Ministère de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie numérique
Commission Énergie 2050
« Sauvons le Climat » a participé aux travaux de la commission et exprimé le point de vue suivant sur le mix énergétique 2030/2050
3 février 2012
Notre association considère (comme le gouvernement anglais notamment), que le changement climatique constitue un risque majeur alors même que la population mondiale continue à croître et que la pauvreté énergétique sévit encore dans de nombreux pays.
Or on semble oublier, compte tenu de l’aspect accumulatif de la présence du CO2 dans l’atmosphère, que tout effort de décarbonisation sera plus efficace s’il est accompli à court terme plutôt qu’à long terme. Pour cette raison il est essentiel de se fixer des objectifs ambitieux à l’horizon 2030 et de les asseoir sur des technologies raisonnablement assurées tant au plan technique qu’au plan économique. Le déploiement de technologies émergentes doit reposer sur de vraies démonstrations et non sur des développements à marche forcée, sans préoccupations économiques et sociales. Un objectif 2050 pertinent pourra être plus judicieusement élaboré dans 10 à 15 ans.
La situation française, avec une économie déjà partiellement décarbonée grâce à son électricité, mériterait d’être mieux défendue en Europe, (en concertation avec le Royaume-Uni ?), face à une stratégie allemande qui s’impose au niveau de la Communauté européenne. Notre scénario devrait se construire à partir de quelques principes simples qui ont été démontrés dans l’étude NEGATEP :
- Priorité à des énergies non carbonées dans tous les secteurs.
- Priorité absolue, qu’il s’agisse d’efficacité énergétique ou de fourniture d’énergie décarbonée, aux deux secteurs logement/tertiaire et transports, qui représentent les deux tiers des rejets de CO2
- Préservation et développement par la recherche, de l’atout que représente le secteur nucléaire dans la production d’électricité (en termes économique, industriel et d’emplois), en mettant pleinement en œuvre les conclusions des études complémentaires de sûreté établies suite à l’accident de Fukushima.
- Efficacité énergétique : « Sauvons le climat » estime important de ne pas oublier que les objectifs d’efficacité énergétique dans le bâtiment et les transports seront très consommateurs d’investissements privés et publics et ne pourront se réaliser que sur le long terme. En ce sens la course à la performance énergétique dans le neuf, est une erreur. Des objectifs plus limités dans le neuf et un effort prioritaire sur une rénovation de l’existant, à un niveau raisonnable, seront globalement plus efficaces et plus soutenables du point de vue économique. La RT 2012 devrait être sensiblement révisée et des contraintes émissions de CO2 devraient être introduites à la place de la contrainte en énergie primaire, pour éviter le recours massif au gaz pour le chauffage, qu’elle favorise implicitement.
- Nucléaire : « Sauvons le climat » estime que l’a priori retenu d’une réduction de la part du nucléaire n’est pas pertinent car il ne manquera pas d’avoir de nombreuses conséquences néfastes : augmentation des rejets de gaz à effet de serre, dérive forte des tarifs de l’électricité qui appauvrira les familles et affaiblira l’industrie (tout en réduisant sa capacité à financer l’amélioration de son efficacité énergétique), la fragilisera au niveau mondial et dégradera la balance commerciale du pays par l’achat de combustibles fossiles et de matériels importés.
- Pointes de consommation : C’est une réalité à laquelle il faut remédier et qui doit être traitée en urgence sur la base de possibilités techniques éprouvées : gestion des arrêts de tranche nucléaires, maintien d’un nombre adapté de tranches nucléaires fonctionnant en suivi de charge, STEP, développement du transport électrique, utilisation du stockage thermique que représentent des bâtiments « tout électrique » bien isolés par des délestages. Le développement des compteurs intelligents associé à une tarification adaptée devrait ainsi être prioritairement affecté à des immeubles ou maisons avec chauffage électrique.
- Critères d’évaluation : Il est urgent que les scénarios énergétiques aussi bien que l’ensemble des actions identifiées lors du Grenelle de l’environnement soient réellement évalués selon les critères simples que sont le coût par tonne de CO2 évitée, la limitation de l’augmentation des prix et la création ou le maintien d’emplois nationaux.
Un concept a été développé en ce sens dans le scénario NEGATEP qui recommande au contraire un développement de la production d’électricité dans tous les secteurs en faisant un appel équilibré au nucléaire (75% comme aujourd’hui), aux renouvelables (18% pour limiter les difficultés liées à leur intermittence) et aux fossiles (7% pour les pointes quotidiennes et compenser lesdites intermittences).
Ce concept refuse le rejet ou la limitation a priori du nucléaire, recommande les usages chaleur des renouvelables dans tous les secteurs, préserve l’essentiel des surfaces agricoles avec un développement raisonnable d’agro carburants de deuxième ou troisième génération, et prend en compte un effort accessible d’efficacité énergétique.
Il préserve par dessus tout le climat et nos intérêts nationaux, qu’il s’agisse de compétitivité, d’emplois et d’équilibre de la balance commerciale. Il s’efforce de traiter globalement la question du mix énergétique à moyen et long terme avec des choix technologiques crédibles et sans se focaliser sur l’électricité et la part du nucléaire dans la production de celle-ci.
Bonjour,
dans votre recherche de solution énergétique,
suivez les travaux de la société grecque Defkalion Green Technology.
si vous ne le faites pas, dans 2 mois, pensez a moi.
bon courage pour la suite, ca va être dur.
Rédigé par : Alain | 03 février 2012 à 12h11
Quand vous parlez du nucléaire, il serait souhaitable d'insister sur le nucléaire dit "du futur", qui aurait besoin d'un effort de R&D (Génération 4 des réacteurs sous-critiques pilotés par accélérateurs = ADS). Je ne vois que cette filière qui permette une augmentation à terme de la part du nucléaire dans le monde, compte tenu de ses avantages potentiels : pas d'explosion possible, pas de dissémination, pas de problème de ressource d'uranium ou thorium, très peu de déchets car incinération in situ.
A ce sujet, je vous renvoie sur l'annonce du premier couplage d'un tel système
http://www.in2p3.fr/presse/communiques/2012/02_guinevere.htm
Rédigé par : Denis Linglin | 03 février 2012 à 13h04