Henri Prévot (Sauvons Le Climat)
le 5 janvier 2012
Personne ne conteste que pour produire un gigawattheure d’électricité (GWh, soit un million de kWh) il faut plus d’emplois à partir d’éoliennes qu’à partir d’énergie nucléaire ; c’est d’autant plus vrai qu’il faut ajouter aux éoliennes ou bien des moyens de stockage énormes et très coûteux ou bien des centrales à gaz ou au charbon pour répondre aux besoins d’électricité lorsqu’il n’y a pas de vent. Donc les éoliennes créent de l’emploi.
Lorsque les consommateurs achètent 1 GWh d’électricité nucléaire, dans leur facture le coût de production pèse pour 40 000 euros environ. Quand l’électricité sera produite par des éoliennes en mer, la production coûtera trois ou quatre fois plus, soit 100 000 € de plus. Il se trouve que, dans l’industrie, la valeur ajoutée moyenne par personne employée est de 100 000 euros. Sans entrer dans les détails, on peut donc penser que cette différence de 100 000 euros permet de rémunérer pendant un an un emploi de plus que lorsque l’électricité est nucléaire. La différence de coût avec le nucléaire est moindre si l’électricité est produite par des éoliennes à terre (qui ne pourront pas beaucoup se développer car elles ne sont pas acceptées) mais beaucoup plus importante pour le photovoltaïque. Retenons donc ce chiffre d’un emploi en plus pendant un an par GWh d’électricité renouvelable, comparé au nucléaire. Cela fait 1000 emplois par térawattheure de production annuelle (1000 GWh) et 400 000 emplois pour remplacer toute la production nucléaire par des éoliennes. Bravo les écologistes, vous avez créé 400 000 emplois dans la production d’électricité !
Mais l’argent dépensé en plus pour produire de l’électricité éolienne au lieu d’électricité nucléaire n’a pas créé un gigawatt de plus. C’est donc une création d’emplois pour rien – sauf la diminution d’un risque ; j’y reviendrai. Si les consommateurs avaient acheté de l’électricité nucléaire, ils auraient utilisé ces 100 000 euros à autre chose. A quoi ? Peut-être à l’achat d’un appareil électronique produit en Chine. Peut-être aussi à financer des enseignants en particulier pour aider les enfants à la traîne ; ou encore des aides soignantes, ou encore des assistantes maternelles, ou encore des policiers, des gardiens de prison, des chercheurs. Combien ? Le ministre de l’Education nationale nous a dit que la suppression de 16 000 postes d’enseignants diminue les dépenses salariales de son ministère de 380 millions d’euros par an. Les 100 000 euros dépensés en plus permettraient donc de maintenir à leur poste 4 enseignants pendant un an. Le même calcul donnera des résultats du même ordre pour les éducateurs ou des policiers ou encore 2 ou 3 chercheurs. Le « contenu en emplois » de 100 000 euros est beaucoup plus élevé dans les services que dans l’industrie, surtout lorsqu’il s’agit de maintenir des emplois.
Une étude du ministère de l’économie arrive à montrer que les décisions du Grenelle de l’environnement ont un effet positif sur le PIB, c'est-à-dire sur l’activité en France. Mais il faut lire l’étude pour mieux comprendre. Tout d’abord, elle dit que l’effet sur l’activité sera positif les premières années puis négatif – donc à peu près nul au total. Et elle compare un scénario d’importation du pétrole avec un autre où les importations sont réduites. Le surcoût des décisions du Grenelle est partiellement financé par une diminution des importations. Or, ici, il s’agit du remplacement du nucléaire par des éoliennes ou du photovoltaïque, ce qui ne diminue aucunement les importations.
Nous consommons aujourd’hui 400 TWh (400 000 GWh) nucléaires par an. En remplacer la moitié par des éoliennes et du photovoltaïque créerait donc 200 000 emplois nets dans le secteur de l’énergie sans production supplémentaire d’électricité et détruirait des emplois (ou, ce qui revient au même, empêcherait d’en créer) au nombre de 400 000 à 500 000 dans d’autres secteurs fort utiles à notre société.
Et je ne compte pas les emplois qui seront perdus lorsque la hausse du prix de l’électricité aura rendu notre industrie moins compétitive.
Les Ateliers nationaux devaient procurer une activité à ceux qui en étaient privés. Il fallait les occuper quel qu’en soit le moyen, même sans aucune valeur ajoutée, quitte à demander aux uns de faire des trous pour les faire reboucher par les autres. En France, aujourd’hui, les idées d’activité utile ne manquent certes pas ; c’est le moyen de les financer qui fait défaut. Les écologistes se trompent donc complètement en essayant d’imiter cette expérience.
Ils veulent nous épargner le risque du très grave accident nucléaire. Sans minimiser ce risque, on peut tout de même noter qu’après l’accident de Fukushima, jusqu’ici la radioactivité n’a pas causé un décès – si ! Le suicide d’un vieil homme que l’on empêchait de revenir chez lui au motif qu’il avait une chance sur cent de contracter un cancer dans les vingt ans à venir, ou quelque chose comme cela. En cas d’accident nucléaire même très grave le risque de mort est très faible, peut-être nul, car l’accident nucléaire laisse le temps d’évacuer les zones à risque, mais il y a le risque de perdre plus ou moins durablement des centaines ou même quelques milliers de kilomètres carrés de territoire. C’est à la fois très grave et extrêmement peu probable. Ce qui est sûr, par contre, c’est que, quelle que soit la production d’électricité éolienne ou photovoltaïque et quels que soient les efforts d’isolation thermique, toute centrale nucléaire en moins c’est, en France ou ailleurs, du gaz ou du charbon en plus avec tous les dommages et les morts que cela causera assurément.
En tout cas, que l’on cesse de dire que l’électricité renouvelable, remplaçant du nucléaire créera des emplois car c’est faux ! Sauf à avoir des œillères, l’évidence s’impose : l’électricité renouvelable, comparée à l’électricité nucléaire, détruirait des emplois par centaines de milliers.
Je suis pourtant pour la conservation de la filière nucléaire et le développement de la 4eme génération, mais la j'avoue que je ne suis pas convaincu par vos calculs...
Et puis, empêcher de créer, ne revient pas au même que détruire, car ce ne sont pas les mêmes. je vois mal un chaudronnier passer par un emploi de services par exemple.
L'argument sur la compétitivité due au prix de notre électricité nucléaire est bien meilleur, çà j'en suis sûr !
Bon et puis la diablesse aux lunettes rouges joue fréquemment plutôt contre son camp dans ses déclarations...
La promesse de FHollande ne tiendra pas la route quand son ministre de l'économie lui donnera la réalité des chiffres. Et puis comment ils vont décider quelles centrales fermer ? Je vois mal comment fermer une tranche rénovées a neuf a grands frais (fessenheim).
L'isolation thermique massive est une bonne chose pour tout le monde !J'ai l'impression d'un doute dans vos propos, j'ai du mal a comprendre là !
Rédigé par : AtomicBoy44 | 16 janvier 2012 à 11h15
Le point de vue est intéressant.
Il faudrait toutefois aussi souligner que les emplois nucléaires sont créés majoritairement en France, à la différence des sources carbonées qui les créent au Quatar ou en Australie, ou des ENR qui les créent chez les fabricants (chinois pour le photovoltaique, filiales chinoises des occidentaux pour l'éolien).
Rédigé par : Pierre | 16 janvier 2012 à 11h30
Sauvons le climat, je comprends que vous soyez pro-nucléaires et il y a des bons arguments pour. Mais si vous etes vraiment pour le climat, arrêtez de taper sur les énergies renouvelables. Je ne comprends pas l'intérêt. Les énergies renouvelables sont la MEILLEURE option a long terme. On vient de s'y mettre et donc il y a un temps d'adaptation des conditions de technologie et de marché pour qu'elles deviennent vraiment compétitives.
Aller chercher des arguments plus que discutables sur le nombre d'emplois pour discréditer les énergies renouvelables, c vraiment des arguments de bas étage..
Rédigé par : dupaks | 16 janvier 2012 à 14h29
@dupaks : Bah, c'est à dire que c'est surtout une réponse aux défenseurs du renouvelable qui affirment qu'il faut fermer les centrales nucléaires pour utiliser du renouvelable à la place, car cela créera plus d'emplois.
Mais c'est vrai que le discours gagnerait à être focalisé sur le fait que la source d'énergie la plus polluante et surtout de loin la plus meurtrière, c'est le charbon, que les installations soit disant de charbon propre ne modifient le problème qu'à la marge, donc que la priorité absolue devrait être d'arrêter le charbon qui produit 40% de l'énergie électrique dans le monde. Donc que les écologiste qui demande l'arrêt du nucléaire, couplé avec un maintien du charbon, se trompent de cible.
Et aujourd'hui en France, depuis qu'on a en pratique arrêté la construction de centrales nucléaires, on recommence à construire des centrales fossiles. Malheureusement le chantier de l'EPR est venu trop tard, et progresse trop lentement, pour empêcher que l'on construise de nouvelles centrales thermiques à coté.
Rédigé par : jmdesp | 16 janvier 2012 à 16h13
Il y un aspect de l'éolien que je ne vois pas évoqué qui est celui de l'occupation de l'espace, rendu inhabitable dans la proximité immédiate des engins: combien de Km2 "gelés" par les centaines d'éoliennes qui remplaceraient (trés partiellement) les centrales nucléaires arrêtées ?
jm.
Rédigé par : jean-marie BOUDIER | 16 janvier 2012 à 20h06
Je ne suis pas moi non plus très convaincus par les calculs. La tribune de R. Prudhomme dans le Monde posait des calculs à partir d'hypothèses plus compréhensibles.
Par contre, augmenter le prix d'une chose dont la qualité n'augmente pas, ça porte un nom: l'inflation. Si les salaires (et donc la production) n'augmente pas aussi vite, ça se traduit pas une baisse du niveau de vie.
@dupaks
Plusieurs choses: on ne vient pas de se mettre aux soi disant nouveaux renouvelables (je suppose que vous ne parlez pas de l'hydraulique). L'éolien, c'est la technologie des moulins à vent d'antan, avec bien sûr qqes améliorations.
Pourquoi taper sur les énergies renouvelables?
D'abord, parce quec'est une opportunité perdue: avec les sommes dépensées sur le solaire PV, on pourrait réduire bien plus les émissions de CO2 (par exemple en cherchant à éradiquer les chaudières à veilleuse qui restent quitte à offrir une nouvelle chaudière gratos!)
Ensuite, la logique économique rend les renouvelables intermittents et le nucléaire incompatibles. Ce sont 2 industries où les coûts fixes sont l'essentiel des coûts de production. Donc quand on doit arrêter une centrale nucléaire pour faire de la place aux énergies renouvelables, on ne gagne rien sur les émissions de CO2, mais en plus on gaspille de l'argent. La conséquence c'est qu'au bout du compte on se retrouve avec des systèmes gaz+éolien ou charbon+éolien par exemple.
Pour finir, si on veut vraiment faire des renouvelables intermittents des substituts crédibles aux autres sources, il faut développer le stockage ... et là aucune techno prête à être déployée n'existe.
Rédigé par : Proteos | 16 janvier 2012 à 20h20
Je ne suis pas moi non plus très convaincus par les calculs.
C'est du Cécile DUFLOT ou Eva JOLY à rebours
@Proteos (Pourquoi taper sur les énergies renouvelables?)
Je ne vais pas partir dans de grands calculs distrayant peut être mais en fin de compte stériles.
- Car je ne crois pas (et encore une fois c'est là du Cécile DUFLOT ou Eva JOLY à rebours) que le nucléaire a empéché le renouvelable ou que le renouvelable empêche le nucléaire.
- Car la FRANCE n'a pas à consommer plus mais à produire plus . Et si le photovoltaïque est produit en FRANCE tout à fait d'accord pour l'aider. A ce propos vérifier aussi SVP la source des composants du nucléaire. EDF et/ou ses contractants même majeurs (cf ALSTOM) ont de plus en plus tendance à privilégier l'importation!
Rédigé par : c10a | 17 janvier 2012 à 09h58
@c10a,
pour l'électricité, il ne s'agit pas juste de produire ... il faut aussi qu'il y ait une demande en face. Par exemple, le solaire PV produit beaucoup au moment où la consommation est minimale (en été). Du fait des moments où la production se situe, les renouvelables remplacent surtout du nucléaire. Pour remplacer des énergies fossiles dans la production d'électricité, il faudrait qu'elles produisent durant les hivers froids. Et comme je disais, ce sont des industries de coûts fixes: on paie 2x la même chose si elles se remplacent l'une l'autre.
Mais effectivement, les renouvelables ne sont pas incompatibles avec le nucléaire. Les chauffe-eau solaire sont un excellent moyen de réduire l'usage des chaudières. Mais actuellement, les technologies de renouvelables pour produire de l'électricité sont très mal adaptées à la réduction des émissions de CO2 dans le cas français. L'argent qui les subventionne serait mieux utilisé ailleurs.
Rédigé par : Proteos | 17 janvier 2012 à 19h50
Entendu ce jour 26 JANVIER 2012 sur Journal de FRANCE INTER de 7h possible rapprochement EDF CHINE sur l'EPR. A suivre et savoir si ce n'est pas pour simplement acheter des composants essentiels en CHINE. Celà rejoindrait ce qui est dit plus haut et rapprocherait tristement production des composants nucléaires de la productions des composants photovoltaïques!
Rédigé par : Jacques- | 26 janvier 2012 à 08h19
L'energie nucleaire n'est pas a negliger etant une energie propre et donc non poluante pour l'environnement. Mais il faut essayer de faire le maximum pour favoriser l'energie solaire qui est gratuite hormis bien entendu dans un premier temps l'installation d'eolienne ou de panneaux solaires.
Rédigé par : trading d'options binaires | 07 juillet 2012 à 14h28