Sauvons Le Climat estime que l’accident de Fukushima est une formidable mise en perspective des enjeux de la sûreté nucléaire. Loin d’être une raison pour sortir du nucléaire en France, cet évènement dont les conséquences sont sans aucune commune mesure avec celles du tsunami qui l’a provoqué, devrait bien au contraire servir à une évolution du concept de sûreté, favoriser la décision de mise à la retraite des réacteurs les moins sûrs et justifier la construction d’une nouvelle génération de réacteurs plus onéreux mais sûrs même dans les circonstances les plus extrêmes.
La première secrétaire du PS vient de s'exprimer clairement en faveur du modèle actuellement décidé par le gouvernement allemand. Voici les cinq raisons principales pour lesquelles SLC s’oppose à cette position, qui selon nous constitue un non-sens technique et un contre-sens historique.
1. Les accidents de Three Mile Island (1979), puis Fukushima (2011)ont montré l’importance d’une conception robuste des réacteurs nucléaires, face à un accident grave. A TMI, le réacteur à eau sous pression (REP) a retenu le cœur fondu dans la cuve et les produits radioactifs dans l’enceinte de confinement. A Fukushima, pour les réacteurs à eau bouillante (REB) de modèle ancien, si l’essentiel du corium est resté dans la cuve, des produits radioactifs ont été dégagés hors de l’enceinte de confinement, dans l’environnement. Ceci démontre qu’il faut, de façon continue, placer la sûreté au premier plan des exigences de l’industrie nucléaire et prendre les mesures nécessaires pour pallier les faiblesses de conception constatées. Prendre Fukushima (ou Tchernobyl) comme argument en faveur de la « Sortie Du Nucléaire » est un contre-sens historique, au moment où il faut lutter par tous les moyens contre les émissions de gaz à effet de serre. Or c’est ce que s’apprêtent à faire de nombreux responsables politiques dans le monde, sous la pression de l’émotion probablement temporaire d’une opinion publique dont les antinucléaires viscéraux et les media en quête de sensationnel ont aiguisé la sensibilité.
2. NON, le modèle allemand n'est un modèle ni pour la France ni pour l'Europe. Tout d'abord, il est plus facile pour l'Allemagne de réduire sa consommation que pour d'autres pays, car la population allemande va diminuer de 12 millions de personnes d'ici 2050 (projections ONU). Pour la France, c'est l'inverse! Le modèle de production électrique allemand est inacceptable en termes d'émissions de gaz à effet de serre (en Allemagne: près de 10 tonnes de CO2 par habitant et par an, moins de 6 en France – source IEA 2008) et de risques d'instabilité du réseau (black-out de 2006) . De plus, cette voie réduirait considérablement l’intérêt des projets de développement de véhicules électriques (à cause de l'augmentation du coût de l'électricité et des émissions induites par sa production). SLC réaffirme donc que la France est au même niveau que l'Allemagne sur les énergies renouvelables (respectivement 14% et 17% en 2009), et nettement en avance sur les émissions de CO2 et les véhicules propres.
3. Avec l'EPR, la France détient un modèle de réacteur particulièrement sûr et s’est engagée dans sa construction. C’est en fait le seul réacteur conçu en fonction d’hypothèses extrêmes de destruction du cœur du réacteur ; son enceinte résiste à toutes les formes d’agression imposées, internes et externes, confine les produits radioactifs limitant les conséquences sur l’environnement d’accidents graves: si le réacteur en subissait un, avec fusion de cœur, l’évacuation des riverains ne serait en principe pas nécessaire ; elle serait éventuellement décrétée uniquement par précaution, sur une courte durée avec la quasi-certitude de pouvoir retourner chez soi rapidement [1]. Pour les REP français en fonctionnement, à la suite de l’examen général de sûreté décidé par les Pouvoirs Publics, l’Autorité de Sûreté Nucléaire déterminera les travaux de mise à niveau de sûreté nécessaires, conduisant éventuellement, à la fermeture des moins sûrs .
4. Les investissements nécessaires pour maintenir la part du nucléaire (75%) dans la production d'électricité sont bien inférieurs (d'un facteur 2 à 5 selon les hypothèses) à ce qui serait nécessaire pour arriver à 50% d'énergies renouvelables dans le bouquet de production électrique. Aucun chiffrage réaliste n'existe pour un système électrique sans gaz ni pétrole ni nucléaire. Or, contrairement à ce que prétendent certains Verts, le gaz n'est une énergie ni propre ni abondante ni bien répartie dans le monde : c'est aussi un combustible fossile, émetteur de CO2. De plus il serait incohérent de recourir de façon croissante au gaz et de refuser l’exploitation du gaz de schiste.
5. Une sortie du nucléaire en France pénaliserait les usagers (augmentation importante du coût de l'électricité) et négligerait les efforts fournis par les autorités, les industriels et les travailleurs du nucléaire pour assurer la sûreté et la sécurité de notre approvisionnement sans encombre depuis 1974.
Au contraire, en complément de la maîtrise de la demande d'électricité (MDE) nécessaire et prioritaire, SLC propose un modèle écologique et rationnel de production d'énergie [2], dont voici les points forts:
A. afin d'en favoriser les usages, développement important de la production de l'électricité, y compris nucléaire, accompagné de la réduction de la consommation d'hydrocarbures et du déploiement massif des énergies renouvelables dans les régions favorisées par la nature et qui en ont le plus besoin (projets 100% EnR dans les zones non interconnectées comme la Réunion, les Antilles, Mayotte, la Corse ..., et développement optimisé des ENR dans les zones insuffisamment interconnectées et bien pourvues en énergies renouvelables telles que la Bretagne ou les Alpes-Maritimes);
B. sortir du pétrole en accélérant le remplacement progressif des hydrocarbures fossiles et des biocarburants de première génération par des biocarburants de nouvelle génération (esters), produits à partir d’électricité nucléaire ou renouvelable et de biomasse [3];
C. pour le chauffage des bâtiments, développer les technologies combinant intelligemment stockage, énergies renouvelables et production électrique: pompes à chaleur, radiateurs électriques à accumulation, cogénération et réseaux de chaleur. Dans les logements anciens chauffés au fuel ou au gaz, développer le chauffage hybride [4]
En conclusion, Sauvons Le Climat refuse l'opposition entre renouvelables et nucléaires. Bien au contraire, la lutte contre les émissions de GES suppose, au niveau mondial, et surtout en Europe et en France, une complémentarité entre ces deux familles de modes de production d'électricité et de chaleur. Il réaffirme que la priorité est de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre, et non pas sortir du nucléaire à plus ou moins long terme.
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[1] Les atouts de sûreté de l'EPR vont au delà de la résistance de l'enceinte : recueil du corium dans un "récupérateur", refroidissement passif pendant au moins 12 heures, recombineurs d'hydrogène, résistance à différents types d’accidents extérieurs ou actions terroristes, etc. Le but est d'éviter l'évacuation de populations et les répercussions sur l’environnement en cas d'accident de fusion de cœur. L'EPR n'est pas un produit purement français, mais le fruit d'une collaboration franco-allemande. Des modifications relativement faciles à intégrer à la conception initiale seront probablement nécessaires suite au retour d’expérience de Fukushima, sans impliquer de dépassement de budget, ni de retard prohibitifs de mise en service des premiers EPR. Réf. revue Contrôle de l'ASN n°164 de mai 2005 sur le réacteur EPR, simulation IRSN : http://www.irsn.fr/FR/popup/Pages/animation-astec.aspx
[2] scénario NEGATEP: http://sauvonsleclimat.org/best-of-slchtml/diviser-par-quatre-les-rejets-de-co2-dus-a-lenergie-le-scenario-negatep/
[3] une étude Logica datant de 2007 (réalisée par l'équipe de François Dauphin) a validé par simulation une production équivalente à la moitié de la consommation française de carburants (pour les transports) à partir de la seule forêt française.
[4] plaquette SLC, page 26: http://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/plaquette%20rvise%20avril%2009.pdf
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D'autres textes : communiqués, études approfondies, conférences ... sur le changement climatique et l'énergie sur le site de Sauvons Le Climat
C'est minable! Un vrai programme de greenwashing et de croissance verte! Et ça se dit de gauche. La sortie du nucléaire est impérative et urgente ! Cette technologie est l'antithèse de la démocratie et de la responsabilité vis à vis de nos enfants.
Rédigé par : Wahlem | 15 juin 2011 à 16h56
Il y a des sujets bien plus impératifs et urgents pour la société nous semble-t-il. Alors pourquoi se focaliser sur le nucléaire? Que vous a-t-il donc fait? Qu'y a-t-il d'irresponsable à développer une technologie propre, sûre et utile? S'il est urgent d'interdire quelque chose, ne faudrait-il pas commencer par les technologies qui polluent, tuent, rendent malade, plus vite et à plus grande échelle?
Rédigé par : Stephan | 15 juin 2011 à 17h59
putain... un écologiste sarkozyste... ça existe donc, ça ? Le mythe de la sureté nucléaire, on nous le fait depuis Tchernobyl et le nuage radioactif qui ne devait pas réussir à traverser la chaîne des Vosges alors, hein... Compte pas sur moi pour défendre tes théories fumeuses qui n'intéressent que les adeptes de la déesse Areva...
Rédigé par : GdeC | 15 juin 2011 à 18h11
qui pensez encore pouvoir abuser avec vos arguments irresponsables ? Après l'Allemagne, lItalie vient de dire à son tour non au nucléaire. La France est une anomalie, dangereuse pour ses habitants et ses voisins. Cela suffit, il est plus que temps de sortir du nucléaire !
Rédigé par : Laure | 15 juin 2011 à 18h21
Donc vous pensez que continuer à polluer l'air, ce qui tue en Europe des milliers de personnes tous les ans et participe à l'accélaration de l'effet de serrer, est plus responsable que de développer et maintenir des réacteurs qui ont prouvé leur fiabilité depuis près de quarante ans.
Est-ce que cela vous rassure de faire l'amalgame entre les réacteurs français (ceux qui n'ont pas explosé et fait aucune vicitme) et les autres (ceux qui ont fait des victimes)? Etes-vous bien certaine qu'il s'agit des mêmes machines exploitées dans les mêmes conditions?
C'est trop facile de dire: j'arrête ce que je peux facilement arrêter, mais ce qui est plus dangereux et plus difficile à arrêter, là je ne lève pas le petit doigt. De mon point de vue, c'est ce choix de la facilité qui est irresponsable.
Rédigé par : Stephan | 15 juin 2011 à 19h18
La France serait une anomalie? La Suède, le Royaume-Uni, l'Inde, les Etats-Unis aussi?
Tous dangereux?
Dans mon aveuglement occidental, je croyais qu'il s'agissait de pays stables, qui essaient de conjuguer, tant bien que mal, développement économique, liberté, démocratie, écologie, etc.
Un nouvel ordre mondial est en route, incarné par l'Allemagne, l'Italie, etc. Merci Laure de m'avoir ouvert les yeux sur cette évidence historique!
Rédigé par : Stephan | 15 juin 2011 à 19h24
Rédigé par : Wahlem | 15 juin 2011 à 16h56
"C'est minable! Un vrai programme de greenwashing et de croissance verte! Et ça se dit de gauche. La sortie du nucléaire est impérative et urgente ! Cette technologie est l'antithèse de la démocratie et de la responsabilité vis à vis de nos enfants."
Qu'est-ce qui est minable ?
Qui se dit de gauche ?
La sortie du nucléaire est impérative et urgente ? Allez dire ça aux Chinois, aux Russes, même en Arabie séoudite qui veut construire 20 réacteurs malgré la ressource solaire.
Rédigé par : GdeC | 15 juin 2011 à 18h11
" putain... un écologiste sarkozyste... ça existe donc, ça ? Le mythe de la sureté nucléaire, on nous le fait depuis Tchernobyl et le nuage radioactif qui ne devait pas réussir à traverser la chaîne des Vosges alors, hein... Compte pas sur moi pour défendre tes théories fumeuses qui n'intéressent que les adeptes de la déesse Areva..."
Tchernobyl : 2 mSv même pas peur, moins que les essais nucléaires aériens. Pour l'analyse historique : http://www.dossiersdunet.com/spip.php?article750
Rédigé par : Laure | 15 juin 2011 à 18h21
"qui pensez encore pouvoir abuser avec vos arguments irresponsables ? Après l'Allemagne, lItalie vient de dire à son tour non au nucléaire. La France est une anomalie, dangereuse pour ses habitants et ses voisins. Cela suffit, il est plus que temps de sortir du nucléaire !"
L'Allemagne va remplacer le nuc par du gaz (et un peu d'éolien) c'est ça votre exemple ? La France est en tête et elle garde la tête froide pas comme vous.
Qui sont ces comiques (Wahlem, GdC, Laure) qui sans arguments sérieux viennent débattre avec nous ?
Rédigé par : Berthier | 15 juin 2011 à 20h11
2 remarques à Berthier, que je remercie au passage pour son aide:
1. ATTENTION: il y a un pb de présentation concernant la disposition des signatures sous le texte APRES le séparateur horizontal. J'ai failli me faire attraper et Berthier était tombé dans le piège! (mais il apu faitre rectifier son commentaire)
2. Wahlem, GdC ... sont les bienvenus pour débattre avec nous, mais ils ne débatent pas: ils affirment sans argumenter. Un argument plus ou moins sérieux est plus intéressant qu'une affirmation gratuite!
Ce débat est presque complet: argumentation sur le fond et la forme... il ne manque plus que le débat sur le débat :-)
Stephan
Rédigé par : Stephan | 15 juin 2011 à 20h27
Voilà un excellent questionnement à quelqu'un qui représente un parti de gouvernement qui peut revenir aux
responsabilités d'ici un an. Il est,en effet fondamental que sur le sujet énergétique, les candidats ou partis politiques ne se contentent pas d'énoncer un slogan. Il est indispensable qu'ils proposent une véritable alternative énergétique et si elle est concrète et réalisable, d'en chiffrer le coût pour chaque Français.
Je pense qu'il faut sortir du Yaka, Fokon et énoncer une politique architecturée,rationnelle et économiquement acceptable. De plus cette politique dit dire en quoi, elle arrive aux engagements post kyoto en matière de gaz à effet de serre. Ceci est d'autant plus important que les mandats de 5 ans sont de faible durée devant les temps de réponse énergétiques qui sont de 10 à 15 ans. Yves Cochet avait pris en 2001, l'engagement pourla France de faire 21 % d'électricité d'origine renouvelable en 2010. Nous en sommes où? Et que dit Yves Cochet aujourd'hui. La politique énergétique ne se fait pas avec la langue mais se bâtit pas à pas. Idem des engagements de Mr Borloo.
Rédigé par : Jean FLUCHERE | 15 juin 2011 à 20h46
pour GdeC et Laure
Vous voulez sortir du nucléaire, d'accord. Mais vous ne sortirez pas des problèmes du nucléaire. Qu'allez vous faire des déchets existants, comment et à quel prix démantèlerez vous les réacteurs existants. Et qui allez vous charger de nettoyer la place?
Rédigé par : Nifenecker | 15 juin 2011 à 21h36