Jean Poitou
On regroupe souvent sous le nom de "climato-sceptiques" toutes les personnes qui mettent en doute ou qui nient l’action de l’homme sur le climat. Comme le souligne un article récent publié en avril 2010 dans la revue Nature par des chercheurs britanniques il est important de bien distinguer les négateurs du réchauffement climatique d’une part, et les sceptiques d’autre part.
Les négateurs, agissant par conviction, par idéologie ou par intérêt, ignorent sciemment les preuves que fournit la science. Ils ont un comportement conservateur, refusant le changement dans l’environnement ou dans les modes de pensée. De nombreux domaines sont la cible de négateurs : on en a vu des négateurs, rejetant la théorie de l’évolution, refusant globalement les OGM, diabolisant le nucléaire, ou plus anciennement refusant la pomme de terre, faisant obstruction au développement des chemins de fer ou rejetant la théorie de la relativité ... Et actuellement, des négateurs nient le réchauffement climatique causé par l’homme.
Dans tous les cas, leur stratégie est la même : les négateurs crient à la conspiration, citent de faux experts et dénigrent les authentiques spécialistes, présentent des observations très partielles et déformées ; ils exigent des chercheurs des preuves impossibles à produire ; ils tiennent des raisonnements soigneusement biaisés. Ce faisant, les négateurs jettent le trouble dans l’esprit du public et sapent la crédibilité des chercheurs et de la science.
C’est une erreur de les désigner sous le nom de sceptiques. Ils ne font preuve d’aucun scepticisme, ils sont convaincus, ou du moins agissent et s’expriment comme tels.
Les sceptiques ont un tout autre comportement. Un sceptique, dans sa démarche, a l’esprit ouvert. Non convaincu par ce qu’il a pu lire, voir ou entendre, troublé par les propos contradictoires dont il a eu connaissance, le sceptique recherche les informations qui lui permettront de se faire une opinion. Le sceptique se pose des questions et éventuellement les pose aux personnes susceptibles de l’éclairer, ce qui contribue à l’approfondissement des argumentations et au progrès de la science.
Le vrai scepticisme est un des moteurs de la science. Les climatologues auraient bien tort de rejeter les sceptiques en les confondant avec les négateurs.
Tout à fait d'accord, excellent article. Je fais sûrement partie de ces sceptiques moi même et je suis dérangé depuis le début de cette histoire entre la rapide assimilation faite par Al Gore et consorts entre:
- corrélation entre élévation du taux de CO2 et élévation des températures
- relation de cause à effet: élévation du taux de CO2 est la cause de l'élévation des températures.
L'élévation des températures n'est plus à prouver (même pour les négateurs). L'élévation du taux de CO2 dû à l'action de l'homme n'est plus à prouver. La relation de cause à effet, elle, reste à prouver.
Rédigé par : ppst | 18 juin 2010 à 17h30
Pour préciser ma pensée: corrélation, certes, mais pas nécessairement relation de cause à effet.
Rédigé par : ppst | 18 juin 2010 à 17h32
ppst,
Si vous lisez le papier de Michel Petit (lien dans l'article juste en dessous de celui-ci dans ce blog), vous verrez que le rôle climatique du CO2 a été prévu bien avant que le réchauffement important depuis les années 70 commence à se manifester. Les climatologues s'attendaient à ce réchauffement. La corrélation ne peut valablement être observée que sur une période longue compte tenu d'une part de l'inertie du système climatique (les océans sont longs à réchauffer) et de la variabilité importante liée à la météorologie, et aux phénomènes d'oscillations naturels : activité solaire, fluctuations océaniques ..., dont les effets se superposent au réchauffement sans l'annuler.
La relation de cause à effet entre l'augmentation du CO2 et un réchauffement sur le long terme, elle résulte de l'application des lois de la physique.
Rédigé par : Jean Poitou | 18 juin 2010 à 18h54