En affirmant, sur France Inter, le 3 décembre, qu’il ne sera pas possible d’arrêter 20 réacteurs nucléaires d’ici 2025, tout en respectant les objectifs de réduction des émissions de gaz carbonique, Madame Anne Lauvergeon a dit tout haut ce que la plupart de ceux qui ont étudié honnêtement la question, pensent - souvent tout bas - depuis longtemps [1].
Dès le 12 octobre 2011, Sauvons Le Climat mettait en garde : s’il est théoriquement possible de réduire à 50 % - à grands frais - la part de production électrique nucléaire en lui substituant une production électrique éolienne, ceci ne pourrait se faire qu’en réduisant le facteur de charge des réacteurs, sans en changer significativement le nombre. Fondamentalement, le caractère intermittent de l’éolien et du photovoltaïque nécessite qu’à tout moment une puissance soit disponible pour faire face à la demande en cas d’absence de vent et de soleil. Cette puissance, si elle n’est pas fournie par le nucléaire, devrait l’être par de nouvelles centrales à gaz.
A l’époque, Sauvons le Climat avait étudié différents scénarios qui pourraient permettre d’atteindre cet objectif en faisant varier les émissions de CO2 et le niveau de la consommation d’électricité. Le détail de ces scénarios (http://www.sauvonsleclimat.org/production-denergie/energies-renouvelables-sporadiques/analyse-critique-de-la-proposition-de-reduire-la-part-du-nucleaire-a-50-du-mix-electrique-en-2025.html) est accessible sur le site de Sauvons le Climat.
Nous en résumons les principaux résultats :
- Dans l’option dite « fossile » on suppose, sans réduction de la consommation, que les réacteurs sont remplacés par des centrales à gaz. Les besoins en gaz augmentent de 50% et les émissions de CO2 augmentent de 45 Mt, soit 13% des émissions totales actuelles.
- Dans l’option « renouvelables » on suppose, toujours sans réduire la consommation, que la production par l’éolien et le solaire est poussée au maximum compatible avec la stabilité du réseau. La production éolienne atteint 65 TWh pour une puissance de 30 GW (supérieure à l’objectif du Grenelle) et la production photovoltaïque 5 TWh pour une puissance de 6,3 GW. Dans ces conditions, la part du nucléaire passe à 67%. Il apparait clairement que la production renouvelable ne peut, à elle seule, ramener la part du nucléaire à 50%
- Dans l’option « d’austérité électrique » on allie un maximum de contribution des énergies renouvelables intermittentes à une réduction de la consommation d’électricité. Pour atteindre une part de 50% du nucléaire sans augmenter la production par combustibles fossiles, la consommation d’électricité doit être divisée par 2 d’ici 2025 !
- Dans l’option « gaz + ENR » la contribution des ENR est maximisée, la part du nucléaire est ramenée à 50% et le complément est apporté par des centrales à gaz. Les besoins en gaz augmentent de 14 Mtep, et les émissions totales de CO2 de 8%
Au regard des impératifs économiques, sociaux et de sécurité d’alimentation, aucune de ces solutions n’est soutenable. Mais plus encore, l’objectif de division par quatre des émissions de CO2 d’ici 2050 devient inaccessible.
C’est inacceptable.
En fait, il est tout irréaliste d'arrêter 20 réacteurs et les remplacer par d'autres sources d'énergies d'ici 2025(dans 12 ans!), mais on risque de finir comme les Suédois. Cependant, on sera obligé de traiter le problème compliqué d'un mixage optimal avec les inévitables sources intermittentes.
Rédigé par : M. Asghar | 10 décembre 2013 à 17h42