son tarif :
|
Tarif (1) |
Tarif (2) |
Tarif (3) |
France |
580 |
500 |
367 |
Allemagne |
391 |
352 |
284 |
Espagne |
340 (426 en 2007) |
320 (<10MW) |
310 |
Tarifs (en Euros par MWh) en mi-2010, dans trois pays qui pratiquent l'obligation d'achats.
Pour comprendre simplement l’engouement suscité, quelques ordres de grandeur:
Le prix de l'installation en France est alors (fin 2010) autour de 6 €/Wc, ce qui fait qu'une installation de 25m2, qui fournit 3KWc revient autour de 18.000€ après déduction du crédit d'impôts de50%.
L'amortissement se fait sur la vente de l'électricité. Celle-ci est proportionnelle à l'ensoleillement qui représente 800-1100 heures par an en Allemagne, 1000-1500 en France, 1600-1800 en Espagne. Cela veut dire par exemple qu'un Watt crête en France métropolitaine produit autour de 1.2 KWh en une année, et donc rapporte autour de 0.7 €. Pour notre installation, cela représente 2100 €/an, et permet de l’amortir en moins de 9 ans. Résultat : prés de 3.800 mégawatts, qu’il faudra payer au prix fort sur 20 ans, sont en instance d’installation. Il faut cependant dire que la récente annonce du gouvernement de réduire à 25 % le crédit d’impôt a fait bondir les demandes de raccordement…
Le très rapide développement des projets a provoqué une prolifération de petites entreprises entendant tirer profit de l’aubaine. Malheureusement, les entreprises françaises produisant les cellules photovoltaïques proprement dites n’ont pu résister à la concurrence des produits venant d’Allemagne et surtout de Chine. En lieu et place d’une filière industrielle, c’est une « économie de l'installateur » qui s’est mise en place[1] !
La Commission de Régulation de l'électricité vient enfin de tirer la sonnette d'alarme. Elle estime que la CSPE, destinée à facturer ce supplément aux utilisateurs finaux doit, compte tenu des retards précédents (c'est EDF qui a avancé l'argent...), être portée en 2011 à 4.8 milliards d'Euros, ce qui représente un surcoût de 6.5 Euros par mégawatt heure et une augmentation du prix de l'électricité de près de 7%, au seul titre des énergies renouvelables.
En développant une politique irresponsable et irréfléchie de subvention du photovoltaïque, la France est en train de détruire l’un de ses rares atout compétitif : la faiblesse relative du prix de son électricité. Elle le fait d’autant plus stupidement qu’elle produit cette énergie en émettant très peu de CO2.
« Sauvons le Climat » :
- demande que les investissements réalisés au nom de la réduction de l’effet de serre se concentrent sur les mesures les plus efficaces en termes de coût de la tonne de carbone évité: isolation de l’habitat, remplacement des chaudières au fuel et au gaz par des chauffages électriques ou hybrides, pompes à chaleur, transports propres...
- suggère que les sommes englouties dans le domaine du photovoltaïque sous forme de crédit d'impôt et d’obligations d’achat soient réorientées vers des programmes de recherche ambitieux, générateurs de propriété industrielle et d'emplois nationaux. Les pistes de recherches sont identifiées: cellules haute efficacité[2], méthodes de fabrication hautement automatisées, économie de matière.
Je sais bien que SLC vise prioritairement les décideurs donc nos élus mais ceux-ci sont très attentifs à l’opinion du public. Or, désolé, le message La Commission de Régulation de l'électricité vient enfin de tirer la sonnette d'alarme…. une augmentation du prix de l'électricité de près de 7%, au seul titre des énergies renouvelables.
ne passe pas et ne peut pas passer !
En effet ceux qui ont assisté en début d’année à la très intéressante conférence de Cécile Georges de la Commission de Régulation organisée début 2010 par J Treiner (SLC IDF) ont bien compris, de la bouche de la conférencière , que la CRE était malheureusement « à la remorque » de grands groupes qui ont beaucoup plus de moyens .
La France est en train de détruire l’un de ses rares atouts compétitifs : la faiblesse relative du prix de son électricité. Elle le fait d’autant plus stupidement qu’elle produit cette énergie en émettant très peu de CO2.
Là non plus on ne peut pas, sous prétexte de nucléaire , refuser ces autres énergies.
Pour moi, depuis longtemps favorable au nucléaire , ce type d’argument se retourne contre son objet et les opposants vont pouvoir dire avec raison qu’à cause du nucléaire la France ne peut développer le renouvelable.
Et pourtant ce n’est pas vraiment difficile , si on le veut bien , d’éviter et les abus , et l’effet d’aubaine , et l’abandon de la production nationale.
Les responsables politiques n’ont pas besoin pour cela de jeter l’opprobre sur tel ou tel grand pays lointain. Ils n’en ont d’ailleurs pas le droit vus les engagements de la France auprès de l’OMC.
Il leur suffit d’en avoir intimement la volonté politique !
Rédigé par : Jacques | 04 novembre 2010 à 06h20
Bonsoir, Sauf erreur de ma part, je ne vois pas d'évocation du Bilan Carbone, comprenant : fabrication, transport , installation, raccordement pour l'électricité éolienne et/ou photo-voltaïque. Quand on voit l'épaisseur d'acier des "colonnes" supportant la nacelle et les pales, il y a de quoi réfléchir.
Rédigé par : BRILLOT | 13 novembre 2010 à 17h32
P.S. de Jacques Brillot. Je souhaitais mentionner mon adresse de Courriel pour une réponse directe éventuelle. Merci. J.B. [email protected]
Rédigé par : Jacques Brillot | 13 novembre 2010 à 17h35