de Nao Mi Oreskes et Erik M. Conway
traduit en français par Jacques Treiner
Editions Le Pommier
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Notes de lecture par Jean Poitou
Mettez-vous dans la peau d'un des chercheurs dont parle ce livre.
Vous faites des recherches dans un domaine scientifique. Vos travaux s’inscrivent dans un vaste programme de recherches international dûment reconnu et validé par toute votre communauté scientifique. Ces travaux montrent que plane sur la société un danger qu'il importe de maîtriser et que donc des mesures doivent être prises pour en limiter l’ampleur et les impacts.
En face de vous, un grand groupe industriel, ou politique, dont les intérêts immédiats risquent de pâtir des mesures qui seraient prises. Que se passe-t-il alors ?
Le groupe industriel, parfaitement conscient des risques qu'il fait courir à la société, mais beaucoup plus soucieux de ses intérêts financiers, va sponsoriser largement des actions de très grande ampleur pour contrer toute tentative d’action que réclamerait l’intérêt collectif.
La première action est de donner l’illusion qu’un grand débat scientifique est ouvert sur le sujet et que rien n’est tranché. Pour ce faire, on va s'assurer le soutien de scientifiques de renom, le plus souvent d'un domaine différent, au passé prestigieux mais qui arrivent en fin de carrière, et dont l'ego réclame qu'ils se mettent toujours en avant ; ils useront de leur notoriété pour contrer vos résultats.
Pour faire plus vrai, il faut des publications scientifiques. Celles qui ne s’appuient pas sur une recherche sérieuse sont refusées par les grandes revues à comité de lecture? Qu’à cela ne tienne, les industriels sont riches, ils vont financer la création de nouvelles revues « scientifiques » pour accueillir les publications contredisant vos travaux et ceux de votre communauté. Et, avec l'aide d'institutions largement sponsorisées, des congrès vont être organisés pour les auteurs de ces « travaux ». Qu’on finance généreusement : il faut montrer qu'on sert la science !
D’ailleurs, vous êtes honnête, vous ne cachez pas qu’on ne sait pas tout, qu’il y a des points d’ombre, des incertitudes. Vos adversaires (car c'est bien ainsi qu'il faut les nommer) vont profiter de toutes les incertitudes pour jeter le bébé avec l’eau du bain : ces incertitudes, c'est bien la preuve, disent-ils, que vous ne pouvez rien affirmer ; il faut faire plus de recherches, toujours plus de recherches (ça fait gagner du temps), éliminer toute source d‘incertitude, apporter des preuves absolues.
Et puisque le sujet est en plein débat « scientifique », vos adversaires manœuvrent pour que les médias accordent autant de crédit, de temps de parole, d’audience, aux affirmations de vos contradicteurs qui ne reposent sur aucune observation ou théorie validée, qu'ils en accordent à vos travaux universellement reconnus par vos pairs.
Pour enfoncer le clou, tout sera fait pour vous déconsidérer dans les médias, auprès de l’opinion publique, vous accusant de falsifier vos résultats, de vous contredire vous-même, et affirmant d’ailleurs que, si vous faites tout ça, c’est parce que votre sujet est réputé porteur et va vous permettre d’attirer dans votre laboratoire les crédits normalement destinés à la "vraie" recherche, pas à votre "recherche poubelle".
Vos adversaires vont plus loin, ils l'affirment, ils vous ont découvert : toutes vos conclusions et appels à l’action, c’est un complot politique ; vous voulez imposer un changement de société ; vous êtes un ennemi de la liberté.
Proclamer cela, c’est très efficace, ça paye. Car les conservateurs de tout poil vont avoir tendance à se méfier de vous et à rejeter vos travaux, dont ils ne connaissent pas grand-chose. Du coup, vos adversaires vont pouvoir agir au niveau des politiques pour contrer vos résultats et conclusions et inhiber toute velléité d'action pour protéger la société. Et ils n'auront pas grand-peine à intéresser à la lutte contre vos travaux tous les groupes, think-tanks … conservateurs.
Bon mais, il n’y a pas que contre vous qu'il faut agir. Des victimes des nuisances de ces groupes industriels peuvent porter plainte. Parmi les nombreux protégés de vos adversaires, il se trouvera bien une personnalité prête à semer la confusion dans les procès avec les arguments utilisés contre vos travaux.
Emportés par leur élan, vos adversaires ne négligeront rien pour étouffer dans l'œuf toute velléité de réglementation : comme il y a eu des précédents, où l’action des scientifiques a conduit à des mesures restrictives, des horreurs pour vos adversaires, ceux-ci ne se priveront pas, des décennies plus tard, de dénoncer les horribles méfaits, qu'ils inventent de toute pièce, et qui seraient la conséquence de ces mesures. Même les défunts ne sont pas laissés en paix.
Tout ça, c’est dans « les marchands de doute », cela se passe en Amérique. Cela met en scène des anciens leaders du projet Manhattan, hautes figures de la guerre froide, ultra-libéraux hostiles à toute réglementation, qui entraînent dans leur sillage toute une cohorte de personnes partagent leur idéologie. Leur action a débuté avec les dangers du tabac. Mais leur talent de semeurs de doute a ensuite été aussi mis au service de ceux qui voulaient contrer les luttes contre les pluies acides, le trou d’ozone, le tabagisme passif, le réchauffement climatique. Et pour corser le tableau et dans la ligne de leur idéologie politique, ils ont utilisé les mêmes méthodes pour faire croire à la nécessité de la guerre des étoiles. Enfin, cerise sur le gâteau, ils ont mené une incroyable campagne de calomnies concernant l’interdiction du DDT aux Etats-Unis.
Le premier résultat est évidemment ce que cherchaient les groupes industriels à l'origine de toute cette action : les mesures nécessaires ne sont pas prises ou ne sont prises que très tardivement quand il est devient tellement évident que toutes ces dénégations de la science sont de la propagande et ne reposent sur aucune réalité.
Mais, beaucoup plus grave pour le progrès et l'avenir de la société : c’est qu’il s'est répandu dans le public une grande méfiance vis-à-vis de la science. Le profane ne fait pas la distinction entre le vrai scientifique prudent qui fait valider ses travaux par ses pairs, et ces charlatans qui prétendent que c'est eux, sans contrôle, qui font la vraie science. La propagande dirigée vers le grand public, mais aussi vers les conservateurs, est aussi la cause d'un clivage politicien, tout-à-fait détestable, sur la science et son rôle pour la société.
Ça se passe en Amérique, mais le phénomène contamine largement les autres pays. Les méthodes utilisées sont aisément exportables. Chez nous, des méthodes similaires sont utilisées, qui conduisent là aussi à un certain rejet citoyen de la science.
Lisez et faites connaître ce livre avant qu’il ne soit trop tard pour la science et le progrès.
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Les Notes de lecture par Jean Poitou ci avant sont tout à fait intéressantes.
Le livre est très dense et très documenté
Noter deux points qui reviennent sans arrêt dans le livre :
- le fait que la civilisation industrielle actuelle n'est pas "sustainable"
(et en sous entendu que nos modes de vie sont à changer)
- l'aide massive de certains groupes à telle ou telle association
(et en sous entendu les associations honnêtes ont elles vraiment besoin de sponsors engagés ?)
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Rédigé par : c10a | 24 juin 2012 à 09h10
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Les marchands de doute font recette parce qu'il y a faiblessse en face.
- Si on s'engageait vraiment dans une modification (progressive et bien gentille) de nos modes de vie
- Si l'on s'astreignait à rester indépendant ce qui maintenant avec Internet est à la portée de tous
Celà leur couperait l'herbe sous le pied et ...pas besoin de 275 pages et 500 références
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Rédigé par : Jacques- | 02 juillet 2012 à 20h52
Oui !
Voir le fondateur du pole écologique du PS, passé chez EELV et qui dépend de WPP, sombre holding situé à Jersey...
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/loiselet-en-vedette-dans-le-canard
"Eric Loiselet, conseiller régional et patron des EELV du coin, a les honneurs du Canard Enchaîné (du 26/09) qui a découvert que l'ex-socialiste devenu Vert
bosse en sus de ses mandats comme directeur conseil associé chez Burson-Marsteller… Une brûlante « révélation » que Satyricon vous avait offerte il y a deux ans.
Si M. Loiselet évitait de mentionner cette qualité dans son CV politique, les riches heures de Burson-Marsteller étant fort peu écologiques, pour être poli, il convient de relativiser le secret entourant la chose… Tout le net en fait état."
La holding WPP : édifiant !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Burson-Marsteller
D'autres monayent ils leur pouvoir de nuisance ?
http://eelv.fr/2011/07/15/composition-du-conseil-dorientation-politique-cop/
Rédigé par : Nikopol | 22 octobre 2012 à 02h26