Le Débat National sur la Transition Energétique entre dans une phase décisive, celle où les travaux des différents groupes de travail vont faire l’objet d’une synthèse débouchant sur des propositions.
Sauvons le Climat, association comprenant de nombreux experts travaillant sur la problématique climat-énergie et ayant une expérience de terrain, n’a pas été retenue pour participer au collège des associations. Elle est donc à même de porter un regard extérieur sur le résultat tel qu’il s’exprime au travers des sept rapports publiés par les groupes de travail.
SLC note d’abord que le débat a été faussé par la fixation d’un objectif de réduction à 50% du nucléaire dans le mix électrique en 2025, sans examen de la façon dont un tel objectif pouvait être atteint. De plus, les scénariosprésentés n’ont pas été traités avec l’équité voulue, deux des scénarios, celui de l’ADEME et NEGAWATT, ayant bénéficié d’une surreprésentation au sein du CNTE.
L’efficacité économique est restée pratiquement absente du débat, sauf sous forme d’affirmations peu étayées. C’est pourtant la première préoccupation exprimée par les citoyens invités au débat !
SLC souscrit pleinement à cet objectif de simplification administrative que l’on retrouve en plusieurs endroits des rapports, en vue d’un cadre réglementaire simple, lisible, stable, proportionné et cohérent avec les objectifs fixés, une simplification qui bien entendu doit bénéficier à toutes les filières de façon équitable.
La non publication des notes d’experts ayant justifié les prises de position des GT ne permet pas d’apprécier la référence faite par les GT à des sujets comme le foisonnement des EnRs à l’échelle européenne ou la place accordée à la RT 2012, alors que, dans un cas comme dans l’autre, des clarifications auraient été nécessaires.
Le travail entrepris manque cruellement d’analyses préalables de nature à éclairer le débat. C’est le cas notamment (i) des expériences de pays qui, comme la RFA, font pour certains figure de pionnier en matière de transition (le surcoût dû aux EnRs devrait y dépasser 53 €/MWh en 2013 – contre 7€/MWh en France) ou (ii) de la politique conduite à Bruxelles.
C’est pourtant Peter Altmaier, ministre allemand de l’environnement, qui nous dit : la plus grave erreur que nous avons commise fut de financer les renouvelables à guichet ouvert, (en d’autres termes, l’obligation d’achat). On ne saurait être plus clair. Philip Lowe, ancien directeur général de l’énergie à la Commission, ne dit pas autre chose.
Pour SLC, le coût du carbone évité doit être le déterminant essentiel des décisions d’investissements, notamment dans ces deux secteurs que sont lebâtiment et les transports
SLC appelle à la prudence face à un rééquilibrage du mix énergétique en faveur de sources d’énergie, certes séduisantes, mais qui n’en sont encore qu’au stade du laboratoire ou ont un coût exorbitant pour la communauté. Il rappelle la nécessité de rééquilibrer les subventions aux EnRs en faveur des énergies thermiques.
S’agissant enfin de l'évolution du parc nucléaire français, les décisions devraient être fondées sur des critères économiques chiffrés, sur les impacts industriels et sociaux et sur le respect rigoureux des décisions de l’Autorité de sûreté.
SLC conclut ces brèves remarques en reprenant pleinement à son compte la conclusion des auteurs du GT3 :
Compte tenu des délais impartis au GT pour mener ses travaux, il (le GT3) considère qu’il n’a pas épuisé la problématique de l’intégration des EnRs aux réseaux et recommande que les réflexions sur cette question soient poursuivies, au-delà des présents travaux du GT.
Ce à quoi on pourrait ajouter : « dans la transparence» c’est à dire en mettant à la disposition du public les notes d’experts.
Ces différents points sont développés dans l’étude que l’on trouvera sur le site www.sauvonsleclimat.org
Je souscrits totalement à l'analyse de SLC. J'insisterai sur le fait qu'en parlant d'ENR, on parle quasi exclusivement des ENR pour la production d'électricité. Les ENR pour la production de chaleur (bois, solaire, pompes à chaleur) ont dès maintenant un rôle important dans la consommation d'énergie à un coût bien moindre que l'éolien et surtout le photovoltaïque. Elles pourraient avoir une place encore plus importante, et tout particulièrement les pompes à chaleur (1850 MWth en France) si l'on se réfère à la Suède (4600 MWth), à l'Allemagne (3200 MWth)ou à la Suisse (1479 MWth). Elles permettraient efficacement de réduire la consommation de combustibles fossiles et les émissions de CO2.
Rédigé par : Jean-Pierre Chaussade | 12 juillet 2013 à 18h28