Monsieur le secrétaire général du Parti Socialiste (de EELV)
La presse a révélé récemment[1] qu’une négociation entre le Parti socialiste et les Verts (EELV) allait commencer cette semaine sur le contenu du projet de loi sur la « Transition énergétique »
Cette information, donnée en marge du colloque organisé par le Syndicat (professionnel) des énergies renouvelables (SER) précise: « En ligne de mire, un calendrier « crédible » de fermeture des réacteurs nucléaires pour parvenir à l’objectif d’une part de 50% de nucléaire dans la production d’électricité à 2025 ».
Deuxième information: les deux interlocuteurs se seraient accordés pour que la publication de la liste des réacteurs qu’ils condamneraient d’un commun accord ne soit pas immédiatement rendue publique (serait-ce pour ne pas perturber les élections à venir ? On peut le penser).
Dans le souci de transparence démocratique dont vous vous réclamez, pouvez-vous nous confirmer cette information ? Si vous la confirmez, pouvez-vous nous indiquer quelle seraient les positions initiales de votre parti : quel type de production d’électricité devrait remplacer la production nucléaire ? Celle-ci pouvant diminuer soit par une diminution de la puissance installée nucléaire actuelle, soit en diminuant le temps moyen de fonctionnement des réacteurs (facteur de charge) ; dans ce dernier cas, la puissance du parc nucléaire étant maintenue, il serait possible de faire face à la demande d’électricité, même en absence de vent et de soleil. Au contraire, en cas de diminution de la puissance nucléaire, il faudra la remplacer par une puissance disponible à tout moment, c’est-à-dire par celle de centrales à gaz ou charbon. Pouvez-vous nous préciser votre préférence ?
Rappelons que l’industrie nucléaire française, de niveau mondial :
- mobilise, 400.000 emplois dans un domaine de haute technologie, en quasi-totalité en France,
- contribue à fournir une électricité à un coût parmi les moins chers de l’Union Européenne et dans des conditions de stabilité remarquables,
- contribue au redressement économique du pays par ses exportations (8 milliards par an) et en limitant le déficit de sa balance commerciale (gain estimé à 20 milliards par an),
- enfin, point essentiel, fait de la France un champion de la lutte contre le dérèglement climatique avec seulement 60 g de CO2 par kWh quand l’Allemagne en émet 400, en réduisant de plus considérablement la pollution atmosphérique par rapport aux centrales fossiles.
Faut-il aussi rappeler à des partis qui disent mettre l’écologie au premier rang de leurs préoccupations que l’Agence européenne de l’environnement[2] chiffre entre 66 et 112 milliards par an le coût environnemental des émissions des centrales électriques européennes à combustibles fossiles, et que la « Health and Environmental Alliance » (HEAL) chiffre entre 15,5 et 43 milliards d’euros par an les méfaits pour la santé publique en Europe de la production d’électricité à partir du charbon ?
Une réponse explicitant vos propositions participerait à un débat clair et argumenté, toujours positif.
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1- ENERPRESSE N°11007 – Vendredi 7 février2014
2-«Revealing the costs of air pollution from industrial facilities in Europe»
Ce qui est amusant, c'est que le problème CO2-climat n'a jamais traversé l'esprit de ceux qui ont décidé, il y a 40 ans, le programme nucléaire français.
Quand je discute avec des antinucléaires, mon propos est "si vous avez peur du nucléaire, acceptez le charbon, mais ne nous amusez pas avec des fariboles comme les éoliennes" C'est du reste ce qui se passe en Allemagne...
Rédigé par : Gunther | 10 février 2014 à 13h38
Bravo pour cette article qui pose les bonnes questions !
Rédigé par : Christine Fenouil-Ponthieu | 10 février 2014 à 13h46
Toutes ces questions sont raisonnables, mais l'autre côté, le PS et les verts ne peuvent pas répondre sur comment arrêter une vingtaine de réacteurs nucléaires dans douze ans et trouver un replacement écologique pour diminuer sa contribution à 50%. Il n'y aura pas de harakiri car il y a une bonne chance de finir cette histoire un peu à la Suédoise. Cependant, un mix optimal du nucléaire et des renouvelables est inévitable.
Rédigé par : M. Asghar | 10 février 2014 à 19h33
@Gunther
Ce qui est amusant, c'est que le problème CO2-climat n'a jamais traversé l'esprit de ceux qui ont décidé, il y a 40 ans, le programme nucléaire français.
C'est vrai ; et malheureusement pour nous , ceux qui ont décidé avaient peu de sensibilité à l'environnement.
Sinon ils auraient eu vent de l'hésitation des "écologistes" qui à l'époque de la fondation de l'"écologie politique" hésitaient entre "bagnole et nucléaire" (Voir texte de BRICE LALONDE Futuribles JUIN 1985).
Rédigé par : Jacques- | 13 février 2014 à 07h57
Les réacteurs à neutrons rapides pourront, beaucoup le savent, fournir toute l'énergie qu'on veut pendant des siècles, en consommant très peu d'uranium, avec des déchets peu actifs et même en réduisant les déchets anciens. Ils sont tranquillement étudiés par le CEA depuis bien des années fixé sur une architecture (cuve suspendue, sensible à des agressions) qui peut être dépassée par nos concurrents dans le monde . Quand sera-t-il possible d'en discuter? Ceci est-il réservé aux politiques ou aux braves écolos?
Rédigé par : Didier Costes | 12 avril 2014 à 17h55