« Sauvons Le Climat » propose sur son site une étude sur la contradiction qui va croissante entre deux de ces logiques : la logique de la concurrence et celle qui vise à la promotion des énergies renouvelables, notamment de sources intermittentes.
C’est en 1996 que, on s’en souvient, l’Union Européenne adoptait le principe de la libéralisation, par étapes, des marchés de l’énergie. C’était l’époque où Steve Littlechild, qui commençait son deuxième mandat à la tête de l’OFFER - le bureau britannique de régulation des marchés de l’électricité – nous expliquait que son successeur n’aurait qu’à fermer la boutique, l’énergie devenant alors soumise au seul droit commun de la concurrence.
En février 2011, comme le processus de libéralisation ne progressait pas suffisamment vite à leur gré, les Etats membres se donnèrent l’année 2014 comme objectif pour parfaire le marché intérieur de l’électricité.
En 2009, l’Union approuvait une directive qui jetait les bases légales de la promotion des énergies renouvelables, notamment en leur accordant la priorité pour l’accès au réseau et laissant aux états membres la possibilité de les subventionner – notamment sous forme de prix garantis. Cette dérogation au principe de la concurrence se justifiait du fait qu’il s’agissait de soutenir des industries naissantes, ce que, aux dires mêmes de leurs promoteurs, elles ne sont plus.
Pour sa part, l’Allemagne avait fait, dès 2000, du développement des renouvelables la composante essentielle de sa politique de sortie du nucléaire. Aujourd’hui ce pays dispose d’un parc installé de plus de 65 GW de sources intermittentes (éolien et solaire). En 2020, on estime que, du fait de la production éolienne et solaire, le productible allemand sera supérieur à la demande intérieure pendant 30% du temps. De ce fait, les marchés de gros (qui représentent 40% de l’électricité commercialisée en Allemagne) s’effondrent et cessent de jouer leur rôle qui est d’envoyer aux investisseurs le « signal prix » censé indiquer les marges du système et, partant, les besoins en investissements, notamment ceux qui sont nécessaires pour pallier les conséquences de l’intermittence. Les marchés européens étant couplés, ce dérèglement du marché, qui a pour origine l‘explosion des ENRs en Allemagne est désormais le lot de l’ensemble des marchés de la « plaque de cuivre » européenne.
Face à cette contradiction entre court terme (effondrement des prix) et long terme (absence d’incitation au financement d’investissements), les pays membres développent, chacun de son côté, des marchés de capacité.
C’est à mettre un peu d’ordre dans le système que se tiendra en mars prochain un Conseil Européen de l’énergie (aides d’Etat, harmonisation des politiques de soutien aux renouvelables, paiement de capacité etc.).
L’objet de l’étude annoncée plus haut est de présenter brièvement les termes du débat.
Ces énergies renouvelables mais intermittentes sont inévitables et le problème à résoudre est de les intégrer d'une manière rationnelle, économique et intégrée sur plan Européen, dans la matrice des énergies de sources stables. Quoique cette équation semble compliquée, mais il n'y a pas et il n'y aurait d'autre sortie.
Rédigé par : M. Asghar | 04 décembre 2013 à 12h44
Stephen Littlechild est devenu professeur de privatisation :
http://www.jbs.cam.ac.uk/faculty-research/fellows-associates-a-z/stephen-littlechild/
alors que le gouvernement anglais s'inquiète de possibles problèmes d'approvisionnement :
http://www.telegraph.co.uk/finance/newsbysector/energy/10402931/Government-and-National-Grid-plan-emergency-measures-to-prevent-blackouts.html
"Government and National Grid plan emergency measures to prevent blackouts
The Government and the National Grid are developing emergency measures to prevent blackouts across Britain, as the country’s energy supply faces its biggest strain in years."
Vous écrivez :
"L’électricité est un domaine trop vital socialement et économiquement pour que les états en perdent le contrôle, au bénéfice de politiques décidées unilatéralement par tel ou tel des membres de l’Union européenne."
et je suis tout à fait d'accord.
Mais, vu de l'extérieur, la France n'a pas l'air d'être dans un état d'esprit lui permettant de défendre ses intérêts, ou même de les connaitre.
Le débat médiatico-politique semble être désespérément aiguillé vers la sortie du nucléaire, la sacro-sainte concurrence et, en arrière-fond, la volonté de faire rendre gorge aux ingénieurs de l'Etat ou d'EdF...
Rédigé par : ted | 04 décembre 2013 à 13h48
Le problème est surtout que le mécanisme de fixation des prix par des règles administratives (qu'on appelle de manière erronée "marché électrique") ne marche plus dès qu'on enlève les centrale gaz. Le merit order part du principe que les producteurs ne sont payés que sur le prix des combustibles, normal c'est un mécanisme fait pour garantir les profits des centrales fossiles, pas pour permettre une production économique et écologique.
Imaginez une journée d'été : le nucléaire fait la base, le solaire fait le reste de la consommation. Le prix de l'électricité passerait à 20 €... alors qu'il faudrait plus de 100 € pour permettre de rentabiliser un EPR.
Rédigé par : Redux | 06 décembre 2013 à 10h50
effectivement, logique tordue
quand est ce q on va comprendre?
blog intéressant, merci, je parcours
Rédigé par : Certipack | 17 décembre 2013 à 23h55
Ce qui reste difficilement compréhensible, c'est cette espèce d'aveuglement des décideurs, en général, et des politiques, en particulier, qui semblent ignorer' toutes ces évidences, et persistent dans leurs erreurs, avec, il faut bien le dire, le soutien de la plupart des grands médias!...(tendance oblige!...)
Quand va-t-on, enfin, se réveiller, et arrêter de mettre en exergue le "contre-exemple" allemand, en matière énergétique? Quand va-t-on, enfin, appeler un chat un chat?
Rédigé par : Daniel Schricke | 27 janvier 2014 à 15h08