L’Allemagne a depuis des années une action pionnière dans le développement des énergies renouvelables (ENR). Elle continue à y jouer un rôle de pilote essentiel et son expérience mérite donc d’être étudiée de près. Or, si l’Allemagne est régulièrement invoquée comme un modèle à suivre dans le développement des ENR, il est remarquable de voir à quel point, de ce côté du Rhin, on lit et commente peu les publications allemandes (rapports d’instituts, et articles dans la grande presse) qui pourtant se révèlent souvent beaucoup plus nuancées qu’on ne l’imagine ici.
Le document BDEW inconnu des Français
Sauvons le Climat souhaite combler cette lacune et publie une étude sur ce sujet pour permettre aux citoyens de débattre avec toute la connaissance qu’ils sont en droit d’avoir. Le « Bundesverband der Energie und Wasserwitschaft e.V. » (BDEW, agence fédérale pour l’économie de l’eau et l’énergie) a entrepris de publier un ensemble de données énergétiques et comptables sur les ENR en République Fédérale. Ce bilan s’intitule : « Erneubare Energien und das EEG : Zahlen, Fakten, Grafiken (2011) » (Energies Renouvelables et la loi sur les énergies renouvelables : Chiffres, Faits, Graphiques (2011)). Celui-ci, fournit une présentation à la fois complète et pédagogique de la situation allemande aujourd’hui et de ce qu’on peut attendre de son évolution dans un futur proche. Sauvons le Climat se base sur ce document pour son analyse.
Par l’introduction de subventions sous la double forme d’une obligation d’achat de certaines énergies (éolienne, solaire photovoltaïque, biomasse, petit hydraulique) associée à des tarifs avantageux, loi allemande vise à transformer radicalement le mix électrique allemand ayant en vue d’une part un amoindrissement de la dépendance aux énergies conventionnelles (lignite, charbon, gaz et nucléaire qui doit disparaître à l’échéance de 2022), et d’autre part une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette méthode (obligation d’achat et tarifs d’achat) a été largement copiée à l’international. C’est en particulier celle qui a été reprise dans notre pays.
Le document BDEW nous en montre le fonctionnement dans un pays où la logique du système a été poussée jusqu’au bout, mais de façon transparente, faisant assumer au consommateur l’intégralité du coût de cette politique.
En France, on cache la véritable facture : deux milliards d’euros sous la table
En France au contraire, nos gouvernements successifs ont mis en place un système destiné à camoufler aux Français le surcoût inévitable d’une politique de soutien aux renouvelables. En principe, l’outil français de financement des renouvelables devrait être la taxe CSPE (Contribution au Service Public de l’Electricité ) que l’on retrouve bien sur nos factures. En pratique, derrière l’adjectif « public » que contient son nom, la CSPE a été progressivement modifiée de façon à mélanger les surcoûts associés au soutien à des producteurs d’électricité privés (éolien, solaire, etc.) à des ceux de missions qui sont elles véritablement de service public (aide au démunis, à la Corse et au DOM-TOM, médiateur). De plus, pour éviter de rendre trop douloureux le soutien au renouvelables, la CSPE a été systématiquement plafonnée transférant de fait des charges à l’électricien national public EDF pour des montants qui aujourd’hui dépassent les 2 milliards d’euros. A ce jour, la CSPE est encore plafonnée.
Le document BDEW explique clairement que le surcoût EEG sur la facture électrique des allemands est déjà de près de 36€/MWh et ce pour une contribution de l’ordre de 17% à la production électrique. Un tel surcoût est donc de l’ordre de grandeur du coût de la production du parc nucléaire et hydraulique français qui assure 90% de notre production. A lui seul, aujourd’hui, il renchérirait la facture d’un consommateur français de 30%. Le texte BDEW montre aussi que le soutien à l’énergie solaire est responsable de la majeure partie de la facture EEG alors même que la contribution des plus de 20GW de panneaux solaires allemands ne dépasse pas 2-3% de la production électrique. Une étude prospective de court terme montre aussi que le consommateur allemand qui paye déjà son électricité deux fois plus cher qu’un français doit s’attendre à un presque doublement du poids des renouvelables sur sa facture à l’horizon 2016.
Nous renvoyons le lecteur intéressé au document d’analyse plus détaillé qui se trouve sur le site de SLC[1] et de préférence, s’il lit l’allemand, au document original. Dans celui-ci, le lecteur pourra en plus constater la disparité des choix faits dans ce domaine par les différents Länder.
[1] Allemagne 2011 – Energies Renouvelables- Lecture commentée d’un document du BDEW (H. Flocard)
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