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24 juillet 2013

Commentaires

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Que l'on soit pro ou anti nucléaire, force est de constater que les centrales actuelles sont condamnées à terme. Si l'énergie nucléaire a un avenir, c'est celui des centrales de 4eme génération. le parc actuel gaspille l'uranium naturel et de ce fait les réserves sont faibles, en tout cas insuffisantes pour permettre que l'énergie nucléaire joue, à l'échelle de la planète, un rôle majeur dans le remplacement des énergie fossiles productrice de gaz à effet de serre.
Il faudra donc, un jour, démanteler nos centrales à eau pressurisée. Sans doute pour les remplacer par des réacteur à neutrons rapides... ou par d'autres technologies nucléaires si elles arrivent à maturité. ( Sels fondus, hybrides etc...).
Dans la pire hypothèse, celle ou la France resterait fidèle à la génération des EPR, ceux ci finiraient par remplacer, dans 20 ou 30 ans nos plus vieilles centrales.
Ce démantèlement futur inévitable suppose l’acquisition d'un savoir faire dont personne ne peut prétendre qu'il en dispose aujourd'hui.
IL serait illusoire d'imaginer que ce savoir faire puisse s'acquérir en quelques années, en effet, ne serait-ce qu'à cause des temps de décroissance des éléments radio actifs présents dans les centrales actuelles, il s'agit de chantiers qui dureront plusieurs décennies.
Dans ces conditions, utiliser Fessenheim comme un banc d'essai qui risque d'être en place pour une vingtaine d'année n'est peut être pas si stupide que cela à long terme. Choisir pour cela la plus ancienne de nos centrale semble même logique.
Gouverner, c'est prévoir, non ?

Votre lettre à M. le ministre est claire et précise. Je souhaite qu'il la lise et l'analyse. Je crains seulement qu'il s'en tienne aveuglément à la promesse électorale du Président.
Le commentaire de M. Jean-Pierre Gallet ci-dessus montre à quel point le sujet du nucléaire est inconnu et le manque de réalisme est proprement inquiétant.
René Schwartz

D'accord, bravo et merci pour cette lettre parfaitement juste précise et bien argumentée.
Olivier d'Arexy
www.dieseingenierie.eu

.

La lettre est claire précise mais aurait pu (dû) être plus concise ; cela aurait éviter deux dérapages.

. Le premier sur les coûts; on commence à comprendre les conséquences des prix bas sur l'alimentaire ensuite sur l'industriel (dur dur de trouver des produits réellement MADE IN FRANCE) et d'une certaine façon (certes à démontrer) sur le nucléaire.
Que nos politiques aiment à faire parler leurs pauvres c'est bien connu ; inutile que SLC s'y associe.

. Le second sur le démantèlement : il est infiniment plus facile de la démolir que de la construire .
J FLUCHERE doit connaître à la centaine de MégaEuros près le coût de FESSENHEIM, d'accord.
Mais il ne sait rien du coût de réalisation concrète du démantèlement d'un PWR 900 français puisqu'EDF a sans cesse reporté ce type d'opération pourtant planifiée.

Cher Monsieur Gaillet,

Il y a plusieurs questions dans votre commentaire.

1 – Quelle est la suite logique aux réacteurs actuels pour utiliser de façon optimale les ressources de matières fissiles?

Les réacteurs de 3ème génération comme l’EPR d’AREVA ou l’AP 1000 sont des réacteurs plus sophistiqués que les réacteurs actuels mais qui fonctionnent suivant les mêmes principes. En France, cependant, le retraitement des combustibles usés permet d’utiliser le plutonium qui s’est crée pendant le passage de l’uranium dans le cœur et qui est un excellent combustible. Cette utilisation permet d’économiser l’uranium naturel et de réduire le volume de déchets.

De même, l’uranium extrait lors du retraitement possède encore un taux d’isotope fissile supérieur à celui de l’uranium naturel. L’enrichissement par le procédé d’ultracentrifugation nouvellement mis en service sur le site du Tricastin permet de réutiliser cet uranium de retraitement et donc d’économiser de l’uranium naturel. On voit donc qu’il y a une recherche d’utilisation optimale de la ressource.

L’objectif reste l’utilisation des réacteurs de 4ème génération fonctionnant au plutonium qui permettront de multiplier par un facteur supérieur à 50 la quantité d’énergie pouvant être extraite d’une masse donnée d’uranium naturel.

Ces réacteurs sont opérationnels dans la filière utilisant le sodium liquide comme fluide caloporteur.

La France avait une avance certaine dans ce domaine jusqu’à la décision d’arrêt définitif de la centrale de Creys-Malville.

La Russie exploite un réacteur électronucléaire de ce type. Ce réacteur appelé BN 600 est opérationnel depuis 1980 et a une puissance de 600 MWe. Son fonctionnement est très satisfaisant. Les Russes vont mettre en service, sur le même site, un réacteur de 800 MWe, le BN 800.

Plus de 10 pays au monde sont associés dans le programme Génération IV pour la mise au point de nouveaux réacteurs de 4ème génération. La France s’est engagé sur la construction d’un démonstrateur de 600 MWe à sodium liquide. Il s’agit du projet ASTRID qui est prêt à être lancé.

Enfin, il reste la filière à thorium qui est un matériau fertile très abondant dans la nature. Les Indiens qui ont de grandes ressources vont prochainement lancer un réacteur de R&D.

En conclusion, les ressources d’uranium et de thorium permettent d’envisager un avenir sans pénurie d’autant plus que la prospection mondiale est très perfectible.

2 – Avons-nous une expérience de déconstruction des installations nucléaires de base (INB) ?

Tout d’abord plusieurs réacteurs de R&D exploités le CEA ont été complètement déconstruits à Saclay, Grenoble et à Cadarache. Des INB à fins militaires ont aussi été déconstruites notamment sur le site CEA de Marcoule.

Pour les réacteurs électronucléaires, EDF dispose d’une unité d’ingénierie spécifique dans le domaine de la déconstruction qui s’appelle le CIDEN. Cette unité déconstruit actuellement 9 réacteurs de type différents:

1 réacteur à eau lourde à Brennilis,
6 réacteurs à uranium naturel au gaz au graphite (UNGG) dont 3 à Chinon, 2 à Saint Laurent et 1 à Bugey qui représentent 5 installations différentes,
1 réacteur à eau ordinaire pressurisée à Chooz,
1 réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium à Creys-Malville.

La France a donc l’éventail de compétences le plus étendu dans ce domaine.

En outre, autant les réacteurs UNGG sont délicats à déconstruire, autant la déconstruction des réacteurs à eau ordinaire pressurisée est simple.

Les premières centrales à eau ordinaire pressurisée construites en France ont eu des centrales de référence aux USA. Pour Fessenheim, il s’agit de la centrale de Beaver Valley. Or aux USA, deux centrales ont été complètement déconstruites, c’est à dire jusqu’au retour au terrain d’origine suivant les exigences de l’AIEA. Et ces déconstructions ont respecté à la fois les délais et le coût de 500 millions de $ unitaire.

Donc, on ne peut pas décider d’arrêter Fessenheim au simple motif d’acquérir une expérience qui est en cours d’acquisition à Chooz qui en est la petite sœur. Il s’agit tout de même de la suppression de 2 200 emplois directs et indirects et d’un coût de remplacement de 1 milliard d’euros par an.

Jean Fluchère

.
Effectivement , arrêter à 35 ans une machine qui peut durer 60 c'est du gaspillage.

Mais la réponse J FLUCHERE sur la déconstruction n'est pas totalement convaincante.

D'abord parce que l'on doit avoir un vrai Retour d'Expérience vu que les sites à venir seront nécessairement des sites passés en réemploi.

Car la FRANCE n'est pas l'Amérique question densité

Aussi la comparaison aux USA," deux centrales ont été complètement déconstruites, c’est à dire jusqu’au retour au terrain d’origine suivant les exigences de l’AIEA. Et ces déconstructions ont respecté à la fois les délais et le coût de 500 millions de $ unitaire." n'est pas de grande utilité. On remarquera que J FLUCHERE ne donne un chiffre que sur cet exemple hors FRANCE.

Sa réponse très intéressante aurait pu s'enrichir de réf coût FRANCE

J FLUCHERE doit connaître à la centaine de MégaEuros près le coût de FESSENHEIM, d'accord. Mais il ne sait rien du coût de réalisation concrète du démantèlement d'un PWR 900 français puisqu'EDF a sans cesse reporté ce type d'opération pourtant planifiée.

Réponse

1 - Cout de Fessenheim.

Fessenheim a coûté 6 milliards de francs 1977, qui représentent avec les tables d’actualisation, 3,5 milliards d’euros 2011 à comparer avec les 7 milliards d’euros d’investissement de la tête de série du réacteur de 3ème génération EPR, en cours de construction à Flamanville, qui aura une production équivalente.

2 - Provisions de déconstruction et de fin de cycle des combustibles.

Pour fin de cycle du combustible sont de 2,62 euros par MWh avant que l’ANDRA (Agence Nationale pour les Déchets radioactifs) ne réévalue le coût de gestion des déchets. Sa réévaluation conduit à en augmenter le coût à prélever sur chaque MWh produit d’1 euro par MWh. (CF. Le rapport de la Cour des Comptes sur les coûts du nucléaire publié en janvier 2012. Rapport thématique sur les couts de la filière électronucléaire dont je recommande la lecture).

Voici quelques extraits du Rapport :

Les coûts inclus dans les comptes des exploitants

Les coûts inclus dans les comptes des exploitants, EDF et AREVA principalement, peuvent être classés en deux catégories, dans lesquelles on retrouve les dépenses passées, présentes et futures : ceux relatifs aux investissements et au capital et ceux inclus dans les charges d’exploitation.

Les coûts d’AREVA (investissements et charges d’exploitation, y compris les coûts futurs) sont intégrés dans les coûts du combustible payés par EDF, pour la partie de l’activité d’AREVA qui est concernée par la production d’électricité nucléaire française. D’autre part les coûts des services d’AREVA sont comptabilisés dans les dépenses d’EDF.

Des dépenses de démantèlement dont le montant ne peut être connu avec certitude

Il faut rapprocher des investissements les dépenses de « fin de vie » des centrales, c'est-à-dire les dépenses de démantèlement des installations, que l’on peut compléter par les dépenses de « derniers cœurs ». En effet, ces dernières, comme les charges de démantèlement, ne sont dues qu’une fois, à la fin de vie de chaque réacteur.

Dans les différents calculs de coût de production, ces dépenses sont bien prises en compte. Elles sont estimées aujourd’hui à 18,4 Md€2010, en charges brutes, pour le démantèlement des 58 réacteurs du parc actuel et à 3,8 Md€2010 pour les derniers cœurs.

Le chiffrage du démantèlement doit être regardé avec précaution, l’expérience en la matière, tant d’EDF (centrales de 1ère génération) que du CEA ou d’AREVA, ayant montré que les devis ont tendance à augmenter quand les opérations se précisent, et les comparaisons internationales donnant des résultats supérieurs aux estimations d’EDF. Cependant, il est clair que les coûts de déconstruction des centrales de 1er génération, pour lesquels, EDF dispose d’un certain recul, ne sont en rien comparables aux dépenses de déconstruction des centrales actuelles à eau pressurisée pour lesquelles des opérations complètes ont été réalisées aux USA et qui démontrent des coûts très inférieurs.

A titre illustratif et avec un calcul simplifié, à taux d'actualisation inchangé (5 %) :

Ø si le devis de démantèlement augmentait de 50 % : le coût annuel de production de d’électricité nucléaire progresserait de 505 M€, soit + 2,5 % du coût de production total ;

Ø si le devis de démantèlement doublait (+100 %) : le coût annuel de production augmenterait de 1 milliard. Cela ne représenterait toutefois qu’une augmentation du coût de production du MWh de 5 %.

Ces tests de sensibilité à la variation de divers paramètres relatifs aux charges futures montrent que, compte tenu de l'horizon d'une durée de fonctionnement du parc de 40 ans sur laquelle ils ont été calculés, ils modifient le coût annuel actuel de production de l'électricité nucléaire de façon certes non négligeable mais relativement limitée.

3 - Les coûts de déconstruction.

Ils sont très directement liés à la quantité de matériels qui a été activée par le flux de neutrons, c’est-à-dire dans un réacteur à eau ordinaire pressurisée, à la cuve et aux structures internes soit un faible volume, et à la difficulté de réalisation des opérations. Or ces opérations sont simples pour les REP.

Le coût de référence mondial est celui de la déconstruction complète de Maine Yankee (Centrale à eau pressurisée de 860 MWe réalisée par Combustion Engineering) aux USA qui s’est élevé à 568 millions de $ 2005 soit 435 millions d’euros.

4 – Avancer une déconstruction pour en vérifier le coût ?

Cette proposition me semble dénuée de bon sens. Le coût de remplacement de l’énergie produite par les 2 unités de Fessenheim est de l’ordre de 1 milliard d’euros par an.

Si sa durée d’exploitation peut être prolongée jusqu’en 2028 voire 2038, le gain pour la collectivité nationale est de 10 à 20 milliards d’euros.

Or d’une part, sa déconstruction est faisable sans difficulté comme on peut l’observer à Chooz A et aux USA et d’autre part, le coût de cette déconstruction est inférieur à 1 milliard d’euros. En outre, la provision complète est constituée au terme de 40 ans d’exploitation. La prolongation d’exploitation permet d’accroître la provision alors que le coût de déconstruction reste constant.

Un citoyen normal ne met sa voiture à la casse avec 5 ans d’avance pour s’assurer que le coût de recyclage est bien celui prévu !

Jean Fluchère

@ J FLUCHERE

J’écrivais dans mon commentaire de 140 mots maxi :

La lettre est claire précise mais aurait pu (dû) être plus concise

C’est vrai que la dîte lettre dépassait les 4000 mots ce qui me semble très long pour une lettre à un Ministre surtout de l’Ecologie.


Je disais faire plus court aurait éviter deux dérapages

Je n’ai pas dit au moins deux dérapages même si ma lecture attentive a aussi tiqué à plusieurs reprises ; mais à la réflexion ces autres points m’ont semblé encombrer inutilement le commentaire.

Le problème n’est pas d’avoir des arguments aptes à me convaincre mais aptes à être utilisés pour convaincre.

Ainsi je peux fort bien dire qu’arrêter une paire de tranches à 35 ans quand elles peuvent en faire 60 est du gaspillage ; c’est un argument simple sans bavure et donc qui passe bien.

Par contre dire « il est infiniment plus facile de la démolir que de la construire » je trouve que c’est inutilement excessif ; et votre commentaire ci-dessus en fait preuve puisque in fine il aligne le chiffre d'1 Milliard à comparer à 3,5. Ce n'est pas l'idée que l'on se fait généralement de l'infini.

Cordialement

Réponse à Jacques

Il est toujours très difficile de faire concis sans que le lecteur tombe dans une interprétation erronée.

Par exemple : le coût de construction de la centrale nucléaire de Fessenheim en partant des investissements consentis de 1971 à 1977 représenterait, avec les tables d’actualisation, 3,5 milliards d’euros 2011.

Mais le chiffre d’1 milliard d’euros n’a rien à voir avec celui-là.

Il s’agit de la somme que la collectivité devrait consentir à payer pour produire l’énergie de remplacement de celle que produit Fessenheim à un coût comptable de 30 €/MWh en utilisant 50 % de centrales à cycle combiné au gaz (110 €/MWh intégrant 40 €/t de CO2), 25 % d’éolien terrestre (80 €/MWh) et 25 % d’éolien en mer (220 €/MWh).

Le coût moyen du MWh de remplacement serait de 130 € ce qui conduit à un coût différentiel de 100 €/MWh.

Enfin, je pense que le Ministre et surtout ses services arrivent à lire une lettre de 2 pages.

Jean Fluchère

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