La catastrophe de Fukushima vient de relancer le débat sur la place du nucléaire dans l’évolution du mix énergétique.
Quel que soit le caractère exceptionnel et non généralisable de l’événement à l’origine de la catastrophe, chacun perçoit qu’au final, ce n’est pas seulement la probabilité de l’accident qui compte, mais l’ampleur de ses conséquences, surtout en termes de durée, s’il advient.
Il faudra donc, bien entendu, tirer des conclusions concernant l'amélioration de la sûreté des centrales, en ce qui concerne le risque inondation, la protection des piscines, les possibilités de vie en autarcie de la centrale et le maintien d'une accessibilité satisfaisante dans toutes les conditions. Le but à atteindre est que l'évacuation de la population, qui crée inévitablement un climat de panique, ne soit plus nécessaire.
Le caractère non local des effets, perceptible à travers les images d’évolution du panache à travers le monde, confirme que l’énergie n’est pas une marchandise comme une autre, et qu’elle devrait être considérée comme un bien commun, au même titre que l’eau, l’atmosphère ou le climat, relevant plus d’une logique de service public que d’une logique de marché. L’établissement de normes internationales de sécurité, la mise en place d’instances d’évaluation indépendantes des gestionnaires des centrales, le renforcement des agences internationales de contrôle sont autant de chantiers indispensables à développer si l’on entend profiter des avantages de l’énergie nucléaire comme source concentrée et décarbonée d’énergie. Des panaches similaires aux panaches radioactifs, mais porteurs cette fois des gaz à effet de serre, rendraient concret cet autre aspect non local des perturbations anthropiques de l’atmosphère.
L’accident de Fukushima ne supprime en effet pas la problématique énergie-climat telle qu’elle se pose pour les décennies à venir à l’humanité : comment assurer une augmentation d’un facteur proche de deux de la demande énergétique globale d’ici 2050, en raison principalement de l’émergence de pays hors OCDE, tout en divisant par deux les émissions de gaz à effet de serre ?
Aujourd’hui, les potentiels des énergies renouvelables sont trop réduits pour qu’elles puissent remplacer les énergies fossiles, même aidés par l’indispensable amélioration de l’efficacité énergétique. Abandonner rapidement le nucléaire impliquerait nécessairement de s’engager dans une perspective « décroissante » dont la gestion sociale serait d’autant plus délicate qu’elle serait brutale.
Sauvons Le Climat pense qu’il convient plus que jamais de garder la tête froide.
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