L’Ethiopie a connu une forte croissance économique depuis 2004, atteignant des taux de progression annuelle du PIB à deux chiffres. L’Ethiopie reste un pays pauvre avec un PIP (PPA[1])/habitant de l’ordre de 1000 $/an. La consommation d’électricité est, elle aussi très faible, de l’ordre de 5 TWh/an soit, 100 fois moins que la France alors que la population de l’Ethiopie atteint 90 millions d’habitants.
Pratiquement toute la production d’électricité est le fait d’ouvrages hydroélectriques.
Un des symboles du démarrage de l’économie éthiopienne est la mise en service d’un parc éolien de 120 MW (84 turbines de 1,4 MW[2]), devant produire 400 GWh/an. Le facteur de charge atteindrait donc 38%, à comparer aux 22% du parc français[3]. Ce parc est le plus important au Sud du Sahara.
Et cette installation a été réalisée par l’entreprise Vergnet[4] qui a pu s’appuyer sur la puissance industrielle d’Alstom. Le financement étant réalisé grâce à l’Agence Française de Développement et un pool de banques françaises.
Le coût de l’opération est de 230 millions d’euros, soit 1910 € par kW installé. Sur 10 ans et avec un taux d’intérêt de 3%, le coût du MWh devrait être inférieur à 76 €, très compétitif dans ce pays par rapport à des centrales brûlant charbon, gaz ou pétrole, l’hydraulique étant parfaitement adaptée à une production de secours quand le vent fait défaut.
En France, la politique d’obligation d’achat a fait la part belle à la spéculation sans retombée positive pour des entreprises très compétentes mais de faible surface financière comme Vergnet. De fait, la fourniture d’électricité éolienne en France continentale n’a jamais correspondu à un vrai besoin. Elle a répondu à des choix idéologiques, mais non économiques.
Au contraire, le choix de l’Ethiopie de construire un parc éolien correspondait à un vrai besoin et à une complémentarité intelligente entre éolien et hydraulique. Il a fallu que les industriels français comme Vergnet aient le courage de rechercher un marché porteur non artificiel pour se faire une place parmi les géants du secteur.
Sauvons Le Climat se réjouit de ce succès pour l’industrie française.
[1] Parité de Pouvoir d’Achat
[2] 30 turbines Vergnet de 1 MW et 54 turbines Alstom de 1,7 MW
[3] Le parc se trouve sur un haut plateau à 2500 m d’altitude, ce qui assure un régime de vents forts (une spécialité de Vergnet) sauf pendant la saison des pluies, favorable à la production hydroélectrique.
[4] Entreprise pionnière mondiale en matière d’éoliennes rabattables : idéales pour les zones exposées aux cyclones, celles-ci s’adaptent aisément à ce qu’on appelle le marché du « Far Wind », c’est-à-dire de l’éolien en zones d’accès difficile et posant des problèmes de colisage).
Au lieu de hurler constamment contre les énergies renouvelables: éoliennes et photovoltaïques, on doit créer une base dynamique pour ces énergies dans le pays pour avoir un mixage optimal de toutes les formes d'énergie ici et avoir et lancer ces Vergnets et d'autres entreprises pour concurrencer ailleurs dans le monde.
Rédigé par : M. Asghar | 20 janvier 2014 à 16h19
C'est bien gentil, mais l'Ethiopie va se développer. La part de l'hydraulique baissera, et avec elle la possibilité de se substituer à l'éolien quand il n'y a pas de vent.
A terme l'Ethiopie sera comme les autres, l'éolien y sera un gaspillage et une incommodité.
Rédigé par : Gunther | 21 janvier 2014 à 00h05
Gunther, je ne comprends pas.
L'Ethiopie a un parc d'éoliennes et un hydraulique qui se complètent convenablement. Si les besoins en électricité de l'Ethiopie croissent, l'éolien et l'hydraulique existants continueront à se compléter pour la part de l'électricité correspondant à la production actuelle. L'erreur serait d'augmenter l'éolien au-delà de ce que le backup hydraulique peut assurer. Rien ne dit que l'Ethiopie fera une telle erreur.
Rédigé par : JP | 21 janvier 2014 à 10h45
Merci pour cet article qui montre que SLC n’est pas sommairement « antiéolien ».
Dans un pays où l’électricité est encore rare, et où les coupures de courant ne posent pas de problèmes, l’éolien peut, s’il y a du vent, constituer un procédé viable. Les chinois développent l’éolien pour des régions où la situation est analogue.
Il faut toutefois relativiser :
La puissance installée en éolien représente le dixième de la puissance d’un réacteur nucléaire.
L’éolien représente 8 % de la production bien que le facteur de charge, 38 %, soit excellent.
La consommation totale de 5 TWh par an, est à comparer à la seule production hydraulique en France de 60 / 70 TWh par an.
Le développement du pays posera dans l’avenir des exigences qu’il ne sera pas possible de régler pas multipliant l’éolien.
On ne peut pas tirer de cet exemple un argument en faveur du développement de l’éolien. En France, il correspond, comme il est dit, « à des choix idéologiques, mais non économiques ».
Rédigé par : Giovannetti Germain | 21 janvier 2014 à 17h52
Il n'est pas question de tirer un argument de l'exemple éthiopien pour l'appliquer en France ou en Europe. Le point essentiel est que l'industrie française de fabrication d'éoliennes (et de cellules PV) n'a tiré aucun bénéfice du développement de l'éolien et du PV en France, mais qu'elle peut avoir des succès à l'export. Le besoin d'un marché intérieur français préalable au développement à l'export est devenu un mythe. Et cela s'applique à de nombreuses industries françaises qui ne pourront ou peuvent se développer qu'à l'export (exemple de l'industrie du luxe, et, aussi, de l'automobile).
Dans une perspectives plus globale l'éolien et le PV sont utiles lorsqu'ils se substituent à des productions "fossiles". Dans ce cas, ils diminuent les rejets de CO2 et les importations. C'est le cas de l'Allemagne qui produit son électricité essentiellement par des centrales charbon (importé des USA en ce moment) et Lignite. Mais cela a une limite qui est largement atteinte en Allemagne: l'Allemagne doit déverser, à perte, son surplus de production ENR sur ses voisins.
Dans le cas de la production hydroélectrique par barrage ces ENR permettent d'économiser la ressource. Par contre, si elles se substituent au nucléaire elles n'ont que des inconvénients car les économies de combustible nucléaire ne correspondent qu'à une très faible part du prix (5%), alors qu'il n'y a pas de gain sur le CO2 ni sur la balance commerciale, ni sur la puissance (nombre de réacteurs) disponible nécessaire, ni sur la sûreté des réacteurs (au contraire car ils sont plus sollicités par la fréquence des variations de puissance). Dans le cas de la France et pour une faible puissance du parc éolien il est vrai que la production éolienne pouvait venir en déduction de celle fournie par les centrales à charbon. Ce n'est plus le cas avec les niveaux atteints actuellement, et ce sera de moins en moins vrai. A moins qu'on veuille aussi copier l'Allemagne en remplaçant les centrales nucléaires par des centrales à charbon. C'est le vrai choix (reconnu par Cohn Bendit): nucléaire ou charbon (ou gaz de schiste) et émissions de CO2, il faut choisir.
Rédigé par : Nifenecker | 22 janvier 2014 à 11h12
Tellement un mythe qu'à l'origine de ce projet éthiopien il y a l'agence de développement allemande (GIZ) qui a ensuite réalisé l'assistance technique. L’Éthiopie n'ayant été convaincu que parce qu'il était possible aux allemands de montrer leur réussite dans leur pays.
Rédigé par : Redux | 25 janvier 2014 à 21h27
Je corrige aussi une erreur, le facteur de charge tient moins des ressources en vent que du diamètre de l'éolienne. Dans ce type d'application on va mettre des éoliennes avec des générateurs plus petit par rapport à un même diamètre de pales/hauteur de mat. Si vous mettiez ce type d'éolienne en France vous auriez aussi des facteurs de charge du même ordre et supérieur. On ne le fait pas parce qu'aujourd'hui le facteur de charge ça n'apporte rien à part de la communication mais ça pourrait avoir un intérêt si l'éolien continuait encore à faire fermer d'autres centrales fossiles en Europe...
Rédigé par : Redux | 25 janvier 2014 à 21h42
@Redux
Non, le facteur de charge dépend de la distribution des vitesses de vent. L'énergie des éoliennes du parc éthiopien est supérieure à 1 MW, ce qui correspond aux valeurs utilisées généralement en Europe il y a une dizaine d'années. La course aux grandes puissances s'explique pour plusieurs raisons: 1) les vents sont plus réguliers et forts à 100 m de haut (amélioration de la rugosité) qu'au niveau du sol.2)un seule nacelle de 3 MW coûte moins cher que 3 de 1 MW. 3) les frais de maintenance et de raccordement sont plus faibles.
Vous semblez confondre puissance et facteur de charge. A vent égal, la puissance est proportionnelle au carré du diamètre des éoliennes. Le facteur de charge est égal au rapport entre la puissance moyenne effectivement fournie par l'éolienne et sa puissance nominale. A distribution de vent égale il ne dépend pas du diamètre des pales.
@Redux Avez vous une référence sur le rôle de l'agence de développement allemande et savez vous pourquoi l'Ethiopie n'a pas choisi un fournisseur allemand?
Rédigé par : Nifenecker | 26 janvier 2014 à 11h41
C'est plutôt vous qui avez l'air de confondre la puissance du vent et la puissance électrique. Le facteur de charge ne dépend pas que de la distribution des vitesses de vent, il dépend également de la surface balayée... et de la courbe de puissance de l'éolienne. Pour prendre un exemple extrême une éolienne avec un mat de 100 mètre de haut et des pales de 30 mètres mais une génératrice de quelques kW aurait un facteur de charge proche de 100%. L'ensemble hauteur du mat/taille des pales/puissance de la génératrice et le résultat d'un choix technico économique.
L'Ethiopie a choisi un fournisseur allemand puisque c'est Lahmeyer qui fait la réception...
http://www.lahmeyer.de/en/projects/details/browse/0/project/1269/mode/1/show/showAll/
Pour le choix, c'est comme tout ils ont répondu à l'appel d'offre avec la meilleure offre, maintenant ce n'est qu'un projet parmi les autres en Ethiopie...
http://cleantechnica.com/2011/11/26/ethiopia-launches-six-wind-one-geothermal-power-project/
Rédigé par : Redux | 27 janvier 2014 à 00h53
Sur le facteur de charge revoyez vos cours. Je ne vous assènerai pas d'extrait des miens mais voici la définition de Wikipedia. Demandez leur de rectifier.
Le facteur de charge ou facteur d'utilisation d'une centrale électrique est le rapport entre l'énergie électrique effectivement produite sur une période donnée et l'énergie qu'elle aurait produit si elle avait fonctionné à sa puissance nominale durant la même période.
Citation de Wikipedia.
Merci de vos liens. Lahmeyer est un bureau d'études qui a été chargé par l'opérateur éthiopien de contrôler la fourniture de Vergnet et Alstom. C'est tout à fait légitime de contrôler la fourniture mais cela ne change rien au fait que le fournisseur était Vergnet associé à Alstom
Evidemment que l'Ethiopie a d'autres projets, et qu'elle fait appel à la concurrence internationale pour les réaliser. Ce n'est qu'une raison de plus de se réjouir de voir des français choisis pour un de leurs projets.
J'arrête là car je vous soupçonne de mauvaise foi.
Rédigé par : Nifenecker | 27 janvier 2014 à 09h21