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Le
président de Sauvons le Climat a reçu une interpellation de la part d'Attac Isère
auquel il a bien entendu répondu (courtoisement...)
Nous aimerions connaître jusqu'où votre mauvaise foi pseudo scientifique (scientiste ?) peut vous permettre d'argumenter favorablement l'incident du 8/09/08 à Tricastin ?
>> Bon brainstorming ! Attac Isère >>
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(suite du courrier) Le 8 septembre, au cours d'une opération de renouvellement du combustible, lorsque le couvercle de la cuve du réacteur n°2 a été soulevé, deux assemblages de combustible sont restés accrochés aux structures internes supérieures, et restent depuis suspendus au dessus des 155 autres assemblages qui constituent le cœur du réacteur.
Un événement de ce type s'est certes déjà produit en 1999 à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), et avait duré plus d'un mois, mais la situation au Tricastin est encore plus grave car il s'agit de deux assemblages au lieu d'un seul, ce qui démultiplie les difficultés : les opérations engagées pour récupérer un assemblage peuvent provoquer la chute du second. De plus, alors que EDF et les autorités restent muettes sur ce sujet, il est fort possible qu'un assemblage ou même les deux soient "moxés", c'est à dire contiennent du plutonium, ce qui aggraverait alors nettement les risques.
Les deux assemblages, pesant chacun environ 800kg, menacent à chaque instant de tomber. Il pourraient alors se briser et les différents morceaux, se glissant entre les autres assemblages, pourraient éventuellement déclencher une réaction nucléaire incontrôlée. Un très grave accident nucléaire serait alors possible. Mais, même sans une telle réaction, les opérations de nettoyage pourraient être quasi impossibles à réaliser, le réacteur pourrait être définitivement condamné et légué tel quel à nos descendants.
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La réponse:
Comme d'habitude vous commencez par l'injure. On se croirait revenu à l'époque de la chasse aux sorcières. Je vous réponds donc par correction en sachant que cela ne sert à rien.
Première remarque. Nous sommes allés au Tricastin il y a une semaine et avons visité les lieux (sauf l'intérieur de l'enceinte de confinement du réacteur où s'est situé l'incident). Le personnel qui, je pense à une vision plus réaliste de la situation que les militants de SDN, ne montre aucune inquiétude. Quelle est la situation? Effectivement, pendant l'opération de déchargement d'un des quatre réacteurs, deux éléments combustibles sont restés accrochés à la partie supérieure qui comporte le couvercle de cuve et les éléments de contrôle mesure.
Seconde remarque: pour enlever les barres de contrôles, il est nécessaire de mettre le réacteur en situation complètement sûre. Cela se fait en remplaçant l'eau normale de refroidissement par de l'eau fortement borée, le bore étant un absorbeur de neutrons très puissant. Dès que les opérateurs on vu que les deux éléments combustibles restaient accrochés ils ont arrêté la manoeuvre. Les deux éléments restent ainsi encore engagés au tiers dans leur logement. Les éléments combustibles sont des ensembles d'aiguilles en Zirconium (ayant des propriétés mécanique semblables à celles de l'acier) qui contiennent des pastilles frittées d'oxyde d'uranium. Les aiguilles ont une bonne résistance car elles doivent résister à la pression des gaz de fission qui sont produits pendant le fonctionnement du réacteur.
Le risque est donc que les éléments se détachent et tombent (dans l'eau) d'une hauteur d'environ 2,5 mètres. Dans la chute ils seraient guidés à l'intérieur de leur logement. Essayez de faire tomber un tube en acier, même mince, de deux mètres à travers un autre tuyau plein d'eau, lui même dans une piscine. Vous verrez que la chute sera ralentie par l'eau et qu'après la chute les dégâts se limiteront à de faibles déformations.
Donc première stupidité: il n'y a aucune chance que l'élément combustible éclate en petits morceaux. Il est possible que des aiguilles se désolidarisent et tombent au fond de la cuve ou se coincent entre d'autres éléments combustibles proches. Ceci poserait un problème de déchargement du coeur et nécessiterait des opérations qui pourraient durer assez longtemps car nécessitant un examen détaillé de la cuve et des éléments et la construction d'outils spécifiques.
Une autre possibilité serait l'apparition de fissures sur des aiguilles, ce qu'on appelle des ruptures de gaine. Ces ruptures de gaine étaient monnaie courante au démarrage de la filière nucléaire. Elles ont été pratiquement éliminées, précisément entre autres choses, en améliorant les propriétés des aiguilles. Les ruptures de gaine conduisent à l'émission de gaz de fission radioactifs, particulièrement les Krypton et Xenon, susceptibles d'irradier les opérateurs des centrales (pratiquement pas le public). Elles polluent aussi l'eau du circuit primaire. C'est pourquoi elles sont à éviter.
Quant au risque d'une réaction incontrôlée dans un réacteur rempli d'eau borée, il est complètement nul et ceux qui colportent une telle rumeur sont soit de mauvaise foi, soit stupides, soit d'un ignorance crasse.
Actuellement (et cela prend du temps) EDF doit concevoir et réaliser un outil pour stabiliser la position des éléments pour poursuivre l'ouverture du coeur. Il est clair qu'une chute d'un élément complètement sorti de son logement pourrait conduire à une plus grande difficulté de remise en état, un risque plus grand de relâchement de gaz rare et augmenterait le durée de l'arrêt.
Donc, en conclusion, un incident qui retarde la remise en service du réacteur, qui pourrait, dans le pire des cas conduire à un relâchement de gaz de fission (gaz rares, essentiellement, l'iode étant très soluble dans l'eau). En aucun cas le risque de catastrophe décrit par les prêcheurs d'apocalypse de SDN.
Le Président de "Sauvons le Climat"
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... et le comble du ridicule est atteint, lorsque les Cassandre qui évoquent le péril radioactif s'offrent leur vingt cigarettes quotidiennes, en imposant un tabagisme passif intense à leur entourage - dont des enfants en bas âge!
Rédigé par : Benjamin | 10 octobre 2008 à 12h32