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02 septembre 2008

Commentaires

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Excellent document de travail qui permet d'y voir clair, et qui est accessible au grand nombre tout en demeurant rigoureux: la synthèse n'est pas facile à opérer.

A propos de l'hydroélectricité en milieu tropical...

J'ai eu l'opportunité d'étudier dans le cadre de mes activités professionnelles l'impact du lac de Petit Saut en Guyane, qui nous a été "vendu" au nom de la lutte contre l'effet de serre, la totalité du courant provenant auparavant de centrales thermiques.
Ce complexe devait assurer l'autosuffisance énergétique de la Guyane, voire permettre d'exporter de l'énergie. Il a fallu maintenir et même développer les installations préexistantes...

On a noyé 310km2 de forêt primaire, ce qui génère des millions de tonnes de méthane. Il n'y avait pas de solution alternative, le bois étant fort peu exploitable économiquement. de plus, faire venir des centaines d'engins pour le couper et le transporter aurait créé un effet d'entraînement dommageable pour le reste de la forêt, une fois le chantier achevé. En outre, la combustion des branches et parties inutiles aurait généré cendres hautement polluantes, fumées et... CO2

Bref, pour un prix énorme (220.000.000 d'euros pour 100.000 personnes concernées et peu d'activité économique - euphémisme) on a développé une infrastructure polluante, insuffisante, inadaptée.

Dans ces conditions, un miniréacteur du genre de ceux qui équipent les sous-marins ou porte avions n'aurait-il pas été plus adapté?

Il est excellent qu'un journal comme Nature, qui est très lu dans les milieux scientifiques, publie un tel article. Il serait encore mieux que les médias s'en fassent l'écho.
Ce qui manque à cet article, c'est une évaluation par régions. En effet, les énergies renouvelables ne sont que peu transportables, et on voit difficilement comment un marché mondial pourrait s'organiser, même pour l'électricité.
D'autre part,il manque une évaluation des bilans énergétiques réels. Car il faut de l'énergie pour mettre en oeuvre les énergies.
Les possibilités de la biomasse me paraissent exagérées. D'autre part,la biomasse me parait pouvoir mieux utilisée à produire de la chaleur que de l'électricité
Les possibilités de la géothermie me paraissent encore très hypothétiques.Il sera difficile d'exploiter la chaleur des roches profondes, parce que les sites vont différer géologiquement:il y en aura peut-être beaucoup moins d'élus que de candidats;

Eolien (et photovoltaïque )
Les conséquences de L'intermittence de l'éolien (et du photovoltaïque) sur la gestion du réseau électrique sont soulignées dans l'article.
Cela a également pour conséquence la mise en place de moyens de production capables d'assurer l'équilibre production/consommation.
Si la part d'intermittence dépasse ce que l'hydraulique est capable de compenser, seuls des moyens carbonés y parviennent.
Il faut donc limiter l'éolien à ce que la production hydraulique de proximité est capable de compenser.

A propos du nucléaire, l'article écrit :
"la faisabilité technique des réacteurs surgénérateurs refroidis au Sodium est démontrée." Cela est exact même si superphoenix a aussi montré qu'au delà de la faisabilité, la possibilité de produire de l'électricité d'une façon continue était moins évidente. Par contre, ce qui n'est pas démontré et constitue, probablement le plus important obstacle au développement de cette filière, c'est la sûreté de telles installations.
En effet, le sodium est un métal extrêmement corrosif qui s'enflamme au contact de tout corps contenant de l'eau. Chacun se souvient de l'expérience faite lors de ses cours de chimie du lycée ! Si le confinement avec l'air extérieur venait à être rompu et que les centaines de tonnes de sodium très chaud venaient à s'enflammer, il serait tout aussi impossible d'éteindre ce feu qu'il fut impossible d'éteindre le feu de graphite de Tchernobyl...
Est-ce à dire que la filière des surgénérateurs est vouée à l'abandon ? Pas nécessairement, d'autres solutions sont possibles, en particulier celles faisant appel au plomb comme fluide de refroidissement.
Derrière l'étiquette globalisante "nucléaire" se trouve bien des technologies différentes. Il me semblerait utile de faire le tour de toutes ces filières potentielles, de l'EPR à la "Z machine" en passant par les 6 filières de la génération IV et les réacteurs hybrides.
La France, qui dispose d'un parc suffisant et qui devrait pouvoir être exploité pour une vingtaine d'année encore pourrait, devrait, jouer un rôle pilote en développant la recherche dans ces domaines. Certes il y a déja ITER , mais qui constitue un projet à trés long terme, peut être stérile. D'autres voies sont à explorer, encore faut-il que celle des EPR qui ne sont que la poursuite de la technologie eau pressurisée ne viennent pas absorber tous les crédits et toutes les compétences, au nom d'une rentabilité financière à court terme.
L'EPR risque d'être le "minitel" de demain: une technologie dont la généralisation bloque le progrés.

A propos du photovoltaïque :
Tout comme pour mon commentaire concernant les énergies nucléaires, il me semble important de parler des diverses filières photovoltaïques.
Il ne faudrait pas faire ce qu'avait fait une récente revue du CEA, consacré à ce sujet, et qui ne traitait que des cellules au silicium et des cellules dites "organiques". Tout simplement parce que c'était les seuls domaines ou des chercheurs du CEA travaillaient
En effet, une nouvelle filière est apparue depuis peu et commence à être exploitée industriellement : celle des couches minces ( tellure de cadmium, diséléniure de cuivre et d'indium) : les résultats actuels permettent la production directe de panneaux d'un mètre carré voir plus, avec des rendement d'environ 10%. le résultat est un coût en euro/W divisé par 2 ou 3 par rapport à la filière "silicium".
Une exposition a lieu en ce moment à Valence, en Espagne, et le responsable de l'expo signe un article dans "La Recherche" de ce mois qui insiste sur le bouleversement que cette technologie va introduire.

A propos de la géothermie :
Il est vrai que la géothermie utilisée comme "matière première" de la production d'électricité est limitée par des considérations géologiquse. Il est bon toutefois de rappeler que pour notre pays, une petite centrale vient de voir le jour en Alsace et que tout au long du Rhône, des sites potentiels abondent.
Par contre si l'on envisage la géothermie comme moyen de produire de la chaleur pour des usages industriels ou pour le chauffage urbain, les possibilités sont beaucoup plus importantes, notamment dans le bassin parisien. Plusieurs communes (dont la mienne ) utilisent des puits pour alimenter le chauffage d'immeubles collectifs. Cette possibilité est loin d'être exploitée à 100%. Encore faut-il que les gestionnaires d'immeubles ne raisonnent pas à partir des seuls critères de rentabilité financière à court terme : Un chaudière à gaz coûte moins cher qu'un forage et ce sont les locataires qui paient le gaz !

@Jean-Pierre Gaillet,
A ce que je crois savoir, le facteur de charge moyen du photovoltaïque en France est-à-peine supérieur à 10 %, soit moins que celui de l'éolien. Il fluctue par contre beaucoup moins rapidement. Est-il nécessaire dans son cas de le régulariser avec des turbines à gaz, comme l'éolien, ou peut-on utiliser d'autre types de centrales, hors hydraulique? Il me semble que dans le cas du solaire,la recherche porte beaucoup trop sur l'amélioration du rendement, et pas assez sur sa régularisation, qui reste un point de blocage.

Cette synthèse très riche en information met le poids sur les aspects techniques et économiques. Sans que soit négligé l'aspect humain / médiatique, il faudrait le mettre bien plus en valeur. Un exemple : la contradiction écologique des barrages hydrauliques en montagne, utiles du point de vue énergétique mais modifiant l'aspect paysager et l'équilibre écologique local (voir aussi la contribution de Benjamin sur le barrage en Guyane).

L'impact le plus fort de l'opinion publique concerne bien sûr le nucléaire. Je me rappelle très bien, gamin dans les années 1950 qui ai vu l'exposition "Atoms for Peace", qu'il y avait un enthousiasme assez général pour les bienfaits de l'énergie "atomique" allant jusqu'à proposer des cuisinières atomiques ! Ceci a beaucoup changé depuis.

Une raison de fond est le danger "occulte" de la radioactivité : elle ne fait pas tousser, elle n'irrite pas les yeux et pourtant elle peut tuer (comme le monoxyde de carbone, d'ailleurs). Et malheureusement, le nucléaire a tué à Hiroshima et Nagasaki. Dans cette situation, il aurait fallu toujours communiquer clairement, avec toute la transparence nécessaire, pour que le grand public soit informé. Malheureusement, l'armement et l'industrie nucléaires n'ont pas joué ce jeu mais ont souvent, bien trop souvent, caché des évènements dangereux ; évènements qui d'ailleurs n'étaient pas d'un ordre de grandeur plus dangereux que d'autres évènements causés par l'homme. Je ne saurais le chiffrer, mais je pense que même l'accident de Tchernobyl est du même ordre de grandeur en pertes humaines que les accidents miniers et la mort due à la pollution par le charbon. Et ces "cachotteries" ont été faites lors de pollutions radioactives en Europe (France, Grande-Bretagne....) comme aux Etats-Unis et en URSS. Une fois sorties de leur cachette (et ceci arrive inévitablement un jour ou l'autre, même si c'est des lustres plus tard comme les pollutions sur les sites militaires américains), ces cachotteries induisent une méfiance violente chez le public et ceci est, à mon avis, une raison majeure pour le rejet du nucléaire. Même les deux derniers évènements de pollution mineure à Tricastin et en Belgique auraient dû être traités plus rapidement et pas avec quelques jours de délai. Le secret, les hésitations, les retards de communciation sont l'ennemi numéro un du nucléaire !

Et dans cette situation, il est très difficile d'avoir des avis vraiment objectifs - les opinions se sont trop polarisées entre pro- et antinucléaires. Il faudra faire un effort d'information très important dans les médias et auprès des décideurs politiques, en développant les aspects positifs et négatifs et en expliquant le rôle délétère des couacs du passé.

@Dieter Gold,
Le manque de transparence sur le nucléaire a un rôle dans la méfiance du public, mais il faut remarquer que dans le cas du charbon,la méfiance n'a pas à s'exercer parce qu'il n'y a pas d'informations du tout!
Vous vous interrogez sur la comparaison Tchernobyl Charbon. Côté Tchernobyl, les estimations varient de quelques centaines à quelques centaines de milliers de morts,beaucoup plus en fonction de convictions que d'analyses étayées.Mais les valeurs les plus élevées ciculent sans arrêt en boucle sur Internet et dans les médias. En ce qui concerne le charbon, les estimations ne sont pas non plus très faciles à faire. Comme pour Tchernobyl, il y a les dommages de manière évidente liés au charbon, accidents, silicose etc.Pour les accidents,les estimations varient de 5000 à 20000 par an, dont la moitié en Chine. Pour la silicose et autres maladies professionnelles, cela représente sans doute 10 fois plus. Mais il faut ajouter la mortalité due à la pollution atmosphérique créée par les centrales à charbon. Des estimations publiées par The Lancet indiquent de l'ordre de 30 morts par TWh électrique pour l'Europe.L'extrapolation à l'échelle mondiale donne environ 250 000 morts par an. L'ensemble de toutes ces causes donne donc de l'ordre de 400 à 500 000 morts par an, soit en une seule année l'équivalent des valeurs les plus délirantes citées pour Tchernobyl.
Si l'on prend le cas de l'Allemagne,la mortalité due au charbon est probablement de l'ordre de 10 000 par an, soit plus en une seule journée que la mortalité totale supposée des centrales nucléaires depuis leur construction. Et il est significatif que l'on s'y préoccupe des leucémies soi-disant provoquées chez les enfants par les centrales nucléaires, mais jamais des maladies provoquées chez ces mêmes enfants par les centrales à charbon!
Et il y a bien sûr le problème de la radioactivité émises par les centrales à charbon, dont les médias ne parlent pas non plus.
Il n'y a donc une très grande opacité en ce qui concerne le charbon, et cela beaucoup plus en Europe qu'aux Etats-Unis, où çà commence à remuer.Pourquoi?

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