Sauvons Le Climat 12- décembre 2012
Cher Nicolas,
Vous êtes désormais, en quelque sorte, l’ambassadeur de la France sur le terrain du réchauffement climatique. C’est une lourde responsabilité qui exige lucidité et réalisme si vous voulez que vos interventions soient écoutées et utiles. C’est pourquoi nous vous avons écouté avec intérêt et attention lors de votre intervention de ce matin 12 décembre sur France Inter. Vous avez souligné avec raison la nécessité de réduire notre consommation d’énergie. Nous avions compris que cette nécessité était due à celle de réduire nos émissions de gaz carbonique. A cause de la deuxième partie de votre propos, nous n’en sommes plus sûrs.
A une question sur les gaz de schistes vous avez répondu, à juste titre qu’il fallait en priorité réduire notre consommation de gaz. Vous avez oublié de rappeler que l’arrêt de la centrale de Fessenheim se traduirait par une augmentation des émissions de CO2 de 4,5 millions de tonnes par an1. Non, bien sûr, vous ne l’avez pas oublié car vous avez rappelé votre hostilité au nucléaire en suggérant que l’on consulte les habitants des régions de Fukushima et de Tchernobyl. Or, précisément, l’Ukraine où se trouve le réacteur de Tchernobyl est un des pays européens qui prévoit de construire le plus grand nombre de réacteurs2. Vous nous avez avoué que vous aviez eu très peur au moment de Fukushima, et on peut supputer que c’est cette peur panique que vous avez eu qui est à l’origine de votre répulsion à l’égard du nucléaire. Mais la peur n’est pas bonne conseillère et oblitère la faculté de raisonner posément. Est-elle d’ailleurs justifiée, cette peur, quand on sait que, en une seule année, les polluants émis par les centrales à charbon provoquent, en Allemagne, 10000 décès prématurés alors que le nombre de tels décès dus aux irradiations post-Tchernobyl ne devrait pas excéder quelques milliers sur 60 ans. Il sera bien plus faible à Fukushima.
Vous proposez de recourir à l’énergie solaire. Bien sûr que la ressource est immense mais le coût de sa mise en œuvre est considérable. Nous avons un bon exemple avec l’Allemagne, le modèle que nous rappelle constamment vos amis Verts : la puissance photovoltaïque installée en Allemagne est proche de 33 GW et, en ajoutant celle des éoliennes on arrive à une puissance de 60 GW de production d’électricité renouvelable intermittente, c’est à dire une puissance équivalente à celle du parc nucléaire français. En France, la puissance installée en photovoltaïque n’est que de 4 GW et la puissance éolienne de 7 GW. A vous entendre on s’attendrait à ce que la vertueuse Allemagne émette beaucoup moins de CO2 que la peu écologique France. Surprise ! chaque Allemand émet 9,3 tonnes de CO2 mais chaque Français seulement 5,4.
Il faut choisir, cher Nicolas entre vos peurs et une politique efficace de lutte contre l’effet de serre. Ambassadeur de la France pour la lutte contre le réchauffement climatique vous avez la chance de représenter un des pays développés les plus exemplaires en la matière. Préférez le réalisme des faits aux peurs irraisonnées.
______________________________________
2 de 5 à 7 GWe et 2 réacteurs en construction
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.