L’Allemagne a décidé, au lendemain de l’accident de Fukushima, d’accélérer sa sortie du nucléaire. Ce tournant énergétique (Energiewende) s’accompagne d’un développement considérable d’énergies renouvelables. Ainsi, à l’horizon 2050, plus de 50% de l’énergie primaire devra être d’origine renouvelable. A horizon 2020, ce sont 35% de la production d’électricité qui devront avoir cette origine, du renouvelable intermittent pour l’essentiel. Cela sous contrainte : le maintien de la compétitivité de l’industrie allemande.
Ce tournant repose sur un double pari : (i) pari sur l’arrivée à maturité de nouvelles technologies telles que le captage du carbone ou le stockage en masse de l’électricité et (ii) pari sur l’acceptabilité par les populations. Sur le premier point, les technologies attendues ne devraient pas être disponibles pour un développement à grande échelle à l’horizon 2030 ; au-delà, c’est la plus grande incertitude. Sur le second, la principale difficulté porte sur l’acceptabilité par les riverains de nouvelles lignes de transport d’électricité (Très Haute Tension) et sur les coûts qui, in fine, sont à la charge du citoyen.
En attendant il faudra construire des centrales thermiques à flamme ce qui devrait conduire à une stagnation des émissions de CO2 par le secteur électrique alors que l’Allemagne est très en retard sur ce point (en 2008 la France émettait 57gr de CO2/KWh, l’Allemagne 570).
Un pari qui concerne les Français
Si ce double pari ne concernait que les Allemands, nous pourrions nous contenter de souhaiter bonne chance à nos amis.
Mais ce pari concerne directement les voisins de l’Allemagne, notamment la France, sous au moins deux aspects. D’abord, le tournant va engendrer des flux considérables d’électricité intermittente que nous devrons accueillir, du fait de l’insuffisance du réseau allemand. D’où la nécessité de renforcer les interconnexions transfrontières, mais aussi les réseaux en amont/aval des interconnexions proprement dites.
Par ailleurs, la priorité donnée aux énergies renouvelables pour ce qui est de l’accès au réseau se traduit pour les centrales nucléaires - et aussi, mais à un moindre degré, pour les centrales Thermiques à Flamme (THF) - par un manque à gagner qui peut en compromettre l’équilibre financier. C’est le « missing money problem » qui, en Allemagne, explique les réticences des investisseurs à construire des centrales thermiques à flamme.
L’Allemagne n’avait pas à consulter ses voisins au titre des règles communautaires, chaque pays membre de l’Union européenne étant responsable de son mix énergétique. Par contre, les quatre gestionnaires de réseaux allemands ont des obligations vis-à-vis de leurs voisins et les Pays-Bas et la Pologne ont déjà protesté : leurs réseaux sont saturés par les transferts Nord-Sud qui n’arrivent pas à s’écouler par le seul réseau allemand.
Les difficultés que rencontre la mise en œuvre de la transition deviennent de plus en plus manifestes au fur et à mesure que croît la production des ENRs.
KfW, la banque des Länder, estimait son coût à 25 milliards/an pour chacune de ces prochaines années, soit le double de ce qui a été investi dans le secteur en 2008.
La Chancelière Angela Merkel a confirmé en mai dernier qu’elle suivrait désormais de très près la tournure que prendrait la transition et confirmé que la dernière centrale serait fermée à la date prévue. La grande presse allemande se fait régulièrement l’écho des difficultés de la transition.
« Sauvons le Climat » estime que le moment est venu, à la veille de l’ouverture en France du grand débat annoncé par le gouvernement sur l’environnement et l’énergie, de s’interroger sur les premiers enseignements à tirer de l’expérience allemande.
L’étude "Regards sur la politique énergétique allemande" est téléchargeable sur le site de Sauvons le Climat.
Ce communiqué fait suite à un autre communiqué « Allemagne 2011 – Energies Renouvelables » qui a lui aussi traité de la politique énergétique allemande, mais sous un angle différent, celui des modalités du soutien aux énergies renouvelables, aujourd’hui de plus en plus contestées.
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Depuis "Sortir du Nucléaire" crie haro sur les députés «radioactifs» édité en JUIN 3 fils de discussion:
Energies Renouvelables Allemagne 2011 : quels surcoûts pour l'Allemagne et la France ?
Regards sur la transition énergétique allemande : un double pari
La politique allemande de promotion des cellules solaires : un désastre en devenir
C'est Haro sur les énergies renouvelables !
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Rédigé par : c10a | 10 septembre 2012 à 11h02
Il est evident que la creation de cet important flux des energies renouvelables intermettentes va creer de probleme de son ecoulement par differentt reseaux de distribution et son mixage avec ceux qui fonctionnent d'une maniere stable.Il faudra que cette inevitable transition se fasse d'une maniere aussi optimale et trannsprente que possible.
Rédigé par : M. Asghar | 10 septembre 2012 à 11h23
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Bien d'accord M. Asghar
Le problème existe; il est ardu et sera donc intéressant à traiter ; SLC aura certainement des idées là dessus.
Ce que je reproche ce n'est pas tant qu'il y ait eu 3 fils de discussion sur ce sujet mais que les seuls fils de discussion en trois mois aient été faits contre les Energies rebouvelables.
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Rédigé par : c10a | 11 septembre 2012 à 07h44
Je suis étonné de ne plus rentendre parler du fameux contrat de livraison d'électricité photovoltaïque grecque en Allemagne ...? Faut-il le taire pour faire croire que la suppression du nucléaire allemand est une bonne chose ? Angéla nous cacherait-elle quelque chose pour essayer de nous faire mordre à son hameçon ?
Rédigé par : Max84300France | 11 septembre 2012 à 17h41
@Max84300France : En pratique entre la Grèce et Munich (la partie sud de l'Allemagne), il y a 1300 km. Ca n'est pas techniquement impossible en ligne HVDC, la Chine l'a fait pour un des ses barrages, mais c'est en soi un sacré paquet de milliards d'investissement (le prix réel est confidentiel).
Le très gros problème surtout est que contrairement à la Chine où l'état fait ce qu'il veut, il faudrait convaincre tous les pays au milieu, et ca reviendrait certainement encore nettement plus cher en expropriation que le coût de la ligne. En plus il faudrait des années et des années.
Enfin même si le soleile brille plus en hiver en Grèce qu'en Allemagne, ça poserait quand même un sérieux problème de double emploi avec la capacité PV déjà installée en Allemagne qui n'est pas si facile à absorber.
Rédigé par : jmdesp | 18 septembre 2012 à 12h58